Quand la magie frappe à la porte. [fin de soirée]

[pas d'idée de titre -_-']

Et s’il s’était trompé? Et s’il avait fait fausse route et avait commit une erreur?
...
Non, impossible, il savait détecter ces choses-là, c’était immanquable. Depuis le temps qu’il baignait dans ce monde, il pouvait bien se faire confiance, au moins un peu plus…

Florent l’herboriste, le magicien, doutait beaucoup depuis quelques jours. Et c’est toujours avec l’inquiétude veillant sur la moindre de ses pensées qu’il tenta de distraire ses songes en cette soirée de mai, occupé à nourrir sa fleur la plus gourmande, la carnivore, la dévoreuse d’insectes, celle qui reposait en un coin de son salon, grande, écarlate. Au menu ce soir? Des mouches et des moustiques que Florent avait attrapé la journée même, dans la vallée. Et la journée précédente, il avait écrit une missive, une courte lettre invitant une certaine jeune femme à bien vouloir le joindre pour prendre le thé le lendemain, donc ce soir même.
Ce n’était qu’un prétexte.

Ce rendez-vous était précisément la source de l’agitation soudaine de l’esprit de Florent. Cependant, oui il était agité, mais en rien son expression faciale ne le démontrait. Impassible, neutre comme toujours, Florent se servait de ses yeux myosotis comme l’eau se sert de la glace pour se cacher.
Le solitaire magicien n’avait pas l’habitude d’inviter les gens chez lui, outre la clientèle. Et puis si cette fille était véritablement ce qu’il croyait qu’elle était, alors il devrait s’engager à la prendre sous son aile, comme tous ils faisaient ou avaient jadis fait. Aujourd’hui plus que jamais, les magiciens étaient prisés et tenaient des rôles importants dans les conflits. Au tour de Florent de faire sa part.

Il soupira longuement et cessa d’alimenter la plante carnivore, elle semblait rassasiée. Il posa le bocal d’insectes sur son bureau et se laissa tomber dans un canapé rouge, face à une petite fenêtre qui donnait sur l’avant de la maison de pierre de Florent, son terrier. Il desserra le nœud bourgogne qu’il portait au col de sa chemise blanche et se mit à pianoter nerveusement sur ses cuisses. Ses yeux bleus rivés à la nuit qui se faisait de plus en plus noire, il attendait, immobile, fixe comme une statue si ce n’est de son torse qui lentement, régulièrement, se soulevait au rythme de sa respiration.

Ses regards, sa demande… Florent n’avait rien répondu. Il devait réfléchir. Quels souvenirs avait-il seulement de cette jeune femme mystérieuse? Leurs regards s’étaient souvent croisés, mais jamais Florent ne s’y était attardé, sentant qu’elle saurait voir par delà sa froideur un être qu’il s’efforçait de masquer. La fuite avait été sa solution pour échapper au yeux perçants de celle qui, comme il en était désormais quasiment certain, portait la magie en elle.
Il avait réfléchit et s’était résolut à cesser de l’éviter, de faire comme si elle était comme toutes les autres, une jeune femme intriguée, une noble en quête de nouvelles rencontres… Il lui donnerait sa réponse aujourd’hui, si seulement elle osait se présenter chez lui. Assis seul dans la pénombre, dans le silence...

[réservé]

Avait t-elle bien fait de venir ? Le gamin qui lui avait porté le billet la veille n'avait rien pu rien dire... La lettre quand à elle n'avait pas été signée. Malgré plusieurs lectures répétées de la missive, la demoiselle n'avait pu comprendre ni l'objet de la rencontre, ni son futur interlocuteur (bien qu'elle espérât fortement que ce fut l'énigmatique magicien). Impulsive, elle s'était cependant décidé à y aller tout de même sans se poser de questions.

Pourtant, à présent qu'elle était dans la Vallée et que sa silhouette se rapprochait pas à pas de Florent, son esprit ne cessait de s'agiter. Qui pouvait-il être ? Pourquoi ? Quelle impression donnerait-elle à être venue bien que la surprise planât ? Ne la trouverait-on pas trop téméraire à s'être ainsi jetée dans la gueule du loup ? Et s'il s'agissait d'un écorcheur de femmes ? D'un violeur ? Que pourrait-elle faire contre lui ? En plus, ses souliers étaient tout tâchés par la terre de cette jungle... Feuillages et champs se succédaient pour son plus grand désarroi. Quand arriverait-elle enfin ?

Une indication pour le trouver avait été jointe aux simples mots l'invitant à venir. "Dans la vallée des Méandres..." La jeune fille ne connaissait pas trop l'endroit et était contrainte à marcher au hasard. C'était une expédition à l'aveuglette, mais la Lady se sentait telle une aventurière de roman. Le souffle cependant commençait à lui manquer peu à peu; le voyage se faisant long et périlleux pour une citadine comme elle. En tout cas, cet anonymat, ce goût de la devinette lui faisait penser aux manières du magicien.

Alors ses pensées revinrent à l'étrange sorcier. Et si c'était lui, son mystère ? Tout serait résolu. S'il l'invitait ce serait pour faire d'elle son apprentie. S'il s'agissait de lui, le voile serait levé sur toutes les questions qui l'assaillaient. Et dans le cas où il se serait s'agit d'une autre personne, là, tout restait ténébreux... Prête à user de magie pour se défendre, la demoiselle tenait dans sa poche, entre ses doigts fermement serrés, des pierres envoûtées de sa propre création ainsi que quelques fioles contenant des breuvages de toutes constitutions.

Mais... Comment savoir ?

Plissant les yeux, la citadine crût apercevoir une maisonnette, se détachant peu à peu du paysage, éclairée seulement par les étoiles qui brillaient sur la grande toile sombre, au loin. La colline sur laquelle elle montait pencha brusquement, l'obligeant alors à accélérer ses pas car elle devait descendre la pente en oblique. Elle fut presque tentée de terminer tout sur le derrière, mais sa jolie robe pourpre en aurait été tâchée. Que dirait son hôte s'il voyait tout son dos noir de terre et d'herbe ? Enfin, elle arrivait. La demoiselle courut les derniers mètres qui lui restait jusqu'à la jolie maison.

Un panneau, au dehors, lui indiqua qu'elle arrivait à "Magik Wurzel, l'herboristerie magique". Ainsi, elle était fixée. Heureuse et impatiente à la fois, la jeune fille se retrouvât gamine, le cœur battant à tout rompre. Quel trac ! Elle allait avoir rendez-vous avec celui qu'elle voulait voir depuis si longtemps !! Peut être que ce soir, elle serait apprentie-magicienne ! De plus, ce savoir passer la soirée avec un homme aussi extraordinaire encourageât à s'accélérer le lourd tambourinnement, dans sa poitrine. Ses boucles brunes, détachées en une sombre cascade, semblaient flotter dans l'air. Son corps mince était vêtue d'une courte robe pourpre, couleur s'alliant parfaitement avec celle de ses souliers. Nombreux bijoux ornaient le tout.

Ses petites chaussures claquèrent l'une contre l'autre lorsqu'elle s'arrêta.

- Ma folie, mon pauvre corps... murmura t-elle, un sourire nerveux s'inscrivant sur ses lèvres charnues.

Qu'allait-il se passer en cette douce nuit ?

L'ardeur brilla en une flamme vive dans ses prunelles noires. Devant la porte, l'enfant qu'elle était redevenue toqua...

[Pardon pour le délai. Comme dit dans les absences, je ne suis actuellement pas chez moi. Et en plus de me faire désirer, ce n'est pas fameux...]

Et le silence fut interrompu dans son paisible sommeil par trois coups frappés contre la porte d’entrée. Les paupières de l’homme qui reposait dans l’ombre de la lune, entouré de ses vertes protégées, se soulevèrent, découvrant des yeux dont le bleu myosotis semblait briller en cette nuit noire.
S’était-il endormi? Florent se sentait lourd et las. Il inspira une bonne bouffée de l’air frais qui s’était infiltré par une fenêtre, se leva et ferma cette même fenêtre, il avait froid. Sa mince chemise ne le protégeait point beaucoup contre la fraîcheur des nuits.

Il prit la direction de la porte, ce qui nécessita que quelques pas, posa sa main sur la poignée, et ouvrit. C’est sur une jeune femme fort élégante que Florent posa le regard, l’air cependant, toujours aussi sérieux et privé de quelconques émotions, du moins de leur démonstration. Il l’observa un bref instant, puis ses yeux allèrent ensuite un bref moment vers la vallée qui s’étendait derrière, jusqu’à la ville. Halle-Neuve ne dormait point encore totalement, quelques lumières ici et là demeuraient allumées.
Soudainement, Florent s’écarta de la porte, faisant un pas vers le côté et ouvrant plus grand et de son bras libre invita la demoiselle à entrer tout en parlant de sa voix grave, un peu rauque vu son réveil récent, et morne.

"Entrez."

Il referma la porte derrière la jeune femme, rangea ses mains dans ses poches et se tint un peu à l’écart, à l’avant, face à son invitée, la détaillant brièvement. Elle avait l’air jeune, un peu agitée peut-être, enthousiaste…? Lui ne l’était pas, pas tellement non.
Il sortit l’une de ses mains d’une poche et pointa un tapis près de l’entrée où des chaussures de femmes étaient posées, ainsi que celles de Florent, il en portait une autre paire bien propre dans les pieds présentement, noires, classiques.

"Vos chaussures, je vous serais reconnaissant de les déposer sur ce tapis."

Le magicien tourna les talons et, sans plus attendre, prit la direction de la cuisine, empruntant une porte, qu’il laissa ouverte une fois qu’il l’eut poussée, signe qui pour lui suffisait à faire entendre à la demoiselle qu’elle devrait le suivre, il n’insisterait pas davantage.
La cuisine était plutôt petite, il y avait un comptoir de bois beige qui rejoignait une large et haute armoire du même matériau et une petite table ronde recouverte d’une nappe composée de nombreux carreaux de couleurs variées et au centre de la table, sur le tissu était joliment brodée en noir la lettre W. Contrairement au salon, la cuisinette était bien éclairée. Il y avait une grande lampe à l’huile sur la table et trois chandelles disposées sur le comptoir. Sur son s passage, Florent tira une chaise.

"Prenez place je vous prie…"

Sans jeter un regard derrière lui, il alla vers l’armoire et en sorti une bouteille verte, translucide, qui était pleine d’un liquide pâle. Il prit également deux petits verres, qu’il déposa sur la table, l’un pour la jeune femme, l’autre pour lui. Il déboucha la bouteille, posa le liège sur la table et versa un liquide rosé dans le verre de son invitée, puis dans le sien. Il posa la bouteille et remit le bouchon dessus. Florent prit place et leva les yeux vers ceux de la demoiselle.

"Liqueur de rose. Fait à base de pétales de diverses variétés, de miel, de sève et d’eau."fit-il sur un ton explicatif.

Il porta le liquide à ses lèvres et en bu une gorgée, ce qui sembla le satisfaire grandement, puis reposa aussitôt son verre devant lui, gardant son bras sur la table, l’autre sur sa jambe. Florent soupira longuement en baissant les yeux vers son breuvage, sans relever la tête, il reprit la parole.

"Je suppose que vous vous doutez de la raison de mon invitation… Il reporta son bleu et froid regard sur les yeux sombres de la jeune femme. J’ai crut comprendre que la magie vous intéresse… Je peux savoir pourquoi, exactement?" Sur ce, il ne cilla pas, les yeux rivés à son interlocutrice, attendant une réponse.

La demoiselle n'attendit pas longtemps...

Juste assez pour pouvoir s'épousseter un peu, sortir un miroir de poche, vérifier son reflet et le ranger. Brusquement, la vieille porte de bois grinça, découvrant peu à peu le profil de son hôte. Comme prévu ce fut Florent qui l'accueillit. Elle resta un instant silencieuse, observant par en dessous le garçon qui contemplait rêveusement le paysage. Qu'il était grand ! Qu'il était austère ! De ce charisme, Victoria ne pût qu'en tirer que ce jeune homme était un magicien merveilleux.

Alors qu'un soupir admiratif allait passer entre ses lèvres, son hôte s'écarta brusquement. S'était-il souvenu de sa présence ? Froidement, il l'invita à entrer, et Vicky se sentit fâchée de ne recevoir pas un seul mot de bienvenue. Commençant à s'échauffer, elle garda cependant le silence et après s'être déchaussée, suivit le garçon dans la cuisine.

Malgré les manières taciturnes de Florent, Victoria n'avait pas perdu son enthousiasme débordant. Impétueuse, elle rêvait qu'il prononce enfin les mots tant désirés : "Oui, vous serez mon apprentie". Wahou !! Mais ce n'était pas encore dit. Le jeune homme conservait sa morosité et c'est à peine s'il semblait s'intéresser à elle. Fronçant ses sourcils, Vicky se demanda s'il ne la prenait pas pour autre chose qu'une magicienne. Peut être une jeune idiote ? Ou une bourgeoise cherchant un peu de divertissement ? La brunette se promit de lui faire comprendre ce qu'elle valait.

Tandis qu'elle songeait à tout cela, son regard se posait avidement sur chaque chose, découvrant avec exaltation l'univers de Florent. Comme ailleurs, le nez levé vers les objets qui composait la pièce, Vicky s'assit sur la chaise que lui avait proposé le maître de maison.

- Merci, murmura t-elle vaguement.

Alors, elle le contempla. Il lui versait dans un verre un liquide étrange. Mais ce n'était pas vraiment l'action qui importait à Victoria mais celui qui la créait. Son visage fin, sa peau pâle et ses yeux d'un bleu si étrange... Toute son attention était vouée au liquide qu'il versait peu à peu dans le verre. Soudain, ses iris bleu se soulevèrent et la fixèrent. Enfin, un regard... Comme celui qui l'avait charmée, lors que leur première rencontre. Un frisson parcourut Victoria qui se mordit les lèvres pour parvenir à garder le silence encore un instant. Bouleversée, elle écouta seulement d'une oreille les commentaires sur la boisson que lui offrait Florent.

- Ah très bien ! répondit t-elle aux explications, souriant pour cacher son désarroi et son manque d'attention.

Relevant les prunelles, Victoria regarda encore cet étrange magicien boire son breuvage. Cet autre regard lui fit vite oublier tout le reste. La liqueur, son propre verre, la table, la cuisine. Florent était le centre de toutes ses pensées. Lorsqu'il prit la parole, le flot de syllabes se déversa dans la tête de la magicienne novice et vogua en une bouillie épaisse et incompréhensible. Seul les mots "magie" et "pourquoi" restèrent intelligibles.

- Pourquoi ?!

Pour toute autre personne, Victoria ne se serait pas gênée d'esquiver une réponse. Mais elle sentait que l'apprentissage de Florent valait sa franchise. Son arrogance mise de côté, la jolie brune chercha les raisons véritables à son engouement pour la magie.

- Je ne sais pas. C'est dans mes veines, c'est ainsi. La magie est pour moi comme manger ou dormir, ça m'est indispensable. C'est ma vie...

Les yeux baissés, Victoria ne trouvait rien d'autre pour justifier son intérêt. C'était ainsi et puis c'est tout. Pourquoi l'importunait-il avec des questions aussi creuses ? Pourquoi ne lui demandait-il pas si elle voulait devenir son apprentie ? Pourquoi ?! Après avoir assailli le sorcier d'une oeillade farouche et traître, la demoiselle se leva et arpenta la pièce, agressant chaque objet d'un coup d'œil violent et brusque.

Mais quelle espèce de phénomène avait-il laissé entrer chez lui?
Mais attention, il fallait garder son calme, cela ne servait à rien de s’échauffer aussitôt, et puis ca puait le caractère, ce petit bout femme. Florent préférait demeurer sur ses gardes et puis, rien ne sert de courir, il faut partir à point… Qu’il aime cette citation… Hélas, la jeune femme aux boucles généreuses ne semblait point partager son avis et paraissait même pressée, elle s’était sans doute fait une idée précise en venant ici… Et bien, elle devrait apprendre à maîtriser ses ardeurs, à patienter, car avec Florent, il fallait être patient. Lui pouvait demeurer des heures assis, immobile, une vraie statue vivante, enfin, à peine, si ce n’était de ce cœur qui, quoique fort lentement, continuait, toujours et encore, de battre. Immobile donc, lui arrivait-il souvent de resté pendant fort longtemps, question d’observer, tout simplement, une fleur éclore, ou autres phénomènes, habituellement résultats du pouvoir de la nature, mais pas toujours…

La réponse qu’elle se résolut à lui donner quant à la raison pour laquelle elle s’intéressait à la magie lui arracha un déplaisant rictus au coin de la bouche, qu’il masqua en partie en portant une fois encore le verre de liqueur de rose à ses lèvres, avalant une gorgée. Pourquoi cet ombre de sourire sur ses lèvres? La réponse, bien entendu, c’était d’une naïveté… Comment ne pas s’en moquer, pas même un peu…? Les gens étaient naïfs, tellement naïfs en regard de la magie. On la croyait vivante, naturelle presque, magique quoi! Mais ce n’est pourtant pas sans raison que l’on se devait de l’étudier si ardemment.
Les heures qu’il avait passé à étudier… Il s’était de nombreuses fois endormi dans ses livres, pour ensuite prestement continuer sa lecture le lendemain dès son réveil. Et aujourd’hui, ses études portaient fruit, malgré sa modestie et son dégoût des démonstrations en public, dormait en Florent l’herboriste un redoutable praticien de son art…

Songeur il était demeuré de nombreuses secondes, voire quelques minutes, à contempler le liquide dans son verre, le faisant lentement tournoyer en le tenant dans une main. Florent ne s’aperçut point aussitôt que son invitée s’était levée et envahissait le moindre coin de la pièce, déshabillant chaque chose du regard. Lorsqu’il releva les yeux et la vit ainsi marcher autour de lui, se permettant d’observer les choses comme dans un musée, il fronça les sourcils. Mais vraiment elle n’était pas gênée! Se lever comme ça et se balader comme bon lui semble! Il se racla la gorge, question de détourner l’attention de la jeune femme, puis prit la parole, se redressant et fixant son regard devant lui, ses deux mains crispée autour du petit verre. Son ton était ferme et légèrement teinté du sentiment de frustration que le jeune magicien ressentait en ayant le sentiment d’avoir une intruse chez lui qui perturbait son univers normalement calme et stable.

"La magie n’est pas vitale, la magie n’a rien à voir avec les besoins de manger et dormir que tout être vivant ressent. Rien n’est véritablement inné, elle meurt si on l’oublie ou si on l’ignore. Elle n’est pas nature, elle est son contraire et lutte constamment contre elle."

Il baissa les yeux vers son verre, décrispa son étreinte sur celui-ci et reprit, plus calme.

"N’oubliez jamais, mademoiselle Luyah, que même sans la magie, la vie serait toujours. Quelle soit vôtre, mienne, ou autre. La vie demeure, même sans elle, elle n’a rien d’indispensable pour personne. On l’utilise, mais facilement elle peut se retourner contre nous et à son tour nous réduire à l’état d’outils. La magie coule dans vos veines, mais c’est à vous de la faire vivre, et non le contraire."

Sur ces mots, il termina d’une traite son verre et se leva abruptement, d’un coup, se dirigea vers le comptoir et y déposa par la suite le gobelet vide. Il appuya ses deux mains sur le bord et, tête baissée, sembla réfléchir, il soupira lourdement. Le jeune homme releva la tête et posa les yeux sur la dite magicienne en herbe, sérieux et, fatigué. Florent semblait étrangement affaibli, las, mais il s’efforça de paraître normal, relevant quelque peu le menton, se retournant et s’adossant contre le comptoir, il croisa ses bras sur son torse.

"Je dois être assuré de vos intentions avant de m’engager à quoi que ce soit avec vous."

Il fixa son regard sur un elle un court instant, semblant la scruter, la percer, et reprit aussitôt, fermement.

"Sachez que je rejette toutes pratiques obscures, que je suis exigeant, que mes spécialités résident en la compréhension, communication et manipulation de la nature ainsi qu’en les soins divers, que la patience est une vertu que j’affectionne tout particulièrement, ainsi que le respect, pas seulement entre êtres humains, mais également entre êtres vivants."

Et surtout entre êtres vivants, aurais-je ajouté.

"Si vraiment vous souhaiter apprendre à découvrir la magie, il vous faudra faire preuve de rigueur, de persévérance et de passion. Car sans la passion, cela ne vaut pas même la peine d’y songer. J’aurai également besoin de votre pleine confiance, sans quoi nous n’aboutirons jamais à rien."

Une nouvelle pause, sans la quitter des yeux, puis il conclut ainsi…

"Telles sont mes conditions pour faire de vous... mon apprentie."