Le pays d'Ingary
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 Chat noir à Kingsbury

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2 participants
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Gabriel de Guerry
Prince d'Ingary
Gabriel de Guerry


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Date d'inscription : 19/07/2007

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MessageSujet: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeSam 22 Sep - 5:47

Un chat noir. Mauvais présage? Mieux valait se convaincre que non, ce chat n’était là que pour chasser, comme lui, il chassait la vermine. Dans leurs manteaux noirs, les deux êtres, seuls dans la ruelle déserte, se fondaient au rideau de noirceur qu’était tombé sur Ingary depuis de nombreuses heures déjà. C’était le beau milieu de la nuit, la ville dormait, si ce n’est des nocturnes prédateurs, près à bondir sur leurs proies.
Gabriel de Guerry guettait sa proie depuis près d’une heure, posté contre le mur de la bibliothèque de Kingsbury. Sa position lui offrait une bonne vue d’ensemble sur l’objet de toute son attention, la demeure principale des de la Marquise. Les truands qu’il attendait étaient en retard. Pas étonnant, vu la disparition des autres impliqués dans ce plan. Mais comme le chef de l’opération l’avait lui-même mentionné, peu importe la tournure des événements, il fallait pénétrer en la somptueuse demeure de la future reine d’Ingary.

Cela n’arriverait pas. Ainsi avait songé, les 7 jours précédant cette soirée de mai, le prince venu pour protéger Élise et sa famille. Pourquoi ne pas dénoncer les malfaiteurs tout simplement? Pour Marie Dalisea Quelse et sa plume, sa fameuse plume, traductrice des pensées de tout un peuple. Cette plume devait voler encore, et ces malfaiteurs qu’il guettait connaissaient le secret d’Élise, et s’en serviraient si le besoin se présentait, il fallait les arrêter avant.
Et donc il attendait, cet homme fatigué, mais vaillant, prêt à se battre, encore. Il en avait atterré quatre déjà et en attendait deux de plus. Il les avait sévèrement assommé et les avait blessé, mais en n’était point sorti indemne. En effet, accoté contre son mur, là dans cette ruelle sombre, le prince appuyait d’une main sur son abdomen, entre sa hanche et le bas de son ventre. De là s’échappait du sang, résultat d’un coup de poignard alors qu’un de ses assaillants avait feint une chute, se reprenant aussitôt la garde baissée de Gabriel. L’homme avait manqué son coup. Le prince n’était point gravement touché, aucun organe ou vaisseau sanguin très important, mais tout de même, la plaie nécessiterait des points, qu’il devrait se faire seul. Éviter les questions, c’était l’une des nécessités pour la réussite de son plan.

Les voilà. Hésitants, craintifs, le duo, le dernier, avançait vers la demeure des de la Marquise à pas de souris rapides. Gabriel se mit en chasse. Silencieux comme la nuit, se fondant au noir décor, il les suivit et se rapprochant, félin.

"C’était qui qui a tabassé L'Oranger!?!
-Mais j’en sais rien! Tais-toi!
-On fait quoi?
-Faut qu’elle sache qu’on sait. On fera du chantage.
-Du chantage?
-Mais oui… Quoi, pourquoi tu t’arrêtes?


Celui qui s’était arrêté se mit aussitôt à courir en direction opposée au but de leur sortie, fuyant l’étranger aux cheveux d’ébène.

-Q-qui êtes-vous?"

L’homme tout de noir vêtu, le visage dans l’ombre et en parti masqué par sa longue chevelure, sortit son épée et attaqua le premier, l’autre répliqua de justesse, son arme sortie juste à temps. De son autre main il tentait, tout en contrant les coups de l’inconnu, d’atteindre quelque chose sans doute accroché à sa ceinture, dans son dos. Gabriel, tant qu’il le put, essaya d’éviter que l’autre ne mette la main sur ce qu’il devina être une arme à feu, alors ses chances s’annuleraient presque totalement. Hélas, malgré ses tentatives, le prince dut faire face à un pistolet. Sans réfléchir, aussitôt l’arme à la vue, Gabriel bondit sur l’homme et le débarrassa de l’arme d’un coup de poing. Ils tombèrent parterre. Coups de genoux, coups de poings, coups de pieds, au beau milieu de la route ils se martelèrent ainsi à coups étouffés et cris tout aussi retenus, désarmés tous les deux. C’est Gabriel, le visage crispé à la fois par la douleur, l’épuisement et l’emportement, qui prit le dessus sur l’autre, qui lui se retrouva étendu par terre et bombardé par les poings du prince. Il en perdit quasiment conscience.
À bout de souffle, comme s’il s’éveillait d’un état second, le prince s’arrêta et s’écroula aux côtés de l’autre qui lui gémissait, son visage tuméfié et sanglant. Sa respiration sifflante, le sang qui s’écoulait de plus bel de son abdomen, Gabriel demeura ainsi étendu sur le dos quelques instants, puis trouva la force de se lever. Il constata sa victime un moment avant de partir et reprendre son arme. Cet homme, il l’avait déjà vu auprès du roi, dans le palais même. Le bel escroc… Cette constatation arracha une grimace de dégoût au dauphin, qui se décida finalement à lui tourner le dos et reprendre le chemin du palais. Le visage de l’homme ne serait plus jamais le même, désormais, c’est le visage du traitre qui apparaitrait aux yeux de tous.

Le chat noir, dans la demeure de la famille royale, fut Gabriel. Ni vu ni connu, il se retrouva face à son lit vite fait et y tomba, littéralement, s’y endormant presque aussitôt, exténué. Des rêves? Il n’en eut point conscience, sombrant dans un sommeil opaque et sans images.

Quelle heure était-il lorsque les lourdes paupières du prince se soulevèrent? Il devait être dans les onze heures du matin et le soleil enluminait la chambre, lui donnant une teinte chaude, transformant le bleu du mobilier en rouge ou orange.
Rouge, comme les draps du lit, tachés de sang. Alerté par ce qu’une telle découverte pourrait causée, le nocturne aventurier se leva et jeta les draps en tas parterre et les poussa sous son lit. Puis, il se déshabilla, complètement, et mit ses vêtements dans la même cachette, à l’abri des regards vu le peu d’espace vide entre le plancher et la base du lit. Direction le bain. Sa nudité lui fit constater l’ampleur des dégâts des combats de la nuit. Par chance, avec des vêtements, l’on n’y verrait rien. Son torse tuméfié, ses bras écorchés, tout cela disparaîtrait grâce aux habits.

L’eau chaude fit naître une impression de bien-être et d’abandon quasi-total, si ce n’est de l’élancement qui prit Gabriel près de sa hanche, là où le poignard s’était enfoncé.
L’eau avait une teinte rougeâtre lorsqu’il mit les pieds hors de la baignoire. Après avoir prit une trousse de cuir et s’être enroulé une serviette autour de la taille, il prit soin de fermer la porte de la salle de bain raccordée à sa chambre et retrouva son lit, s’y asseyant. Une fois assis, Gabriel posa la trousse près de lui et abaissa la serviette, pour mettre la blessure au jour. Elle saignait très peu désormais, mais l’entaille demeurait profonde. Se recoudre assis ne serait pas idéal, une fois debout tout risquerait de déchirer. Gabriel se leva donc et alla chercher dans le tiroir d’un bureau un miroir au cadre d’argent, petit et usé, il semblait très vieux et il s’agissait en fait d’un souvenir d’un grands-parents.
En retournant vers le lit, il s’arrêta, soudainement aux aguets. La porte était entre-ouverte. Depuis quand? L’était-elle lorsqu’il était rentré la veille? Il ne savait plus et cela l’inquiéta. Il s’empressa de la refermer, puis retourna vers le lit. Armé de son miroir et d’une aiguille décorée d’un fil noir, Gabriel put commencer l’opération. Il se coucha sur le lit et abaissa de nouveau légèrement la serviette autour de sa taille pour découvrir la plaie davantage. D’une main, il entreprit de recoudre la blessure, son visage se contractait quelque peu par moments sous l’effet de la douleur, par intervalles, mais aigue. Concentré sur ses gestes, peu habitué à pratiquer ainsi, c’est à peine si Gabriel avait conscience de ce qui se passait autour de lui. Dans sa bulle, complètement, et à tel point qu’il en oublia même un certain déjeuner...

[Pour Élise]
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Elise de la Marquise
Future reine d'Ingary
Elise de la Marquise


Nombre de messages : 85
Date d'inscription : 28/07/2007

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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeDim 23 Sep - 2:55

[Dis moi si ca ne va pas, si elle est trop nunuche ou autre, j'arrengerais, je le trouve pas top mon post, je ferais mieux]


- Elise ne me demande pas ça!

- THibaulttttt, seul toi peux m'aider a y entrer!


-Mais je vais me faire tuer!

-Je te sauverais! Allez s'il te plait. S'il te plait, s'il te plaitttttt!

Devant ses yeux de biche, comment résister, se demanda le bien malheureux jardinier et ami d'Elise de la Marquise. Le pauvre, alors qu'avant c'était lui qui dirigeait Elise a sa guise, voila qu'a présent, elle faisait ce qu'elle voulait du jeune homme. En un soupire, Thibault effaça de sa mémoire l' innocente Elise, car rien qu'a voir le regard plein de candeur de la demoiselle en cet instant, il devinait que derrière tout se cachait sauf de la véritable naïveté. Elle obtenait toujours ce qu'elle désirait, elle soudoyait l'un de ses meilleurs amis avec des yeux grands ouverts qui le scrutait avec pitié. Il jeta la pelle qu'il tenait a la main et s'exclama:

-Ah, les femmes! Bon je t'aide mais a une condition...TU m'écoutes et fais tout ce que je te dis de faire sinon je t' enfonce ma fourche dans les fesses!

Elise commença a avancer droit devant et répondit:

- Très bien, très bien! Je serais sage comme une image, murmura -t-elle, malicieuse en percevant la mine de Thibault qui signifiait clairement que les dires d'Elise était impossible a réalise. Elise sage. Il avait tout entendu. Et...Pour la fourche, tu n' oserais tout de même pas?

- On parie?

Elise rigola silencieusement mais poursuivit son avancée. Thibault la conduisit près des cuisines du château. Le soleil s'était levé depuis quelques minutes et tout le château semblait éveillé. Des bruits de casseroles, des odeurs de mets délicieux, des cris d'enfants, le chant d'une cuisinière plutôt joyeuse, un rire gras, tout ce petit monde caché de la grande société vivait aussi dans ce magnifique château et voila quel était le but principale d'Elise. Elle venait ici pour faire un article! Thibault qui travaillait chez les de la Marquise, rendait souvent service a son frère qui travaillait dans le palais du roi et cette fois la jeune femme avait sauté sur l'occasion. Elle désirait parler de ceux qui étaient au quotidien au service du roi et le mieux pour cela était de vivre une journée auprès d'eux. Thibault abandonna Elise près de l'entrée des cuisines, la laissant seule. La jeune femme, peu patiente attendit longtemps, pour chaque seconde était une seconde de perdue et elle avait beaucoup de travaille et surtout avait très hâte de commencer son travail! Clap. Clap. Clap. Les talons de la jeune femme martelait le sol, ses bras croisés et son air renfrogné dévoilait son caractère des plus sombre. Mais pourquoi diantre la faisait-il tant attendre? Enfin, elle entendit des voix, un rire aigu, féminin et un robe noir en dentelle blanche, l' habituelle robe des domestiques. Elise resta bouche bée devant la compagne de Thibault. Les deux jeunes femmes se regardèrent mutuellement, détaillant le plus possible l'autre. On aurait dit deux lionnes prêtent a se battre. L'une dédaigneuse, l'autre avec impertinence. Thibault, mi-rieur, mi-boudeur, scrutait les deux rivales en attendant qu'elles cessent leur manège ridicule. Elise, toujours aussi impatiente, capitula, laissant la victoire a cette créature des plus insignifiantes, du moins, elle l'esperait!
Elle se tourna vers Thibault qui expliqua:

- Très bien, Elise voila Jane. Je lui ai expliqué la situation. Elle va te montrer ou tu pourras t' installer pour les regarder faire. Par contre il faudrait que tu portes leurs vêtements pour éviter que l'on ne se pose des questions, ou bien pire, qu'on te reconnaisse.

Elise accessit d'un mouvement de tete exagéré comme l'aurait fait une petite fille et suivit Jane sous le regard inquiet de son ami. Elle crut entendre dans son dos Thibault murmurer: "Demain je serais de la patée pour chien. Elise par pitié soit raisonnable, une seule fois dans ta vie." La jeune femme sourit puis se laissa conduire vers ce qui ressemblait a des vestiaires aménagés pour les domestiques. Ils paraissaient plutôt rustique et humble mais Elise devait s'en accommoder. Elle prit les vêtements que lui tendait Jane, un sourire ironique aux lèvres, et se retourna. Sa belle robe rouge tomba sur le sol, ce qui aurait tué sur le coup la couturière qui avait mis tant d'amour a créer cette merveille. Elise ne s'en soucia guère. Elle prit la robe blanche et noir et se vétit, non sans un grimace de dégoût. L' uniforme était plus jolie mais avait l'impression de n'avoir aucune personnalité avec cette robe. Que cette journée passe vite pour qu'elle puisse le retirer. La jeune femme, le changement d' apparence fait s' approcha de Jane qui sans un mot l' emmena cette fois dans les cuisines.


- Elise comment veux-tu que je t'appelle devant les gens?


- Maria Deli...

- Maria suffira!

Voila que cette mégère lui parlait sur un bien mauvais ton, Elise tenta de se rebeller mais a quoi bon, cette femme savait qu'elle pouvait a chaque instant dénoncé la futur reine et elle savait aussi qu'Elise le savait. Bref, pour une fois, la jeune femme ne contrôlait pas totalement la situation et elle crut bon de se faire petite, pour une fois. Elles entrèrent dans les cuisines. La pièce illuminée par le soleil rendait les lieux impressionnant. Elle était aussi grande que la salle a manger du château. Les ustensiles brillaient, et déjà, tels des fourmis, les cuisiniers, serveuses et autres domestiques bougeaient dans tous les sens, travaillant sans relâche. Jane sans un mot montra a Elise une modeste table et celle-ci s'y assis, non sans avoir jeté un regard noir a celle qui prenait dans de plaisir a rabaisser Elise.

*Tu verrais quand je serais reine!*

Et bien pour une jeune journaliste qui parlait en mal du roi, elle n'était pas très bonne avec une personne du peuple qu'elle désirait tant aider. Et toutes les excuses du monde n'auraient rien fait, mais Elise ne s'en formalisa pas après tout elle l'avait mérité! Elle posa son sac sur la table et allait l'ouvrir pour prendre une plume et du papier lorsqu'elle entendit:

- Et toi là-bas. Elle releva la tete, surprise. Oui toi, la p'tite dame qui est sur la table, viens immédiatement! Margueriteeeeeeeee!

Elise se boucha les oreilles quand le cuisinier interpella une autre personne et se dirigea de mauvaise grace vers l'inconnu. Il avait l'air d'un bon vivant, son ventre rebondit passant presque au dessus de sa ceinture, sa moustache noire et épaisse chatouillant sans cesse son nez et ses mains aux doigts poilus. Une femme arriva avant qu'Elise n' atteigne le drôle de bonhomme. Celle-ci, toute aussi forte que le cuisinier, avait des airs de mères protectrice et de ménagère sympathique. Elle posa ses gros doigts sur ses anches et fronça des sourcils. Elise s'arreta a quelques pas de duo:

- Comment tu t'appelles p'tite? demande le cuisinier

- Maria, mais...


- Tu vas aider Marguerite, elle aurait besoin de toi pour s'occuper des appartements de la famille royale.


- Mais...

- Pas de mais, tu n'es pas ici pour t'amuser, vas travailler!

Elise baissa la tete et gémit. Comment s'en sortir, elle n'était jamais entrée dans les appartements de sa futur belle famille et refusait de le faire aujourd'hui, mais apparemment elle n'avait guère le choix. La grosse dame lui mit du linge dans les mains et lui ordonna de la suivre. C'est ainsi qu'Elise se retrouva embarquer dans une histoire folle. Thibault lui ferait la tete, elle qui avait été si sage, était envoyée, contre son gré, dans l'endroit le plus risqué pour sa pauvre personne. Marguerite ouvrit la grande porte, interdite a tout les nobles, Elise la suivant. Elles passèrent devant plusieurs portes et a chaque fois la vieille dame demandait a Elise le linge ou des produits, la jeune femme les lui donnaient, puis elle disparaissait, seule, dans les chambres. Au bout d'un moment, Marguerite revint avec un plateau et le tendit a Elise, qui surprise le récupéra. Il était lourd et sentait affreusement bon. Des effluves de croissant dorés au four et d'autres confiseries plus douces les unes que les autres chatouillèrent le nez de la demoiselle. Qu'il était loin de repas de la veille! Elle gémit une seconde fois, mais pour une toute autre raison.

- Apporte ça dans la chambre qui se trouve au fond du couloir, c'est celle du prince. Fais toi petite, il doit a peine te voir et ne pas t'entendre. Tu es inférieur a lui, ne l'oublis pas et fait une révérence avant de partir. Je retourne aux cuisines.

Elise se retourna et avança. Lorsque les pas de Marguerite eurent disparu, elle s'arreta soupira et se demanda comment elle pourrait entrer dans la chambre du prince sans qu'il ne la remarque. Baisser la tete, ne pas prononcer un mot, facile, il devait etre tellement narcissique et imbu de sa personne que remarquer une simple domestique ne faisait pas parti de sa vie. Elle ne risquait rien. Afin d'éviter au maximum toute rencontre, elle ouvrit légèrement la porte et commença a scruter la pièce avec attention. Personne. Elle entra le plus silencieusement possible et regarda avec plus d'attention la chambre ou résidait celui qu'elle épouserait. Elle étai aussi belle que l' orgueil que Gabriel et aussi grande que l' ennuis qu'il inspirait a Elise. Alors que la jeune femme allait s' approcher du bureau, elle entendit un bruit venant de la pièce juxtaposée a celle ou elle se trouvait. En de temps trois mouvements elle aperçut la penderie. Toujours le plateau en main, elle se précipita dans le grand placard et referma presque entièrement la porte, laissant juste un fin rayon de soleil filtrait a travers. Elle aperçut Gabriel qui ressortait de sa salle de bain vétu d'une simple serviette de bain. Elle tourna la tete et attendit qu'il s' assoit. Elle regarda a nouveau a travers la fente, Gabriel était allongé sur son lit et étrangement grimaçait. La jeune femme se pencha un peu et aperçut du fil et une aiguille. Elle se pencha encore plus près de la porte et cette fois comprit qu'il s'était blessé. Surprise et épouvantée Elise fit un mouvement brusque et toucha une tasse de thé. Celle-ci bougea légèrement, vacilla puis tomba. La jeune femme découverte, ouvrit les portes et sortit, le plateau toujours a la main, l'air toujours aussi surpris. Elle jeta un coup d'oeil a Gabriel et a sa blessure qui paraissait profonde et fit un pas en avant, hésita, recula puis se précipita vers le bureau pour enfin poser son fardeau. Elle rougit a l'idée que le prince la questionne ou se moque d'elle, ou pire soit en colère de voir sa futur épouse vêtue de cette façon mais en même temps, elle-même sentait les questions venir: pourquoi avait-il une blessure? Comment se l'était-il faite? Pourquoi la recousait-il lui-même et ne demandait pas a un chirurgien? Elle s' avança, hésitant puis se rendant compte que Gabriel était en train de faire un massacre elle se réveilla totalement. Elle s' approcha du lit, s' assit et posa sa main sur celle de Gabriel, la ou il tenait l' aiguille puis récupéra l'objet en murmurant d'une voix tremblante:

- Laissez-moi faire...

Puis sans plus un mot, honteuse d'avoir été découverte, elle commença son besogne. Elle avait peur, jamais au grand jamais elle n'avait cousu. Enfin si, deux fois des vêtements, mais jamais une peau, jamais ainsi, et jamais sur le roi! La panique peu à peu la submergeait, comment s'y prendre pour éviter qu'il souffre, car bien qu'elle mourrait d' envie de lui faire mal au quotidien, cette fois elle venait d' oublier toutes ces idées de meurtres plus ou moins créatives, non la qu'une seule chose comptait, recoudre cette plaie sans qu'il n'y ait d' infection. Déjà en se lavant a l'eau chaude, le prince l'avait eu peu nettoyait, mais cela ne suffisait pas...Elise réfléchit quelques instants, puis laissa Gabriel sur le lit et alla dans la salle de bain. Elle chercha quelques minutes et trouva un linge et de l'alcool, apparemment une sorte de parfum. Elise revint près du prince et posa le liquide sur le chevet après avoir imbibé le linge. Elle reprit:

- Vous risquez de légèrement souffrir, mais il faut que je désinfecte votre plaie.

Elle se demandait toujours pourquoi le prince n'allait pas voir un spécialiste mais a voir la tete qu'il avait fait avant qu'elle n' intervienne, il devait avoir d' excellentes raisons vu la souffrance qui se lisait sur son visage. la jeune femme posa lentement le linge sur la blessure puis attendit, elle n' entendit aucun hurlement et soupira, rassurée mais n' osant toujours pas regarder le prince. Elle nettoya la plaie, rendant le linge légèrement rouge, puis reprit le fils et l'aiguille posés sur le torse du prince et commença a coudre. Il fallait dire que la peau était sensiblement différente du tissu ordinaire et Elise avait bien plus de mal bien que sa manière de recoudre Gabriel était bien moins laborieuse que celle du prince. Pendant qu'elle cousait, elle demanda d'un voix teinté de doute:

- Comment vous etes vous fait cette blessure? Elle n'est vraiment pas belle...


Elle espérait qu'il ne se mettrait pas en colère et puis s'il le faisait, elle lui planterait l'aiguille dans le ventre. Elise en ce moment avait de grande résolution entre torturer son futur mari et son peuple, elle était loin de devenir l'épouse et la reine idéale...
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Gabriel de Guerry
Prince d'Ingary
Gabriel de Guerry


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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeLun 24 Sep - 21:04

[vive les pauses du midi... j'ai pas pu résister. J'espère que ca ira. Il était très bien ton message en passant, pas trop nunuche, quoi que surprenant, mais ca on aime hein. Wink ]

C’est bien ce qu’il croyait, il y avait avec cette porte quelque chose d’anormal, et voilà qu’il en avait la confirmation. À demi nu, couché sur son lit à s’auto-martyriser, Gabriel ne cacha aucunement sa surprise à la vue d’Élise de la Marquise. Il s’arrêta d’abord en entendant la tasse se fracasser contre le plancher et son regard se porta aussitôt vers la porte entre-ouverte de la penderie. Cette odeur aussi… Bon sang si ca se trouvait, une servant était entrée et-
À ce moment, la servante en question apparue. Gabriel, les sourcils froncés, l’air déconcerté et étonné, la constata en silence, aiguille, fil et miroir en main. Le hasard avait mal fait les choses. En fait, il n’aurait put les faire pires, c’est ce que se disait le prince, se rendant compte, après l’instant de surprise, de l’accoutrement d’Élise. Il ne s’y attarda point trop longtemps par contre, voyant la jeune femme revenir vers lui après s’être éloigné. Lui était figé là, incapable de parler ou de formuler de claires pensées.

-Laissez-moi faire…

Il la laissa faire. L’aiguille glissa facilement de ses mains au contact des doigts de la future reine contre les siens. D’abord légèrement redressé, accoudé d’un côté, les yeux de Gabriel scrutèrent de façon insistante et même effrontée le visage d’Élise, sans gêne. Visiblement, elle n’avait pas l’habitude avec ce genre de soin, mais le prince s’en fichait bien. Ce qui captait son attention, c’était de la voir, elle, aussi peu confiante, attentionnée même. Pourquoi ne pas le laisser se débrouiller, pourquoi s’en faire pour son bien, à lui? Si ca se trouvait il aurait peut-être succombé à l’infection qui serait sans doute née de cette blessure et Élise aurait put épouser l’un de ses frères, ce qui, à ses yeux, ne pouvait être pire que de l’épouser lui, voire même mieux.
Enfin, il ne se plaignit point du comportement particulier d’Élise. Celle-ci se leva. Ah ben voilà, se dit Gabriel, elle retrouvait la raison, mais non! Au contraire, c’est avec un parfum qu’elle revint. Parfum qu’il n’avait d’ailleurs jamais utilisé, offert lors d’un quelconque anniversaire par un quelconque parfumeur. Il lui trouvait une odeur trop forte, trop crue, qui étouffait l’odeur des fleurs, des arbres, des gens, de tout, et qui plus est lui volait sa fragile invisibilité.
Élise de nouveau à ses côtés, linge mouillé en main, Gabriel se coucha de nouveau de tout son long sur le matelas, le regard tourné vers le plafond, les bras de chaque côté de son corps.

-Vous risquez de légèrement souffrir, mais il faut que je désinfecte votre plaie.

D’un faible hochement de tête il acquiesça, sans détacher ses yeux du plafond. Alors, comme annoncé, le linge imbibé de l’infecte liquide parfumé toucha sa peau, sa chair, et la nettoya douloureusement. De nouveau les traits du visage de Gabriel se crispèrent et ses doigts s’accrochèrent au drap sur lequel il était étendu. C’était comme une vive brûlure, le prince eut même cette désagréable impression qu’encore une fois, on le poignardait. Tourner le couteau dans la plaie; l’expression sembla prendre tout son sens, tout d’un coup. Simultanément, il prit une grande inspiration et retint sa respiration jusqu’à ce que le feu qui avait prit vie dans ses entrailles ne meurt doucement, comme souffler par le vent. Gabriel expira lentement et ses mains agrippées au drap desserrèrent leur poigne.
L’aiguille qu’Élise enfonça dans sa peau lui parut fort moins pénible après l’expérience du parfum. Il parut moins tendu, reposé, et ses esprits en devinrent que plus clairs. L’étonnement de l’apparition d’Élise avait passé, mais après ce passage venaient les questions, les constats également que sa présence évoqua, par exemple sa tenue de servante, mais aussi l’étrange situation dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. Élise devait cacher quelque chose de louche, tout comme lui. Gabriel sentait qu’une sorte d’entente arrangerait peut-être les choses.

-Comment vous êtes-vous fait cette blessure? Elle n’est vraiment pas belle…

Elle ne devait pas savoir. Pourquoi donc? Gabriel avait du mal à s’expliquer clairement pourquoi la réponse lui semblait si évidente, mais une chose était sûre, c’est que si Élise savait, l’existence de Marie Dalisea Quelse serait en péril. Pour l’instant, toutes les deux ne craignaient rien, pour l’instant… Car l’on veillait sur elles. Gabriel voulait éviter l’inquiétude et le malheur d’Élise, à tout prix, et son silence était de mise.
Mais il fallait répondre. Tuer le doute dans les yeux d’Élise et satisfaire sa curiosité : était-ce possible?

L’attitude désinvolte et confiante du prince lui vint incroyablement sans peine, tout comme ses mots, traduits par un ton insensible, qui signifiait clairement le peu d’intérêt qu’il accordait à la chose. Il regarda Élise, soupira, puis répondit. Du moins, il entreprit de le faire.

"Et bien… À la regarder ainsi, il remarqua de nouveau la robe qu’elle portait et alors, un malin sourire étira un côté de sa bouche. Disons que j’ai volé un peu trop bas, cette nuit. Expliqua Gabriel en portant ses mains derrière sa tête et en fixant son regard vers les cieux encore une fois. Oui, j’ai volé trop bas…alors je me suis pris un objet non identifié en plein ventre. Métaphore? Mensonge? Folie? Un peu de tout, sans doute. Gabriel laissait parler son imagination sans la penser préalablement. Et vous, Élise, vous vous préparez pour un bal masqué?" Demanda t-il en reportant son attention vers la jeune femme. Elle avait le choix. Élise se servirait-elle de cette perche que lui tendait le prince, ou s’obstinerait-elle à tenter d’en savoir davantage sur la nébuleuse mésaventure de Gabriel? Et lui alors, serait-il aussi docile et obéissant qu’à l’habitude?

Il redressa sa tête pour mieux voir la blessure. Elle n’était pas très longue, que quelques points suffiraient et déjà Élise avait atteint la fin de l’entaille. Il se redressa complètement et se retrouva en position assisse. À son tour, comme Élise l’avait fait, il posa sa main sur la sienne pour reprendre la mince opération en charge.

"Merci." Murmura t-il en retirant l’aiguille du fil, sans regarder la jeune femme, puis en faisant un nœud dans le fil et en le coupant d’un vif coup de doigts en retenant les deux côtés. Sans plus attendre, Gabriel se leva et, dos à Élise, il réajusta la serviette autour de sa taille, pour ensuite aller poser l’aiguille sur un bureau et revenir autour du lit. Il s’empara du plateau qu’avait posé Élise et l’amena près d’elle. Le couvert fut soulevé, puis posé à côté. Des croissants fumants, des brioches et des fruits étaient joliment disposés dans l’assiette. Gabriel choisit une pomme rouge vif et y croqua aussitôt. Goûteuse, croquante, juteuse, parfaite.

Il ne s’arrêta cependant point longtemps et, pomme en bouche, il se pencha et tira de sous le lit les draps et couvertures qu’il avait caché en se levant. Tout compte fait, les femmes de chambre risquaient peut-être de les trouver, là-dessous. En se relevant, il grimaça légèrement, certains mouvements, avec sa plaie, n’étaient peut-être pas tout à fait appropriés. Mais là encore, Gabriel ne fit point longtemps halte. D’une main il agrippa les couvertures et alla vers la penderie, tout en songeant que ces draps, les petites lingères dont avait traité l’un des articles de madame ici présente ne les verraient pas. Il les laissa tomber parterre derrière la porte désormais ouverte et les poussa de son pied bien profondément dans la petite pièce, jusqu’à les faire disparaître dans l’ombre. Plus tard, il les brûlerait, se dit Gabriel en refermant la porte d’un pied.

Il tenta d’ignorer Élise, encore. Maintenant qu’elle lui portait attention, certes cela était relatif, mais tout de même, bref, maintenant qu’elle se montrait intéressée à ce qu’il avait fait, Gabriel se sentait plus ou moins à l’aise, surtout dans les circonstances présentes. Tentait-il de la faire fuir en paraissant ainsi occupé? Peut-être bien. Il alla vers la salle de bain, le parfum en main, et le déposa sur un meuble près du bain, puis il revint vers la chambre. Il retourna vers la penderie, avec l’intention d’en sortir des vêtements, ce qui sans doute ferait sentir Élise « de trop ». Cependant, Gabriel s’arrêta à mi-chemin. Un mince filet de sang s’écoulait de sa blessure nouvellement refermée et glissait sur sa jambe. Il baissa la tête et constata que l’épaisse gouttelette vermeille descendait à présent le long de son mollet, et qu’une deuxième, puis une troisième et une quatrième la rejoignirent dans sa descente. Voilà qui devenait difficile à cacher.
Malgré cela, le prince, d’une démarche cette fois quelque peu plus lente et hésitante, instable, continua son chemin vers la penderie, comme le sang continuait de s’écouler lentement sur sa peau, espérant qu’Élise n’avait pas vu. Il n’atteignit point la porte de la penderie par contre, car l’élancement avait resurgit. Gabriel dut s’appuyer contre le mur le plus près pour éviter de tomber. Il tendit une main vers Élise, comme pour l’arrêter avant qu’elle ne tente quoi que ce soit.

"Ca va, ca va…" parvint-il à articuler non pas sans mal. Il respira profondément puis, boitant, il retourna le plus promptement possible vers le lit et s’y assit, éloigné d’Élise. D’une main il appuya sur sa serviette, juste où il y avait la plaie dessous, songeant qu’il devrait se faire un bandage, mais se gardant d’exprimer cette pensée à haute voix.
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Elise de la Marquise
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeLun 24 Sep - 22:56

[J'ai pas pu résister...C'est pas bien je sais! -_- Enfin bref si mes idées ne t'ont pas plus fais signe, je les ai pondues comme ça, sans trop réfléchir...]

Dans les yeux de Gabriel se lisait le doute, peut-être la crainte d'avouer a Elise ce qui avait provoqué cette blessure. Il ne lui faisait pas confiance? Et comment lui en vouloir. Elle n'avait pas été un model de sainteté avec lui, lui faisant plus d'une voix mordre la poussière, et cela, rien qu'avec les mots. De plus, pourquoi faire confiance a une femme? Il avait Tristan pour ami et lui serait un bien meilleure conseiller ou aide qu'Elise. Que pouvait-elle bien faire mis a par écouter? Elle n'avait aucun don pour rassurer et encore moins pour faire stopper ce qui avait engendré les maux de Gabriel. Elle avait envie pour une fois de professer son innocence, de montrer que derrière ses paroles ou ses gestes ne se cachaient aucun propos mauvais, mais elle-même a la place de Gabriel, elle ne se serait raconté les faits de la veille.
Pourtant ce qui étonna le plus chez le prince et qu'Elise n'avait pas remarqué depuis le début, fut sa manière d'être. Il était totalement différent de la dernière fois qu'elle l' avait vu. Sa façon de se poser contre le matelas était plus désinvolte, plus reposée, sans gêne, comme s'il conversait avec une connaissance lassante, une personne sans une quelconque importance, et non pas sa futur épouse, celle pour qui il avait proclamé un amour inconditionnel. Généralement, l'homme en face d'elle en était presque a bafouiller comme un adolescent, alors que la il réfléchissait, posé, calme, sans aucun émoi disproportionné.

"Et bien…Elise, surprise, s' aperçut que gabriel souriait en contemplant sa tenue et la jeune femme lui jeta un regard outrée. Qu'il regarde si cela lui chantait, parce que plus jamais il ne la reverrait dans cet accoutrement, qu'il en soit certain! Disons que j’ai volé un peu trop bas, cette nuit. Elise fronça les sourcils. Se trouvait-il drôle? Etait-ce de l'humour? Dans ce cas précis, Elise fut prête a l' égorger. Comment pouvait-il rire sur un sujet aussi important. Elle avait de plus en plus envie de le trouer avec son aiguille...Oui, j’ai volé trop bas…alors je me suis pris un objet non identifié en plein ventre. Et vous, Élise, vous vous préparez pour un bal masqué?"

La diction du prince avait changé, aussi, plus douce, sans parler de son humour. Gabriel, humoristique, Elise avait pensé avoir tout vu et tout entendu, a présent, le jeune homme la faisait douté! Si on lui avait dit quelques jours de cela, que Gabriel serait devenu si différent, la jeune femme aurait ri au nez de celui qui aurait proclamé une telle énormité. Elise soupira, et en souriant d'un air ironique et en arrêtant pendant une seconde de "coudre" s'exclama:

"Et bien je venais vous demander si vous aimiez mon déguisement, en effet. Ne fait-il pas trop jeune fille du peuple? Est-il a votre gout royale?"

Voila qui lui allait bien de dire cela! Elle qui presque tous les soirs revêtait des vêtements peu approprier pour la cour du roi. Elise se retint d' éclater de rire en s' imaginant traverser les rues de Kingsbury, fière, dans sa tenue de domestique. Voila qui serait bien humiliant pour le roi, ses parents, et sans doute le prince, seulement, elle aurait bien voulu le faire, tant qu'elle ne devait pas après etre jugée pour ses actes...Elise sans courage? Tout cela ne lui ressemblait guère, elle devrait réellement songer a faire cette sortie dans l'une des plus grandes rues de Kingsbury, habillée ainsi.
La jeune femme ne s'en voulait pas de faire une pirouette, de ne pas dire l' exacte vérité au prince, après tout lui-même le faisait, et elle n'avait aucun compte a lui rendre, du moins de ce qu'elle en savait...Elle scruta a nouveau la blessure de Gabriel, doutant de provenance de la blessure. Il fallait qu'elle réfléchisse a ce qu'avait dit Gabriel. "Volé trop bas…alors je me suis pris un objet non identifié en plein ventre"...Volé trop bas...Il avait repris ses idées d'enfants en construisant des ailes...peu probable. A l' insu du prince, elle s'approcha légèrement plus de la plaie. Elle était profonde, et ressemblait a une entaille mais en plus grand et plus profond. Une épée? Elise en doutait, il n'aurait pas pu revenir dans sa chambre, il aurait été trop mal en point. Un coutelas...ou un poignard, les seules possibilités envisageables, a moins que l'on est crée des armes qu'Elise ne connaîtrait pas...Qui donc, avait pu commettre un tel crime? Essayer de tuer le prince était passible de mort! Elise avait de nombreuses fois songé a le faire mais se dire qu'elle risquait la mort l'avait fortement refroidie, et ses idées ingénieuses de meurtres avec. La jeune femme hésitait entre remercier et louer le malfaiteur ou le fustiger. Elle devait connaître la réelle raison de tout ce sang.

"Votre altesse...Dites-moi réellement ce qui s'est passé! Dans mes dires ne se cachent aucun imprécation, cessez de débiter des enigmes insolubles, je garderais secret vos propos. Pour une fois que je ne souhaite pas d' animosité entre nous c'est vous qui gachez tout, preferez-vous que je vous nargue?"


Pour une fois Elise souriait, pas a Gabriel, mais a ce qu'il représentait. Elle était presque complice de celui pour qui elle avait voué dans de haine. A présent, elle jouait a un jeu dont elle ne possédait pas les règles, mais était-elle un pion?
Gabriel se redressa et immédiatement, la jeune femme cessa de coudre, en alerte. L'avait-il achevé? Elle avait oublié qu'elle cousait un humain, une peau et non pas un tissu, a la fin, si elle ratait, elle ne pourrait pas jeter ce tissu là, non elle devrait plutôt s' expliquer avec le tissu en question. Le jeune homme, loin de la blâmer a cause de ce qu'elle faisait, récupéra silencieusement l' aiguille et coupa le fil.

"Merci."


Il se releva devant Elise, le scrutant, bouche bée et se demandant légèrement quand le jeune homme se vêtirait. Il semblait avoir oublié qu'il se trouvait en présence d'une jeune dame de la cour et non pas avec un chien. Elle regardait toujours partout autour d'elle contemplant la salle avec un émerveillement exagéré. Il revint avec le plateau rempli de victuailles et Elise pensa qu'il se vengeait d'elle en mangeant de si bons mets devant elle, mourant a moitié de faim. Tandis qu'il prenait une pomme, Elise le regarda légèrement puis, essayant de se cacher, elle prit une fraise qu'elle glissa dans sa bouche. Le liquide se déversa dans sa gorge, délicieux. Conservant au maximum le gout du fruit, elle resta silencieusement, fermant les yeux, oubliant une seconde durant, son futur époux.
Gabriel relacha sa pomme et voulu enlever les draps, Elise surprise se releva et recula vers le fond de la pièce jusqu'a toucher le mur. Sans lui parler, ni s' apercevoir de sa présence il releva les draps et les posa près de la porte. Il vaguait a ses différentes affaires, comme une casanière, oubliant la jeune femme plutôt agacée par se manège. Elle posa ses mains sur ses anches et le contempla, lui montrant qu'elle ne rentrait pas dans son petit jeu. Il prit le parfum et alla dans la salle de bain. La jeune femme avait peu de temps. Elle avait remarqué depuis le début un manteau noir posé sur une chaise. Elle s'approcha rapidement et fouilla dans les poche. Soudain ses mains effleurèrent un objet dur. Elise le prit et le releva, l'oreille toujours aux aguets, surveillant Gabriel dans la pièce adjacente. L'objet qu'elle trouva fut celui qu'elle cherchait. Heureuse, elle s' émerveilla devant le poignard a la lame plus que tranchante et au manche décoré de gravures insolites, peut-être un blason? Elle posa un doigt sur la lame et le scruta, une tache de sang sèche, celui de Gabriel a n'en point douté! La jeune femme se demanda pourquoi il avait ce poignard qui apparemment appartenait a son agresseur. Peut-être s'étaient-ils battu et le jeune homme l'avait récupéré. La jeune femme n'ayant pas le temps de réfléchir, détacha le tablier blanc sur sa robe et le roula en boule après y avoir placé au centre le poignard. Lorsqu'il revint, Elise tenta d'adopter une position agréable, détendue, normale, en vain. Préocupé par sa trouvaille, elle gigotait légèrement, désirant interroger le prince, le presser de question jusqu'a ce qu'elle sache! Le prince ouvrit sa penderie laissant clairement entendre qu'elle gênait, mais la jeune femme, loin de l'être, s'approcha de lui. Après tout, elle l'avait vu en serviette, elle n'était plus a quelques minutes près! Les pas du jeune homme devinrent hésitant, Gabriel inconsciemment grimaça et Elise s'approcha un peu plus rapidement, inquiète. Il flancha et allait se retrouvait a terre, mais il put s' appuyer sur un mur. Elise s'élança vers lui mais il l'arrêta d'un main et s' exclamant:

"Ca va, ca va…"

Il s'assit sur le lit, le plus loin possible d'Elise qui se demandait si elle avait la peste ou sentait mauvais en ce beau jour d'été. Pourquoi la fuir ainsi!? Lui qui cherchait tant sa présence avant! S'était-il convaincu de laisser tomber? Elise en repensant aux messages laisser dans les articles de son double Maria Dalisea Quelse, voila qu'a présent ils n'avaient plus aucun sens. Tout était fini. Quelque chose s'était brisé dans le regard de son interlocuteur, mais quoi? Elise s'exclama, en colère, ne regrettant pas de s'adresse a son prince ainsi, bien qu'elle n'en eut pas forcement le droit...

"Non cela ne va pas! Que cachez-vous derrière ce sang! Allongez-vous et ne bougez plus, votre blessure ne cicatrisera jamais! Je comprends que vous ne me faisiez pas confiance mais il va faloir y mettre un peu du votre, sinon...Sinon, je raconte tout a votre père!"

Oups. Voila un coup qui était bien bas! Mais comment faire autrement? Elle devait le forcer a lui raconter. Elle devait savoir! Apercevant les perles de sang aux pieds du jeune homme, elle grogna, énervée. La penderie était encore ouverte, elle regarda a l' interieur et dénicha un haut assez simple, qu'elle espérait sans grande importance. Elle le prit et s'approcha du jeune homme, sur le lit. Elle déchira le haut et sans l'avis du prince, qui a cet instant importait peu, baissa légèrement la serviette et posa le tissu dessus qui immédiatement s' imbiba de sang. D'une main elle tint fermement le tissu, de l'autre elle fit le tour du torse du jeune homme qui se releva un peu afin qu'elle puisse passé le vêtement en dessus du corps de Gabriel. Elle ramena les deux bouts du haut et fit un neuf de coté, serrant le plus possible. La garrot était évidemment très sommaire, mais elle ne pouvait pas faire mieux avec si peu. Elle soupira, lasse et se rassit sur le lit. Elle jeta un dernière coup d'oeil a ses vêtements. Les trouvant plus qu'affreux et souhaitant etre habillé confortablement elle murmura

"Puis-je vous emprunter des vêtements? Je ne suis pas vraiment a mon aise, la dedans."

Génée, elle regarda la penderie, la ou pour Elise, tout avait commencé, mais ou est-ce finira cette histoire farfelue?
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Gabriel de Guerry
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeVen 28 Sep - 4:58

Était-ce un rêve? Gabriel et Élise en termes plutôt… sympathiques. Du moins, si l’on compare à leurs habituels froids. Le courant d’air cette fois était plus doux, léger et semblait inoffensif. Tant mieux! Mais oui, tant mieux! aurait dut songer Gabriel. Peut-être finalement Élise se montrait-elle plus ouverte à l’idée qu’un jour, ils partageraient leurs vies, peut-être retrouvait-elle la raison, enfin!, et prenait conscience que leurs destins étaient scellés, qu’il valait mieux les acceptés, puisqu’ils étaient inévitables, ou presque…
Et pourtant, et oui, malgré la bonne nouvelle que représentait la bonne humeur d’Élise, Gabriel de Guerry gardait ses airs détachés, fuyants même, évitant de garder trop longtemps son regard fixé à celui d’Élise.

"Et bien je venais vous demander si vous aimiez mon déguisement, en effet. Ne fait-il pas trop jeune fille du peuple? Est-il à votre goût royal?"

Oh! mais c’est qu’elle s’amusait bien, la coquine… Jeu? Piège? Hmm… Piège… Cela sonnait Élise, que trop! Élise la cruelle, la sorcière! Tous ces mots qu’elle avait fait naître de la plume de Gabriel, ces sauvages expulsions d’un cœur épris, incohérences et poésies, des mots pour rager, pour pleurer, pour être tout sauf ce que l’on est… Des mots pour traduire la folie! Quel fou que ce Gabriel, bon à enfermer… Et tous ces mots oui, témoins de son aliénation et de ses séances de délires relâchés, ces lettres! Traîtresses! Habitaient toujours ces lieux, cachées, ici et là, tapies entre les murs, les meubles, ces grottes de poussière étaient en vérité de véritables mines de trésors horribles.

"Hmmhmm…"

Répondit le jeune homme, vaguement, comme un gamin qui répond parce qu’il faut, sur un ton léger et sympathique, mais carrément ailleurs.
Pour ce qui est de la demande d’Élise, allons! Tout de même, il n’allait pas lui débiter ses histoires comme ça, parce que madame le souhaitait, que non! Mais… mais quand même, refuser quelque chose à Élise, lui dire « non » sans vraiment le dire, déjà, avait quelque chose d’étrange, comme une fausse note. De plus, l’entreprise était risquée. Qui sait ce qu’une enfant gâtée peut accomplir en temps d’opposition à ses désirs et attentes, qui sait… Gabriel saurait-il?
Il prit un temps pour y réfléchir, ou plutôt pour faire mine d’y réfléchir. Répondre, ou ne pas répondre, là était précisément le dilemme, la question, l’interrogation, le mystère… Réflexion faite, le prince convenu qu’il serait plus sage d’ignorer le sujet et de remercier la servante, euh, Élise. Ainsi, juste après, le manège commença, puis la fameuse fuite de la plaie, qui le ramena au point de départ : le lit, avec en bonus une Élise que trop, que dangereusement trop impliquée dans toute cette affaire dont elle ignorait tout.

"Non cela ne va pas! Que cachez-vous derrière ce sang! Allongez-vous et ne bougez plus, votre blessure ne cicatrisera jamais! Je comprends que vous ne me faisiez pas confiance mais il va falloir y mettre un peu du votre, sinon...Sinon, je raconte tout a votre père!"

La lâche! Aaaaaah! maudite soit-elle cette impertinente! Vilaine… petite… nunuche!
Gabriel laissa sans gêne paraître les sentiments qui le prirent d’assaut à cette réplique. Sourcils froncés, dents serrées et lèvre du bas légèrement retroussée, son air boudeur parut s’installer définitivement sur son beau visage qui, du coup, retrouvait son… caractère de jeunesse, tient! Les bras croisés sur son torse dénudé, il s’étendit contre le matelas, sans vraiment le vouloir et y penser, automatiquement, alors que ses pensées l’occupaient à la destruction, de manière fictive, d’une Élise miniature en poupée.

*Je raconte tout à votre père, je raconte tout à père… Quelle moucharde!*

Et le pire, c’est que la menace portait fruit, lentement mais sûrement pour l’instant, s’immisçant dans les songes de Gabriel tel un venimeux serpent. Il voyait le roi, ce père si fier et rempli d’espoir, penché vers une Élise mesquine qui lui susurrait à l’oreille… Gabriel il s’est prit un machin dans le ventre et il ne veut pas me dire pourquoi, à moi qui l’aie soigné, moi, sa future reine adorée…
Quelle était manipulatrice, la Élise de ses rêves éveillés! Et pendant que lui songeait ainsi, elle prenait bel et bien soin de lui, couvrant sa blessure d’une de ses chemise désormais lambeaux de chemise… De toute façon, tous ils se battaient pour avoir l’honneur de lui en donner, des chemises… Et des pantalons aussi, et des redingotes, et des bottes, et toutes sortes de vêtements tous aussi ennuyants les uns que les autres. N’avaient-ils pas compris, bande d’ignorants qu’ils sont tous, que se sont des ailes et rien d’autre qu’il voulait, le prince!
Haha, des ailes… Pour ça il faudrait que le grand méchant roi-papa ne sache pas, et voilà qui serait difficile, vu la peste qui rôdait dans les parages…

"Puis-je vous emprunter des vêtements? Je ne suis pas vraiment à mon aise, là dedans."

Et sans doute le serait-elle davantage dans des vêtements qui tiendraient à peine sur ses petites épaules et sa fine taille… Oh mais attendez une petite minute! Était-ce bien la gêne qui apparaissait là, sur ce beau visage de déesse? Pauvre petite, n’est-ce pas, qui ne se trouvait point à son aise dans ses vêtements de servante!
Gabriel se redressa et se leva, tenant d’une main la fameuse serviette qui descendait périlleusement bas. Il alla vers la penderie et ouvrit grand la porte d’un geste vif, puis invita d’une main Élise à s’en approcher.

"Je vous en prie, Élise…" fit-il en grimaçant un sourire forcé et exagéré qui se voulait tout sauf sympathique.

Avant qu’elle ne le rejoigne, il s’écarta et prit la direction de la salle de bain et, tout en s’y dirigeant, il poursuivit à voix basse sur un ton teinté de sarcasme…

"Servez-vous, ne vous gênez surtout pas, faites comme s’il s’agissait d’un plateau de macarons, tient…"

Sans la regarder et lui laisser le temps de répondre, il referma brusquement la porte de la salle de bain derrière lui, puis laissa tomber sa serviette parterre et se plia en deux, son visage contracté sous l’effet de l’élan de douleur qui l’avait prit à la hanche depuis de nombreuses minutes déjà. Il s’était retenu jusque là, mais cette fois n’en pouvait plus. C’était normal sans doute, la plaie guérissait, ou du moins essayait, et la douleur fait partie du processus de guérison.
Gabriel se retrouva agenouillé sur le plancher de carrelage immaculé, le dos voûté et le front près du sol, nu comme un ver si ce n’est du bandage improvisé d’Élise qu’il avait autour de ses hanches. Le temps s’écoula sans que le prince n’en ait vraiment conscience, les paupières closes et l’esprit aveuglé par le mal. Au bout d’un moment, il sembla retrouvé la notion du temps et il se redressa un peu, défit le nœud de sa chemise déchirée et laissa tomber le chiffon parterre. Dans une armoire il trouva des bandages, qu’il appliqua aussitôt sur son corps, soudainement prit d’un regain d’énergie. Ensuite, il s’habilla, comme Élise l’avait probablement déjà fait de l’autre côté de la porte, ou comme elle était en train de le faire…

Un simple pantalon et un haut blanc aux manches courtes, les deux morceaux pris sur un crochet sur un mur, suffirent. Pieds nus, il s’approcha d’une glace disposée au-dessus d’un lavabo. Combien de temps fallait-il attendre avant qu’une femme n’ait terminé de s’habiller? Voilà le genre de choses que le roi aurait dut lui enseigner. Comment arriver à respirer alors qu’Élise de la Marquise se trouvait dans sa chambre, à lui? Que faire pour éviter d’agir comme l’habituel idiot de prince qu’on lui demandait d’être? Ah bien ça par exemple, jusqu’à présent, il maîtrisait plutôt pas mal, pour un débutant… Mais était-ce trop? Laissait-il trop libre sa pensée devenue maîtresse de ses mots? Élise fuirait-elle, découragée, outrée par son manque de savoir-vivre? N’était-ce pas ce qui était souhaitable, sa fuite? Afin qu’elle oublie définitivement la blessure de Gabriel et l’histoire qui venait avec, qui la concernait que trop… Comment s’y retrouver, avec ce flot continu de questions impossibles!?

Haussement d’épaules, air penaud, pas de réponse. Élise, juste là de l’autre côté de la porte, Élise qui l’avait soigné, qui ne le fuyait pas, au contraire, même si c’était pour des raisons plus ou moins réconfortantes, Élise en des termes différents… Et ainsi de suite. Tout en se laissant aller bêtement à la rêverie, Gabriel empoigna le flacon de parfum utilisé par la future reine plus tôt, le déboucha et commença à verser le contenu dans le bain, dans l’eau chaude rougie par son sang. Alors, l’odeur qu’il détestait tant se fit plus forte, si forte qu’elle le sortit complètement de ses pensées. Alarmés, il lâcha le flacon, qui tomba dans l’eau et s’y vida, et rapidement le prince sortit de la salle et referma vivement derrière lui, question d’échapper à la désagréable odeur qui embaumait dans la petite pièce. Il respira un instant à grandes gorgées d’air, adossé contre la porte, puis alla vers son manteau qu’il avait laissé la veille sur une chaise.

"J’ai réfléchi, à savoir si partagé mon histoire était une sage entreprise cependant, tout en songeant ainsi, une problématique m’est venue à l’esprit…"

Le prince se mit à fouiller dans son manteau accroché, simultanément il s’adressa à la jeune femme.

"Voyez-vous, je ne vois pas l’intérêt à vous parler de mes activités, si vous ne me parlez point des vôtres, qui d’ailleurs semblent consister en l’infiltration des services du palais… Vous m’excuserez, mais je doute que ce soit un type d’occupation qui soit sans risques pour une-"

Il se retourna promptement vers Élise, l’air mécontent, mais contenu.

"Je vous prie de me rendre cette arme, Élise." Demanda Gabriel froidement en tendant sa main droite devant lui, rivant ses yeux bleus à ceux de la jeune femme.

[tu me boudes tjrs? confused ]
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeSam 29 Sep - 2:09

Elise sentait que Gabriel n'avait point apprécié son petit chantage, mais a qui la faute? Elle était bien obligé, pour LE préserver de se battre contre lui. Logique étrange n'est ce pas? La jeune femme, savait qu'il cachait un lourd secret, et qu'elle ne paraissait pas etre une personne assez digne de confiance pour le connaître, et son chantage ne l'aidait pas a gagner sa confiance. Depuis toute petite cette mauvaise manie d'obliger les gens ainsi faisait partie d'Elise et jamais elle n'avait essayé de se corriger et d'éviter d'avoir si peu de savoir-vivre. Après tout, a force d' insister elle obtiendrait ce qu'elle voudrait de Gabriel, elle en était certaine. Il avait l'air d'hésité, tout en étant peu joyeux, mais elle le comprenait, raconter ses petits secrets a une noble parfaitement hypocrite et douée dans l'art de bousiller la vie de son prochain ne devait pas etre simple. Il fallait qu'il travaille plus son combat au corps à corps s'il voulait éviter de se prendre des coups de poignards qui dévoileraient aux yeux de tous ce qu'il mettait tant d'ardeur a cacher. Elise ne résistait pas a un secret particulièrement personnel, tot ou tard, elle l'apprennait et ensuite décidait de le garder pour elle ou pas...
Elle voulait tellement savoir! Lui qui en face d'elle détenait un secret et ne désirait absolument pas le lui dire la mettait dans tout ses états? Généralement on lui racontait tout, qui ne souhaitait pas raconter ses malheurs a la douce, belle et ingénieuse Elise? Gabriel. Le comble du comble. Et il y tenait si fermement, avec une telle hargne, que l'envie de connaître ce fameux mystère envahissait a chaque seconde davantage, l'esprit d'Elise. Elle ne pensait plus qu'a cela et réfléchissait déjà a d'autres stratagèmes,dans le cas ou le chantage ne marcherait pas. Il n'était pas sot, il fallait le lui accorder, s'il le voulait, il pouvait trouver une parade facilement, ce qui était étrange, une étrangeté qu'Elise ne remarqua pas, ou ne désira pas remarquer. En effet, le chantage, elle n'était pas en totale position de force, et apparemment, n'avait pas songé qu'il pourrait se servir de sa tenue singulière comme de bouclier face a son arme. Peut-etre qu'au fond elle lui faisait un peu confiance, s'il elle ne devait pas savoir, pourquoi voulait elle savoir? Elle pouvait pour une fois dans sa vie fermer les yeux sur l'affaire, faire preuve de sagesse. Else, sage, a cette pensée d'elle-même, elle fronça les sourcils et c'est s'en doute ce qui la plongea, l'enfermant dans son avidité.

Gabriel se releva avec difficulté et ouvrit en grand son armoire avant d' indiquer les vêtements tout en s'exclamant:

"Je vous en prie, Élise…"

Apparemment, il n'avait vraiment vraiment vraiment pas aimé. Elise grimaça et accessit d'un bref mouvement de tête, sans relever le ton a la fois doucereux et antipathique qu'il avait employé, laissant Elise légèrement ébaubie.

"Servez-vous, ne vous gênez surtout pas, faites comme s’il s’agissait d’un plateau de macarons, tient…"Poursuivit-il en retournant dans la salle de bain.

"Peut-être que je préfère les macarons parce qu'ils fondent sous la langue et ne nous procurent que du plaisir. Aucune aversion, aucun secret, aucune vanité, vous ne devez guère aimer les macarons et cela ne m'étonnerait point, a vous entendre parler, je dirais même, que vous n'avez jamais savourer un macaron a sa juste valeur, la perfection de ce petit bout de paradis..."

Parlait-elle réellement du macaron? Ou de Gabriel? Ou d'elle-même? Peut-etre des trois a la fois. Elle n'aurait pas su le dire, si vite les paroles s'étaient mélangées dans sa tete désirant a la fois se protéger face aux joutes verbales qui se préparaient, éviter que son ego en prenne un coup et remettre a sa place celui qui semblait lui en vouloir tant. D'un coté elle le préparait a son métier de futur roi, il croyait que les rois avaient le pouvoir absolue, que rien ne leur résistait, que les gens étaient forcement des gens nobles amis de son père? Non, la plupart des gens autour de lui, volait, mentait, tuait, faisait du chantage, ect. Et tout cela a son insu, pourquoi vouloir tant le protéger. S'il se mettait en colère contre Elise, la jeune femme n'imaginait pas ce que se serait s'il vivait a la place de son père qui devait avoir bien plus de pression en une heure que Gabriel devait en avoir en 21 ans de vie.

La jeune femme n'avait aucune idée de la douleur que supportait en cet instant précis son prince adoré. Elle s'approcha de la penderie et jeta un coup d'oeil a l'intérieur. Elle fut étonnamment surprise de dénicher des vêtements plutot simples, et pas que des vêtements endimanchés absolument répugnant a la vu d'Elise. Non, il y avait là quelques chemises et quelques pantalons de couleurs simples, bien coupés, correspondant bien a la carrure du jeune homme. Elise choisit une chemise blanche avec un pantalon noir. Elle jeta un coup d'oeil a la porte et se serra le plus près possible de la penderie, priant pour que Gabriel ne regarde pas a travers la serrure comme un adolescent ignorent. Elle doutait de l' inexpérience du jeune homme en la matière, elle ne l'avait jamais vue en compagnie de demoiselle a qui il faisait la cour. Elise sourit a cette idée et se dévêtit, enlevant ses vêtements des plus humiliants. Elle passa le pantalon qui évidement fut trop grand, mais elle parvint trouver une ceinture et retroussa le bas de l' habit. Elle se retint d' exploser de rire en mettant la chemise qui au début ne cachait absolument rien, bien trop grande pour elle encore une fois. Elle retroussa les manches et remonta la chemise, découvrant plus son dos que son buste. Elle se regarda dans une glace et admira l'oeuvre. Elle était jolie, un sourire sauvage accroché aux lèvres, désirant etre vêtue ainsi toute sa vie. Elle ressemblait a ses pirates qu'elle avait tant imaginé pendant son enfance. Alors qu'Elise s' admirait dans la glace, elle sentit une vague odeur de parfum de diffuser légèrement dans la pièce puis un bruit sourd d'un objet qui chute. Elle s'approcha de la porte et allait appeler Gabriel lorsque ce dernier ouvrit la porte et sortit en vitesse de la salle de bain avant de s' adosser a la porte. Elise le regard silencieusement, surprise. Il n'expliqua pas la raison de sa sortie des plus rapide, ne répondant pas a la question muette d'Elise. Il s'approcha de son manteau et Elise se pinça les lèvres. Ses muscles se contractèrent et elle chercha un moyen de l' empêcher de se rendre compte du vole.

"J’ai réfléchi, à savoir si partagé mon histoire était une sage entreprise cependant, tout en songeant ainsi, une problématique m’est venue à l’esprit…"

*Il fouille! Elise ma vieille, trouve quelque chose a dire n'importe quoi...Tu vas te faire tuer...*

"Voyez-vous, je ne vois pas l’intérêt à vous parler de mes activités, si vous ne me parlez point des vôtres, qui d’ailleurs semblent consister en l’ infiltration des services du palais… Vous m’excuserez, mais je doute que ce soit un type d’ occupation qui soit sans risques pour une-"

"Très bien alors je vais vous expliquer la raison d'..."

"Je vous prie de me rendre cette arme, Élise."

"...un tel accoutrement..."

Elise se ratatina sur elle-même, se faisant le plus petite possible. Étrangement, pour la première fois de sa vie, elle craignait Gabriel. Le regard sombre et patibulaire du prince, donnait des frissons d'effrois a Elise. Non pas une crainte ironique celle qu'elle avait avant, qui était plus dédiée au père qu'au fils...Mais la. La noirceur de ses yeux qui a présent ne paraissaient plus vraiment bleus. Ses traits durs, la froideur de ses dires, elle apercevait meme son coeur, tout aussi froid. Mais que c'était-il passait. Aucune doléance en Elise, elle méritait l'indignation du prince qui n'était pas au rendez-vous. Malheureusement, elle aurait préféré, les cris plutot que cette demande
péremptoire. Le flegme de Gabriel, terrorisa davantage Elise. Elle posa une main sur son coeur, ou elle sentait les palpitation battre de plus en plus rapidement, affolées. Elise recula d'un pas, s'approchant du bureau, la ou se trouvait son tablier. Elle bougea légèrement sa tête en signe de négation et recommença encore et encore, machinalement, sans s'arrêter, comme une enfant face a un adulte. Seulement, l'enfant en question était bien effrontée, et bien vite elle reprit du poil de la bête, du moins en apparence...

Elle s'arreta lorsqu'elle effleura le bureau et prit d'une main son tablier qui cachait le fameux poignard. Elle murmura d'une voix faible et un peu tremblante:

"Non...Je veux savoir. Je veux savoir. Je veux savoir...Qui etes-vous? Qu'avez-vous fait de Gabriel? JE VEUX SAVOIR!

Inconsciemment, elle s'était mise a hurler, se moquant bien du code et de sa tenue. Elle se tourna vers le bureau, sans un regard pour Gabriel, et gémit doucement, replie de doutes et d' inquiétude. Soudain, alors qu'elle écoutait le silence, surveillant Gabriel, elle aperçut une petite fissure entre la surface et les tiroirs de la table. Cela se faisait souvent dans la haute société, une partie du bureau cachée ou on mettait les documents importants, Elise en avait un mais ne s'en servait pas, sachant très bien qu'une personne aurait pu facilement trouver cette fissure. Elle regarda Gabriel, puis avant qu'il est pu venir, sortit le papier taché d'encre. Elle le déplia rapidement et lu:

Citation :
20 juillet 1823


Chère Élise,

Cette lettre n'avait pas été envoyé depuis 4 ans. Le papier avait jauni, le texte a certain endroit n'était plus trop lisible, mais elle parvint a lire, désirant lire. Elle fut immédiatement captivée. Les mots de Gabriel était vrai et effrayant a la fois, trop d'amour...Elle qui avait cru que ce n'était qu'une passe pour se rendre intéressant, ce papier dévoilait le contraire. Elle lut les dernières lignes, se tourna vers Gabriel, ricana pour masquer sa gêne et s'exclama avec ironie:

"Alors selon vous, Gabriel, je serais, comment dites-vous? A oui...cruelle, inexorable, imperturbable et intraitable. Vous avez raison, je suis réellement une sorcière, mais vous, qui etiez si innocent, vous êtes devenu aussi mauvais que moi, sinon pire. Cruel, inexorable, imperturbable et intraitable, sont a présent les adjectifs qui vous correspondent le mieux. Si vous parliez de moi en tant qu' amoureux transis, je parle a présent de vous en tant que femme clairvoyante. Pourquoi avoir occulté cette lettre? Désirez vous oubliez celui que vous étiez? Vous etes devenu un forban, et votre acuité a disparu. Vous etes un etre réelement versatile, ou dénué de caractère...Ce qui vous a changé ainsi, m'apparait comme un miasme, vous en avez perdu tout ce qui faisait de vous cette adolescent plutot attendrissant."

A présent la froideur de Gabriel se trouvait aussi en Elise, qui le regardait en lionne farouche désirant emporter avec elle le poignard, et prête a tout pour cela. S'il fallait en arriver au combat, Elise le ferait sans la moindre hésitation. Elle ne pouvait peut-etre pas le gagner a la loyale, mais qui lui interdisait de tricher? Elle n'était plus a cela près...
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Gabriel de Guerry
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeLun 1 Oct - 20:30

[paaaas pu résister encore une fois, sur ce, je file! haha!]

L’allégorie du macaron! Les yeux levés vers le ciel, l’air ennuyé, Gabriel avait écouté d’une oreille la poétique éloge des macarons, par nulle autre que la savante Élise de la Marquise, tout en se précipitant vers la salle de bain. Madame et les macarons, en voilà une de vraie, histoire d’amour… Mais Gabriel, borné, ne saisit point la possible comparaison avec lui-même. Nous connaissons la suite.

Et pour ce qui est de la suite de la suite, et bien d’abord, Gabriel sembla complètement oublié, se ficher en fait, de la raison de l’accoutrement précédent de la future reine, trop choqué en découvrant que le poignard de son adversaire avait disparu. Non seulement il avait gagné ce poignard, mais c’est qu’il était la preuve concrète que lui, prince d’Ingary, avait été blessé lors d’un combat armé. Il ne manquait que les explications, que l’histoire autour de cette étrange mésaventure, explications qu’on exigerait de lui si l’on venait à mettre la main sur cet objet. Cela ne devait pas arriver, Gabriel y veillerait, et ce même s’il devait s’en prendre à Élise, qu’il haïssait autant qu’il aimait.
Les yeux rivés aux siens, il s’approchait lentement d’elle, la main tendue devant lui, réclamant le poignard ensanglanté. Quelle scène insolite que celle-ci… Un prince froid comme glace, sûr de lui, prêt à tout pour venir à bout d’une Élise craintive, prise au dépourvue, sans doute déstabilisée par ce soudain revirement chez son futur époux, lui qu’elle pouvait quasiment contrôler au doigt et à l’œil, auparavant…
La reprise de confiance de la jeune femme ne fit point ciller Gabriel, plus que résolu à retrouver son bien.

"Non...Je veux savoir. Je veux savoir. Je veux savoir...Qui êtes-vous? Qu'avez-vous fait de Gabriel? JE VEUX SAVOIR!"

Le regard du jeune homme alla vers le sol, sa main s’abaissa légèrement, il perdait de son assurance. Qui êtes-vous? Jamais, au grand jamais n’avait-on ainsi interrogé le prince, jamais. Tout le monde savait qui était Gabriel de Guerry, tout le monde. L’anonymat, le vrai, il ne l’avait jamais connu. Son nom, on l’apprenait dès l’enfance, ainsi que tout le reste. Tu es Gabriel de Guerry, un futur grand roi d’Ingary, ton pays et celui de ton peuple. Tu es Gabriel de Guerry, aîné des trois princes. Le noble, le grand, le beau Gabriel. Noble, grand, beau, cela ne voulait rien dire. On le complimentait sur son statut, sur son physique, sur ses belles paroles, qu’il ne pensait même pas d’ailleurs, et c’est tout. Aussi bien dire qu’on n’avait que faire des idées du prince, de sa personnalité, de ses envies, de ses projets, de ses ambitions et de ses opinions.
Et elle qui venait lui demander ce qu’il avait fait de Gabriel. Ne voyait-elle pas qu’il était là devant lui et qu’il n’avait été jusque là que l’ombre de lui-même? Le voici, votre prince, le voici Gabriel, aimez-le ou haïssez-le, mais sachez qu’il n’est rien de moins, ici devant vous, que Gabriel.
La question le figea sur place un moment, et alors qu’il relevait la tête pour regarder Élise, alors qu’il tendait bien droite sa main de nouveau, il la vit entrain de lire. Il ne l’avait pas vu fouiller, il l’en aurait empêchée sinon. Les trésors de Gabriel sont trop précieux pour être vus par qui que ce soit.

20 juillet 1823.
En voyant la date, il comprit aussitôt de quoi il s’agissait. La lettre, cette hideuse et magnifique lettre qu’il avait crachée sur le coin d’une table alors que son cœur débordait d’amertume et de ce troublant sentiment qu’Élise faisait naître en son être entier.
Ce parfum qui se mêlait à ses propres vêtements, et la haine qu’il lui insufflait, il n’avait jamais sut la qualifier autrement, cette impression de venin qui le possède. La sorcière reprenait-elle du service? Elle n’avait jamais vraiment cessé d’envoûter, à vrai dire, et ce probablement sans même le vouloir. Et encore une fois, elle lui voulait ses armes. Comme il aurait été délivrant qu’elle l’achève tout de suite, là, ici-même, maintenant, mais non, plutôt faire durer la torture…

"Alors selon vous, Gabriel, je serais, comment dites-vous? A oui...cruelle, inexorable, imperturbable et intraitable. Vous avez raison, je suis réellement une sorcière, mais vous, qui étiez si innocent, vous êtes devenu aussi mauvais que moi, sinon pire. Cruel, inexorable, imperturbable et intraitable, sont à présent les adjectifs qui vous correspondent le mieux. Si vous parliez de moi en tant qu'amoureux transis, je parle à présent de vous en tant que femme clairvoyante. Pourquoi avoir occulté cette lettre? Désirez vous oubliez celui que vous étiez? Vous êtes devenu un forban, et votre acuité a disparu. Vous êtes un être réellement versatile, ou dénué de caractère...Ce qui vous a changé ainsi, m'apparait comme un miasme, vous en avez perdu tout ce qui faisait de vous cette adolescent plutôt attendrissant."

Lentement, la main de Gabriel s’abaissa et son poing se serra au fur et à mesure qu’elle parlait, la diablesse. Aussi convaincu qu’il était des mauvais sentiments qu’elle avait à son égard, le rêveur qu’il était avait continué, malgré tout, à cultiver l’espoir dans un coin de son jardin secret, caché, à l’abri des regards et des intempéries, mais cette fois, l’orage guettait dangereusement et les foudres lancées par Élise menaçaient l’éden fiévreux de Gabriel.
Le ricanement de la jeune femme masqua complètement aux yeux du prince la gêne qu’elle avait ressentie. Il la vit alors comme complètement insensible et indifférente, c’était peine perdue, il n’aurait jamais dut croire Élise capable de l’aimer, il avait parlé en amoureux transi, en effet, dans cette lettre faisandée qui ne méritait rien de moins que de finir au foyer. Il avait ouvert son cœur à une femme qui n’en avait point.
Et pourtant… il ne pouvait s’empêcher d’esp-

*NON!*

Il ne fallait plus supposer, ni espérer comme un imbécile, un naïf prince qui avait crut en des idioties impossibles et irréelles.
Un adolescent attendrissant… Elle se moquait de lui ouvertement. C’est tout ce qu’elle avait vu en ses mots, un stupide adolescent amoureux. Si seulement elle savait que cet adolescent était devenu rien de moins qu’un homme toujours aussi stupide… Le même.
Son regard rivé à celui de la future reine, Gabriel reprit, à son tour, du poil de la bête après cet égarement. Il alla vers Élise et, d’un coup sec, lui prit la lettre des mains et, même si cela lui fit un mal fou, il déchira le papier vieilli en plusieurs morceaux, les laissant tomber sur le sol en une pluie lente de mots épars.

"Pourquoi avoir occulté cette lettre? Parce qu’elle n’était rien de moins que le fruit de l’esprit d’un adolescent naïf et insensé. La suite, Gabriel eut du mal à le dire mais, malgré ses mâchoires serrées et la voix dans sa tête qui lui hurlait de ne rien dire, il parvint à articuler ces propos… Cette lettre… n’a rien à voir… avec celui que je suis… aujourd’hui."

Et cette même lettre gisait désormais à leurs pieds, défaite. Gabriel respirait vite et fort, comme essoufflé. Il venait de faire taire l’espoir, était-il définitivement éteint?
D’un pas rapide, comme pour fuir le regard d’Élise, Gabriel alla vers la porte, tout près, et la ferma prestement. Automatiquement, elle se barra et l’on ne pouvait l’ouvrir qu’avec une clé, de l’intérieur ou de l’extérieur, mais le prince n’y avait pas songé. Dos à la porte, il faisait face à Élise.

"Donnez-moi ce poignard, Élise, ou je vous le prendrai par la force."

Il attendit.

"Donnez-le-moi, tout de suite."

Il se mit à avancer lentement vers elle.

"Il est à MOI!"

Et tout en s’exclamant ainsi, il se précipita en flèche vers Élise et de ses deux mains agrippa ses délicats poignets. De force il parvint à la mener jusqu’à un mur proche, contre lequel il l’adossa sans ménagement, et s’en sentit mal l’espace d’un instant, mais chassa ses remords de sa conscience pour le moment. Dans l’une de ses mains la jeune femme tenait le poignard enroulé dans son tablier. Il éleva cette main, l’appuyant contre le mur, et garda l’autre plus basse. Tout contre elle pour la maintenir contre le mur, il serra un peu sa poigne autour du poignet d’Élise de sa main qui tenait l’arme.

"Ce sera plus simple si vous me le rendez maintenant…"fit-il plus faiblement.

Il ne tiendrait pas longtemps ainsi. Déjà il sentait que l’effort lui coûtait encore quelques gouttes de sang, il imaginait son bandage imbibé contre la plaie entre-ouverte. Son emprise sur Élise se desserra un peu mais il demeura contre elle.
Ses lèvres contre l’oreille gauche d’Élise, il murmura d’une voix légèrement étouffée et essoufflée, les paupières closes, sa joue contre la soyeuse chevelure de sa future épouse…

"Rendez-moi le poignard, je vous en prie… Rendez-le-moi et… et je vous fais la promesse que votre bonheur ne sera plus entaché par ma présence. Je serai invisible, un fantôme dans votre vie, Élise… Dans les mesures du possible, vous serez libre. Le poignard… Élise… et je vous donne ma parole."

Ainsi donc, le bonheur d’Élise lui importait davantage que le sien. Gabriel s’efforçait de se convaincre qu’Élise heureuse le rendrait heureux. Il ne pouvait, il n’arrivait à se résoudre à lui parler du complot, du journal, de tout, trop inquiet à l’idée qu’Élise ne doive cesser d’écrire ou ne se mette en plus grand danger. Je veillerai sur elle, se disait-il, et son esprit sera tranquille.
Le prince lâcha complètement Élise, mais resta près, la force de bouger, exécuter le moindre mouvement lui paraissait impossible et inutile. Qu’elle le pousse, qu’elle le frappe, il s’en fichait. Si elle lui rendait l’arme, alors ce serait entendu. Sinon, il ne savait plus… On découvrirait fort possiblement le poignard, il raconterait n’importe quoi, les traitres restants du complot sauraient qu’il était celui qui les avait attaqués et ils le retrouveraient…

*Tant qu’elle vive et puisse écrire, tant qu’Élise sera Élise, tout ira bien…* songea l’étiolé Gabriel.

[j'espère que c'est OK pour Élise, si y'a des réactions qui sont pas correctes, dis-le-moi]
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Elise de la Marquise
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeSam 6 Oct - 1:12

Les genoux d'Elise auraient claqué si la peur ne l'avait pas rendue si stupéfiée. Chacun de ses membres semblaient s'etre arrêté de fonctionner, comme paralysé. La déperdition de courage se faisait en elle, mais plus question de reculer. Son discours plutôt acrimonieux n'avait rien arrangé à la situation et Gabriel semblait sur le point de commettre un meurtre. Dame de la Marquise tué dans une chambre royale. Voila qui ferait les gros titre, pensa la jeune femme incisive. Les dépouilles opimes d'Elise, voila qui rendait Gabriel très belliqueux, mais sa futur épouse n'était pas totalement innocente. Tous deux se battaient, l'un contre l'autre, déblatérant, a la fois ressemblant a des chefs de guerre et a la fois a deux enfants se brutalisant pour un jouet que ni l'un ni l'autre n'aura. Triste avenir, alors pourquoi Elise fustigeait Gabriel et pourquoi lui-même répondait? Deux bretteurs, l'un touchant l'autre. Elise touchait Gabriel avec ses mots blessant, quant au futur roi, ses yeux, seuls suffisaient a rendre a présent Elise dès plus silencieuse. Il avait tellement changé qu'elle ne cessait de le scrutait, comme on scrute une bête étrange, venue de pays lointain, ou plutôt, comme une personne changée, tout simplement. Il était loin d'etre contrit, comme le pensait Elise. Elle qui aurait juré qu'après sa trouvaille le prince redevienne lui-même, ce garçon attendrissant, voila qu'il restait cet être froid, s'apparentant presque a un monstre, un monstre de glace! Son poing refermé, son regard sombre, ses muscles contractés, comme près a attaquer, Gabriel semblait indécis, en proie à de grands doutes. On aurait dit une bête, un lion tournant autour de son diner, sauf que le diner en question avait ses ressources qui s'épuisaient, comment s'en sortir? L'attaquer elle aussi? Avec quoi? Des mots? Cette fois son ironie ou sa méchanceté ne la sauverait pas, elle en était certaine. Et ses poings? Elle imaginait mal un combat au corps à corps avec Gabriel, il ne ferait qu'une bouchée d'elle. La dernière fois qu'elle s'était battue avec quelqu'un, s'était avec Thibaut, lorsqu'elle avait quinze ans, il n'y avait pas si longtemps et pourtant...A la cour il est dure de se battre, pourtant Gabriel semblait réussir a le faire. Sa blessure en témoignait. Avec vilenie, elle scruta la blessure du jeune homme qui apparemment ne s'était pas arrangée, loin de là. Peut-être y avait-il une échappatoire. Pas le temps! Déjà il s'approchait d'elle, immédiatement, elle se recula, mais cette fois vint s' abattre totalement sur le bureau. Elle laissa un bruit gutturale, surprise. Gabriel sans un mot lui arracha la lettre des mains et tout en la regardant déchira le précieux papier. Elise, les yeux fixés, comme aimanté, vers les restes de la lettre, la bouche grande ouverte, sentit quelque chose se déchirer en elle. Elle se rendit compte que si elle désirait prendre le poignard, la lettre aurait plus compter. Il n'avait pas le droit de la déchirer, elle lui était destinée, rien qu'a elle, et pas a lui. Lui était un étranger, étranger a cet écrivain amoureux et cette destinataire froide et captivante. Elise n'avait pas changé, Gabriel si, il n'était plus le même, donc cette lettre, il n'avait aucun droit dessus.

"Pourquoi avoir occulté cette lettre? Parce qu’elle n’était rien de moins que le fruit de l’esprit d’un adolescent naïf et insensé. Cette lettre… n’a rien à voir… avec celui que je suis… aujourd’hui."


"Si je puis me permettre, je l'avais remarqué. Vous...Je préfère ce garçon naïf et insensé plutôt que ce...cet etre versatile! Vous n'aviez aucun droit sur elle..."

Sans plus un mot, Elise se baissa et ramassa les papiers épars sans apercevoir les gestes de Gabriel qui fermait la porte, les enfermant tous deux. Lorsque la jeune femme réunit tous les morceaux de la précieuse lettre, elle releva la tête, cherchant son ennemie. Elle fit le tour de la chambre pour l'apercevoir, dos a la porte, essoufflé. Elle avait remarqué que sa dernière phrase avait été prononcée avec difficulté, comme inventé a l'instant même, mais elle avait été bien loin de comprendre que ce n'était qu'un fait un bon et simple mensonge. Le métier d'Elise consistait a voir le mensonge et a élucider les mystères et a pister la vérité. Seulement pour une fois elle faisait son métier de façon déplorable. La jeune femme, ne convenait pas un instant que Gabriel lui mente. Elle ne disait que la vérité, même si cette vérité n'était que partielle et qu'elle parvenait a éluder avec adresse les pièges, alors pourquoi Gabriel n'en ferait-il pas autant? Elle qui peu à peu s' apercevait du changement qui s'était fait en Gabriel, était encore bien loin du réel. Lui mentir? Le prince? Voila qui était impossible aux yeux de la jeune femme. Lui qui avait prétendu tant l'aimée, on ne ment pas a celle qu'on aime. A moins qu'on veuille la protéger...

"Donnez-moi ce poignard, Élise, ou je vous le prendrai par la force."

"Non."

Le flegme de Gabriel tout comme celui d'Elise aurait terrorisé un briscard! La jeune femme posa sur le bureau les bouts de papiers afin de ne pas les oublier, si elle sortait vivante de cette pièce et récupéra son précieux poignard, toujours emmailloté avec délicatesse, comme si c'était du cristal et non pas une objet synonyme de mort.

"Donnez-le-moi, tout de suite."

"A quoi bon me répéter..."

Elise frissonna a l'approche silencieuse de Gabriel. A cet instant plus qu'aucun autre il jouait le rôle du chasseur et elle de la proie. Sa démarche lente, à la fois silencieuse et confiante, comme si reprendre le poignard n'était qu'une formalité. Le calme avant la tempête. La jeune femme resserra son emprise sur l'arme, comme prête a s'en servir, seulement tremblante elle aurait été incapable de faire le moindre geste avec de plus Gabriel, même blessé était loin d'etre un ennemie facile a abattre. Il avait des ressources et était fort, chose qu'en cet instant Elise ne possédait pas.

"Il est à MOI!"


"Tout comme la lettre était a moi. Pourtant moi je ne vous cris pas dessus ainsi. Cessez de m'importu...Aïe!"

Elise se sentit projeter contre le mur derrière elle. Gabriel venait d' agripper fermement ses poignets, la poussant vers un mur violemment. La tête d'Elise cogna la cloison et elle gémit de douleur. Gabriel remonta sa main qui retenait le poignard et la jeune femme essaya de se débattre en vain. Bouger dans tous les sens, rien a faire, déjà sa tête lui tournait et elle ne se sentait pas prête a mordre le prince. En avait-elle seulement le droit? Si elle sortait vivante de cet "entrevue" royale en mordant le futur roi ce n'était pas pour etre pendue après...Ce serait dommage, un si beau cou...Cou qui sentait qu'il se serait bientôt étrangler. Gabriel ne controlait plus rien, s'il avait su lire en Elise, il aurait lu de l'incompréhension et de la peur. Jamais on ne l'avait prise ainsi, la tenant si fortement, avec tant de rage. Gabriel n'avait jamais été si peu humain et si beau. Étrange, mais en cet instant, la haine ou quelque que soit son sentiment qui le rongeait ainsi, ne déformait pas son visage laissant ses trais altiers parfaits, et Elise le remarqua. Ses yeux brillaient d'une douce folie qu'il ne maîtrisait pas. Peut-être qu'en cet instant sa beauté venait plus du fait qu'il paraissait plus animal qu'homme, réagissant avec son instinct, son tempérament. Elise avala sa salive, essayant de reprendre son calme, de garder sous contrôle la situation.

"Ce sera plus simple si vous me le rendez maintenant…"

"Vous savez que j'aime la complication, sans elle, ce ne serait pas drôle..." répondit-elle avec affront.

On ne la changerait pas, toujours aussi téméraire, jouant avec le feu, mais se brûlerait-elle? Gabriel, semblait encore et toujours essoufflé. Elise avait oublié la blessure, se souciant plus de son propre sort. Gabriel posa sa tête contre le mur, sa joue frôlant celle d'Elise. Ce contacte brûla la jeune femme, la laissant pantoise. Elle désirait s'écarter, mettre le plus de distance entre lui et elle, mais impossible car bien qu'il est relâché la pression, il la tenait toujours aussi fermement contre lui, l'empêchant de se mouvoir, de s'échapper.

"Rendez-moi le poignard, je vous en prie… Rendez-le-moi et… et je vous fais la promesse que votre bonheur ne sera plus entaché par ma présence. Je serai invisible, un fantôme dans votre vie, Élise… Dans les mesures du possible, vous serez libre. Le poignard… Élise… et je vous donne ma parole."

Elise écarta sa joue de celle de Gabriel, puis d'un bref mouvement de tête, la tourna sur la gauche se retrouvant face a lui, scrutant son visage, ne dévoilant qu'une étrange lassitude, présente depuis peu. Il la lâcha mais ne s'écarta pas pour autant, la jeune femme baissa ses bras, coinçant le poignard entre son bras et son corps. Elle prit de ses deux mains, une de celles de Gabriel, puis baissa la tête. Elle commença a toucher la main, hésitante, caressa le dos de sa main, réfléchissant toujours, faisant courir ses doigts le long de son bras, suivant le réseau bleuâtre des veines aux creux de son coude, puis tout en continuant, murmura, indécise:

"Qui êtes-vous donc pour juger de mon bonheur? Vous savez donc ce qui est bon ou non pour moi? C'est amusant, depuis quelques jours, je ne le sais pas moi-même, alors apprenez-moi, dites-moi ce qui est bon ou non pour moi!
Elle rigola presque silencieusement. Ma liberté, vous venez de me l'enveler, Gabriel...Si je vous rends ce poignard, j'aurais la liberté...Est-ce bien cela le contrat? Et bien, alors je le garde! Vous ne l'aurez pour rien au monde, sauf si vous vous battez pour l'obtenir. Il n'y a aucune échappatoire, n'est ce pas? Notre vie est un cercle vicieux, et comme tout cercle, celui-ci est sans fin. Ne vous arrive-il jamais de vouloir cesser cette mascarade? De changer...De n'etre qu'une personne simple, sans couronne, sans cela, elle désigna la chambre, trop magnifique a son goût. Sans cette beauté fade dont nous faisons nous-même parti."

Elise pensait a trop de chose a la fois, étant plus qu'incohérente. Ce long monologue avait été ponctué d'arrêt fréquent, soit parce qu'Elise cherchait ses mots, soit parce qu'elle hésitait a parler. Elle avait dit la vérité, elle était prête a lui raconter sa venue ici, son métier mais partiellement, ne pas rentrer dans les détails seulement lui dire qu'elle ne faisait pas qu'écrire des romans épiques, peut-être même lui dire qu'elle écrivait des articles. Mais donner le noms du journal, jamais, donnez son pseudonyme, jamais, bien vite il irait lire les articles qu'auraient écris Marie Dalisea Quelse et n'apprécierait pas vraiment la chose. Elle se rappelait de quelques passages intéressants: "Pourquoi le roi et ses fils, notamment le dauphin, ne peuvent-ils pas se déganter et jouer les héros qu'ils clament être devant les jolies jeunes femmes de la cour! " ou "Gabriel, l'air ratatiné, lisant un livre sur l'amour et Elise de la Marquise, sa futur épouse, le scrutant sévèrement, comme une maîtresse face a un élève qui n' apprendrait pas bien sa leçon". Certainement, il serait en colère, et la tuerait réellement, non l'ignorance était le mieux!

Elise relacha la main de Gabriel puis la posa cette fois sur son torse, la ou était la blessure. Immédiatement, elle le vit se contracter, sous l'effet de la douleur. Apparemment il jouait les héros, montrant plus de force qu'il n'en avait véritablement. Elise soupira. Encore une fois. Elle reprit avant qu'il n'ait eu le temps de répondre:

"Vous n'etes pas si fort que vous le prétendez. Elle écarta ses doigts et baissa les yeux sur la blessure, lui montrant de faire pareil. Je pourrais partir, avec le poignard, la lettre, vous laissant ici, presque mourant. Cela ne me coûterait rien du tout, et sans doute, je retournerais a mes occupations, cherchant entre autre a savoir la raison de cette blessure et d'où provient cette arme. Vous ne pouvez m'en empêcher, du moins pas par la force. A partir de maintenant nous échangeons nos armes. Vous prenez les mots et moi mes mains. Déclarerez-vous forfait ou pas? Prouvez-moi que tout ceci n'est pas nécessaire, que vous avez autre chose dans le ventre qu'une froideur ridicule ou qu'un amour passagé. Il me suffit d'appuyer la et tout sera fini."

Et tout sera fini...Ses dernières paroles raisonnaient encore dans sa tête comme une sentence finale. Pourquoi? Elle sut, elle n'avait pas envie que tout ceci se finisse. Utilisez la blessure de Gabriel pour ses propres besoins étaient bas, et elle faisait semblant que cela lui importait peu, mais cette blessure qui peu à peu laissait le sang s'échappait la rendait folle. L'hémorragie ne cessait et il fallait faire quelque chose sinon il perdrait conscience. La jeune femme fit glisser sa main de l'autre coté du torse de Gabriel puis délicatement le poussa vers le lit, elle se décolla du mur et murmura:

"Retournez sur le lit, de toute façon, j'ai gagné encore une partie et vous n'êtes plus en état de concourir..."

Lors de leurs nombreuses joutes, elle avait gagné, et encore une fois, elle gagnait, du moins en apparence. Un jeu lassant sans queue ni tête. Pourtant, cette fois, il lui manquait quelque chose, quelque chose qui d'habitude était comblé, quelque chose qui chaque fois qu'elle remettait Gabriel a sa place la rendait heureuse et fière d'elle. Pourtant cette fois, ce quelque chose n'était pas au rendez-vous, ou peut-etre si mais sous une autre forme, celle du regret, sans doute...
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Gabriel de Guerry
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeDim 28 Oct - 0:41

"Cette lettre était inachevée."

Ce fut là son dernier commentaire au sujet de la lettre déchirée, vouée à l’oubli, à la poussière, comme tout. Peut-être était-elle partie avec l’espoir d’un amour, d’une vie qui eut un sens, peut-être… Mais Gabriel chassa de son esprit ces pensées. Elles le hanteraient sans doute sans relâche, mais là, maintenant, il les chassa loin.
Il avait devant lui une Élise qui luttait, encore et toujours, qui s’accrochait avec ferveur. Elle avait cette force qu’il n’avait jamais connue, une volonté à laquelle il avait jadis renoncée. De familière elle était passée à étrangère. Et lui? Petit Prince gâté, pourri de l’intérieur, le vide qui s’était immiscé en lui s’était ampli de petits vers qui finiraient un jour par l’achever. Comment vaincre cette infection enracinée à son cœur qui, à chaque battement, lui donnait l’impression de toujours et encore le pousser vers le gouffre? Sans était assez. Gabriel, inerte, se laissa guider par sa rage et sa colère, par son amour devenu fou et désespéré, le seul qui sût encore faire usage de ce corps de roi.
Et puis, sa conscience parla. Alors que ses dernières forces, guidées par un esprit tourmenté, s’évertuaient à garder alerte le prince et Élise sous son joug, Gabriel, du fond de son jardin de glace, lui fit une promesse, à elle, l’unique soleil qui parvenait à s’infiltrer au travers des branches gelées, nouées, de ce marais perdu.

"Qui êtes-vous donc pour juger de mon bonheur?
-Personne…" souffla-t-il de façon à peine audible.

Du reste, il écouta, les paupières closes, ses muscles de moins en moins tendus. La voix d’Élise le berçait et lentement réchauffait le jardin de glace de Gabriel. La glace devenait eau, minces ruisseaux sinueux. Un jardin qui pleure… Renaîtra-t-il de ses larmes?
Aucune échappatoire, disait-elle. Un cercle sans fin… Comment briser le destin? Y en avait-il seulement un? Une personne simple. Était-il une personne simple? Qui l’était? Tristan? Le roi? Élise? Qu’est-ce que simple?
Je ne suis pas simple, se disait Gabriel. Je ne suis pas simple, je suis multiple. Je suis Alexandre. Je suis Cyprien. Je suis le futur roi, je suis le prince, je suis le futur époux, je suis le futur père, je suis l’escrimeur, je suis l’assassin, je suis le fils, je suis le frère, je suis l’amoureux, je suis le fou, je suis le naïf, je suis… Gabriel.
Il suivit des yeux le geste d’Élise.

"Ma chambre est hideuse…" souffla-t-il d’une voix rauque, sans vraiment s’adresser à Élise, un peu perdu en fait, dans sa tête.

Élise avait une de fois de plus prit le dessus et lui faiblissait à vue d’œil, physiquement du moins, car en lui s’opérait un changement, lentement, mais régulier. De son jardin, Gabriel voyait le monde comme un tableau impressionniste, flou par de longues larmes qui embrumait le paysage.
Il baissa la tête, comme Élise le fit. Le sang s’écoulait, lui aussi, et donnait à sa chemise une teinte vermeille, mais ce rouge sang n’avait rien de très beau, trop foncé, trop… il gâchait le tableau, lui donnait un parfum de tragédie. Je ne suis pas tragédien, songea Gabriel du méandre de ses fleurs qui pleurent.
Ses yeux rivés à la tache grandissante, il se laissa guider par Élise, reculant à petits pas las vers son lit. Qu’elle ait appuyé sur sa blessure, il n’aurait rien fait pour l’en empêcher. Il n’avait plus envie de se débattre, il n’avait plus la force…plus le motif. Il recula, recula, la main d’Élise contre lui, il trébucha à un moment et lui prit le poignet, sans réfléchir, sans y porter attention, ses doigts glissèrent jusqu’à une main d’Élise et s’y accrochèrent comme ils le purent. Elle avait gagné? Encore? Oui, peut-être n’était-il plus en état de concourir, du moins plus par la force de ses bras…mais encore.

Le derrière des jambes du prince heurtèrent le bord du lit. Sa main tenait toujours celle de la jeune femme, son regard allait vers le bas. Gabriel s’était défait des lianes de givres qui l’avait tenu immobile, assis sur un banc de glace dans un certain endroit isolé, il se levait, et marchait, allait vers son soleil, parce qu’il avait eut si froid…
De sa main qui tenait celle d’Élise, il se mit lentement à jouer avec ses doigts, à les frôler, à caresser sa main de son pouce, à la tenir, tout simplement… Et avant qu’elle ne l’incite à se coucher ou quoi que ce soit d’autre, il reporta son regard sur ses yeux qui traduisaient son caractère bien trempé, sur son petit nez, sa bouche invitante, son menton arrondi, son cou délicat, ses fines épaules qu’il devinait sous sa chemise…sans jamais lâcher sa main. De nouveau absorbé par le regard de la future reine, Gabriel, sans mot dire, contempla. Il se serait vidé de son sang tant il avait les esprits ailleurs, détachés de ce corps meurtri, cependant la nature des choses le ramena à la réalité. Ce prince s’obstinait à concentrer ses forces sur autre chose que sa blessure? Hey bien le corps se chargerait de prendre en main la situation, d’abord en plongeant dans le noir les esprits de Gabriel. Il se mit à voir des points noirs, cligna anormalement des paupières, cherchant la lumière, le visage d’Élise…

"Élise…?"

Plus rien. Il tomba évanoui sur le lit. Sa respiration demeura constante, il s’était profondément endormi.



"Élise…?"

Quelle heure était-il? Était-elle partie? Était-il…mort? Non… toujours cette pièce trop bleue, trop grande, trop belle, trop laide, dans laquelle résonna la voix endormie de Gabriel, dans l’espoir d’une réponse.
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Elise de la Marquise
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeSam 5 Jan - 15:33

[Voilà je l'avais depuis longtemps, mais je ne l'avais pas mis, j'espère que cela t'iras et que tu répondras]

Elise, poussait lentement Gabriel vers le lit, le guidant comme elle l'aurait fait pour un enfant. Qu'il s'endorme et la laisse réfléchir en paix. Elle avait besoin de reprendre pied, d'analyser les choses, ce qui s'était passé. Elle qui avait si l'habitude de contrôler le monde qui l' entourait, se retrouvait à présent dérouter. Quant à Gabriel, il paraissait ne plus la voir, avançant à reculons, avançant à l'aveuglette, étant ailleurs, dans un autre monde. Mais où était passé ce redoutable guerrier qui la menacer quelques instants plus tôt? Elle le regrettait déjà et fut tenter de le secouer comme un prunier. Elle le sentait faiblir et se demanda si elle devait en informer le roi. Quelles en seraient les conséquences? Certainement une guerre entre père et fils. Elle aurait bien voulu voir cela, pour voir le jeune homme se faire gronder et puis pour apprendre la fameuse et mystérieuse raison de cette blessure, mais le problème, et il était de taille, était qu'elle de son côté aurait des comptes à rendre a son propre père...notamment sur le fait qu'elle se trouvait dans la chambre de son futur époux dans la tenue de son futur époux. La situation n'était pas à son avantage et pouvait paraître trop suspecte. Heureusement pour Elise, fidèles a leurs habitudes, Gabriel et elle-même n'avait fait qu'une chose: se taper dessus. S'en lasserait-elle un jour? On disait que pour certaine personne, frapper les gens était une manière d'etre affectif, sur ce point la, ils avaient tord, entre le futur couple royale, rien ne les réunissaient mise a par leur haine réciproque et celle-ci ne cachait absolument rien. Enfin du moins, celle qu'Elise éprouvait pour Gabriel.

Soudain, elle sentit la main du jeune homme se tenir a son poignet, et le corps de ce dernier vaciller. et tomber vers l'avant. Surprise, elle l'attrapa plus fermement son torse, et Gabriel lâcha son poignet pour s'accaparer l'autre main d'Elise. Etait-il un profiteur ou était-il véritablement tomber? Avait-il jouer avec la sensibilité d'Elise? Le rustre! Elle allait le renvoyait méchamment lorsque le prince se mit à jouer avec sa main, la laissant de plus en plus interdite. Sa main était étrangement chaude, et grande, de longs doigts fins, comme ceux d'un musicien, d'un pianiste. Elle voyait les veines bleutées à travers sa peau diaphane. L'envie incommensurable de suivre du doigt leurs chemins empêcha Elise de rejeter la main de Gabriel loin d'elle et de s'enfuir. Il traçait leur contour comme s'il découvrait la jeune femme pour la première fois, de plus son regard inquisiteur ne faisait que renforcer le malaise qui s'insinuait en elle. Elle sentait son regard sur elle et elle, contemplait sa main, en espérant que bientôt il finirait son inspection. Seulement il ne stoppait pas, et Elise paniquée, lâcha vivement la main de Gabriel. Celui-ci chancela une seconde fois, son équilibre précaire, envolé, il s'effondra dans les couvertures moelleuses. Elise se pencha, puis s'aperçut que déjà il dormait d'un sommeil des plus profonds, comme si cela faisait des heures qu'il reposait! Un mort! Elise était certaine que même les plus horrible tortures ne l'aurait pas éveillées!

Tandis que Gabriel allongé, semblait ne plus être auprès d’Elise mais loin, dans les méandres des songes, la jeune femme était taraudée. Tous ses préjugés, ses idées fondées, ce qui avait dirigé jusqu’alors sa vie paraissait s’écrouler peu à peu. Elle scrutait, avec affliction, cet être qu’elle avait jugé gandin, trop peu abscons, dupe, veule, enclin a la paraisse et à la tartuferie, sans un brin de sagacité, cet être qui selon elle n’avait mérité que des vétilles de sa part, dont elle s’était gaussée si souvent…du moins c’est ce qu’elle avait cru jusqu'à présent. Elle se leva et soupira, las de cette comédie. Devait-elle poursuivre ce jeu qui avait commencé depuis trop longtemps ? Elle pouvait bien entendu, reprendre tout comme avant, redevenir cette future reine farouche et intouchable dont Gabriel avait dit être épris. Mais celui qu’il avait été ne semblait plus exister, le petit garçon avait fait place à un redoutable prince, a moitié mort sur son lit, songea Elise mi-figue mi-raisin.
Jetant un dernier coup d’œil à son hôte, elle s’approcha d’un fauteuil près duquel se trouvait un guéridon suranné sur lequel s’entassaient des paperasses. Au diable le prince ! Au diable son père et au diable cette vie dorée. Elise s’en voulait d’être si bilieuse pour si peu. Elle s’assit sur le fauteuil et ferma les yeux, puis pris les feuilles et lut. Elles parlaient des affaires du royaume et notamment de la guerre. De nouvelles troupes devaient partir se battre au front, alors que le prince, lui restait au chaud, dans ses draps de soie. La jeune femme les mit dans la poche de son pantalon, puis se releva et récupéra les bouts de la lettre que le jeune homme lui avait adressé quelques années plus tôt. Deux en un, d’une part elle servait son pays en l’informant des idées belliqueuses qu’avait son roi et de l’autre elle…elle, elle réfléchirait a son propre venir.
Afin de mieux connaître son ennemie ou peut-être (chose plus véridique) pour mieux se voiler la face, Elise parcoura les lieux des yeux, fouinant comme à son habitude. Le prince était un homme un peu trop propre, la jeune femme fut déçue de ne pas découvrir une facette de Gabriel malpropre, en apercevant des affaires jonchées sur le sol. Il était méticuleux, sur son bureau, plumes et encres étaient posées dans un coin près d’une lampe à huile et de quelques feuilles vierge. Elle imaginait ses chaussettes et ses sous-vêtements rangés dans des tiroirs, un tiroir pour une sorte de vêtement. Cette idée lui tira un bref rire, qu’elle retint le mieux qu’elle put pour éviter de réveiller le dormeur. En face du bureau, à l’autre bout du lit, Elise vit une magnifique bibliothèque, car bien qu’elle soit petite, comparée a celle du château, elle paraissait être plutôt bien garnie de livres plus fascinant les uns que les autres. La pièce en elle-même, un meuble richement décoré, représentait toutes les heures de travail qu’avait données l’artisan. Elle s’en approcha et toucha du bout des doigts la reliure des ouvrages. Il n’y avait pas de poussières dessus, à croire que tous les jours quelqu’un venait les astiquer, quelle horreur ! La jeune femme repensa au nombre incalculable de fois ou sa propre bibliothèque avait été sujet a fustigation. Etant petite (et toujours maintenant), Elise adorait laisser de la poussière sur les étagères et les araignées faire de ce meuble leur demeure. Sa seule explication face au courroux de sa mère était son envie de faire de sa chambre, une chambre semblable a celle que l’on trouvait dans les contes et dans les vieux châteaux. Celle de Gabriel, représentait magnifiquement bien l’image qu’Elise se faisait de son futur époux. Elle se demanda s’il les avait tous lus ou bien, s’il l’utilisait, comme la plupart des nobles, de décoration, ou pire si elle faisait d’eux des érudits alors qu’ils n’étaient qu’ignorants. Elle aurait aimé lui en emprunter quelque uns mais elle répugnait à lui demander quelque chose, surtout qu’en ce moment entre eux ce n’était plus le grand froid, mais plutôt l’air glaciaire.
Combien de temps resta-elle à contempler cette chambre ? Elise ne le sut jamais, mais, à force, elle sentit ses yeux s’user. Désireuse de partir, elle s’approcha du cordon à sonnette qui appelait les domestiques, afin qu’ils préparent un phaéton, mais au dernier instant elle se ravisa. « Je reste juste une seconde… » Elle s’approcha lentement, hésitante. Elle contourna le lit, puis posa une main tremblante sur le torse de Gabriel. Sa respiration bien que faible était apaisée. Des taches carmin gênaient l’étrange tableau. Le jeune homme reposait une main sur le garrot de fortune, l’autre tenant fermement l’oreiller, au dessus de sa tête dont les longs cheveux bruns presque mordorés grâce les reflets du soleil formaient une auréole autour. Sa chemise qui devait être immaculée ne ressemblait plus à grand-chose. En dessous, son corps imberbe, paraissait rompu par la fatigue, qu’avait-il donc fait cette nuit ? Il ressemblait à une statue marmoréenne, à la fois mystique et révélatrice de ses sentiments les plus profonds. Si Elise à ce moment avait osé le toucher elle aurait été surprise de se rendre compte qu’il n’était pas aussi dur que la pierre.

« Elise »

Un son infime, quasi inexistant, imperceptible s’enfuit de sa bouche. Ses lèvres s’étaient légèrement entrouvertes et sa respiration haletante témoignait de l’effort qu’il faisait.
Quant à Elise, elle ne savait où donner de la tête. Devait-elle oui ou non lui dire qu’elle se trouvait toujours dans sa chambre ? Elle pouvait partir en une seconde et dans l’état dans lequel était Gabriel il ne se rendrait pas compte de son départ et elle n’aurait pas à justifier sa présence. En effet, rien ne l’avait retenue avant qu’il se soit endormi elle s’était ouvertement moquée de lui alors pourquoi était-elle restée ? De plus il ne lui avait même pas demandé a ce qu’elle soit présente lors de son réveille. Fuir, voila la solution. Elise se précipita vers la porte d’entrée, ne cherchant même pas à ne pas l’éveiller, tant pis  pour lui, le principal était qu’il ne sache jamais qu’elle était restée près de lui. Elle sortit puis entendit des bruits, des voix de jeunes enfants. Une vraie cacophonie. Ils chantaient, mais quoi ? Elise ne sut le dire, et peu lui importait ! Ils arrivèrent, tous venaient du couloir perpendiculaire à celui qui menait à la chambre du prince, et a présent surprenaient Elise. Ils se regardèrent en chien de faïence, les uns comme l’autre, ne devant apparemment pas se trouver en ces lieux. Elise se redressa, relevant son buste, fière, prête à admonester ces jeunes garnements. Quant aux garnements en question, ils scrutaient l’inconnue qu’ils ne reconnaissaient pas dans les habits du prince. Celle-ci s’adressa à eux en premier :
« -Que faites-vous dans cette partie du château ?
-Ca t’regarde pas, puis t’es qui toi ?
-Une ennemie du royaume, interessant, dites-moi que chantiez-vous donc ?
-Elle t’plait not’e chanson ? Ricana le garçon le plus proche d’elle, les mains sur les anches.
-Chante, je vous dirais cela après !
-L’prince Gabriel est tombé par terre,
C’est la faute à son père,
Elise s’fou d’lui,
On en rigolera tous jour et nuit!

Elise n’en fut pas toute ébaudie, elle ne leur hurla pas dessus, elle n’appela pas non plus un domestique, non, simplement, elle sourit. La vérité sort de la bouche des enfants, pauvre vérité, en effet, elle la laissait perplexe. Qu’aurait fait Elise si Gabriel était mort ? Elle aurait laissé sa place a une autre futur épouse, a un autre prince, un des frères a Gabriel, et personne n’aurait su pourquoi il s’était battu. Elle murmura :
-Dites-moi, que feriez-vous si quelqu’un ne voulait pas vous dire un secret, et que vous ne désiriez qu’une chose : le connaître !
-J’l’ui f’rais cracher son s’cret ! On m’cache rien, à moi !
Les rires emplirent le couloir, jusqu’à ce qu’un domestique soit au courant. Il dut les entendre, mais qu’importe, alors qu’il arrivait en promettant mille malédictions pour les sept ans à venir aux chenapans, ces derniers s’étaient depuis longtemps envolés et Elise ne trouvant qu’une issue, retourna dans la chambre de son prince bien-aimé. Lui, semblait à peine réveillé, à mi chemin entre le songe et la vie réelle. « Le prince Gabriel est tombé par terre, c’est la faute à son père. Elise se fou de lui, on en rigolera tous jour et nuit. »La chanson raisonnait encore dans la tête de la jeune femme, comme une sentence que l’on ose prononcer.

« Gabriel. »

La jeune femme s’approcha du lit et se pencha vers le prince. Elle posa une main sur celle du prince et le secoua légèrement. Elise le prit sous les bras et tenta de le relever. Elle ne savait pas si c’était le propre des hommes, mais qu’ils étaient lourds ! Surtout celui-ci. Apparemment, soit il cachait merveilleusement sa graisse, soit ses muscles étaient en acier, dans tous les cas, s’il ne l’aidait pas à le remonter, elle le laisserait crever sur place ! Autant exprimer ses vœux à voix haute, Elise s’exclama avec acrimonie:

« Que vous êtes lourd ! Aidez-moi un peu ! Fainéant ! Sinon je vous laisserais égrotant ! »

Après maints essais, il parvint enfin à se hisser sur la tête de lit. Heureusement pour lui, sinon Elise n'aurait pas hésité à exécuter ses menaces. Elle reprit, fière d'elle:

"A présent raconter moi tout! Je suis en position de force, vous ne pouvez rien me refuser! La procrastination n'est pas une qualité! Alors cessez de jouer avec moi! Je veux tout savoir, ou le roi sera au courant, de vos...occupations nocturnes!"

Il avait cherché la guerre, ils s'étaient battus, elle avait gagné. Dans quel monde avait-il pu penser pouvoir gagner à ce jeu là, et avec elle!?
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Gabriel de Guerry
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeMer 9 Juin - 21:08

Mourir, en voilà une idée. Gabriel était convaincu qu'à l'éveil de sa mort, il se découvrirait planant dans un ciel limpide, au-dessus d'un pays sans nom. Ses bras seraient devenus de grandes ailes blanches et son corps aurait gagné la légèreté d'un nuage. À sa mort, Gabriel ne regretterait rien. Il ne resterait pas pour les funérailles, trop prompt à enfin trouver son ciel. Il ne verrait pas les larmes couler pour lui, mais aurait préalablement creuser un canal pour les conduire à son jardin. Qu'ils pleuvent, pour le prince. Que son père et ses frères apprennent à l'aimer dans la mort, pour mieux le pleurer et faire vivre ses roses. Mais que sa mère le retrouve dans leurs silences, et qu'Élise... Qu'Élise...

Il ouvrit les yeux, les referma. Prudemment, les rouvrit à nouveau, et plissa les paupières. Quel affreux paysage que celui devant lequel il se trouvait. Que de moulures déformaient un blanc laiteux sur lequel scintillait un soleil pompeux. Gabriel porta son bras sur son visage, et gémit, comme un gamin qui n'avait pas envie de se lever. Le précepteur devait-il venir, aujourd'hui? Il tendit l'oreille. Des voix lointaines traversaient la porte. Des voix d'enfants. Ses frères? Leur chant s'interrompit un moment. La voix d'une femme. Sa mère? Non... Cette voix, même s'il le souhaitait ardemment, il n'arriverait jamais à se convaincre qu'il en avait oublié le visage.
Il souleva son genou droit en soupirant, sentit un picotement désagréable dans sa hanche et rabaissa sa jambe. Qu'il était grand, et lourd. Qu'il était vieux, ce Gabriel dans lequel il venait de s'éveiller. Une fois pour toute, dégageant ses paupières de son bras, il les souleva, pour voir. Ce ciel était le plafond de sa chambre. Ce soleil, un lustre. On avait enterré le dauphin dans un immense cercueil bleu. Avec tout cet espace libre, il pourrait mourir encore au moins... Une trentaine de fois. Trente princes serrés les uns sur les autres. L'idée lui arracha un sourire.

Gabriel revenait à lui, non pas sans avoir trébuché quelques fois sur les extravagances de ses esprits usés. Il posa une main sur son bandage. La plaie avait cessé de saigner, depuis un moment lui sembla-t-il. Sa plaie qui devait sentir le mauvais parfum... Cela lui ferait une belle cicatrice. Qu'il se réjouisse de son emplacement, ils seraient bien peu nombreux à la voir. Il n'y aurait qu'Elise. Si elle ne l'achevait pas avant qu'ils ne montent sur le trône. Ou si elle ne se refusait tout simplement pas à ce que l'on attendait d'une reine, entre autre.
Puis, à nouveau cette porte. Qu'on la ferme, qu'on l'ouvre, mais qu'on le fasse pour de bon... Il s'imaginait l'air paniqué d'une domestique, le découvrant ainsi affalé sur ses draps, une tache rouge criant sur sa chemise. Le prince est mort! Le prince est mort! Il éclaterait de rire. Vive le prince...

« Gabriel. »

Elise. Ne l'avait-elle pas tué, plus tôt? Sorcière... La voilà qui le ramenait à la surface, comme un corps échoué au large. Pourquoi se donner tant de mal? Sa curiosité devait être un monstre encore plus terrible qu'il ne se l'était imaginé. Pantin sans fils, Gabriel ne l'aida pas de suite à l'aider, incertain d'être bel et bien là où il sembla qu'il fut.

« Que vous êtes lourd! Aidez-moi un peu! Fainéant! Sinon je vous laisserais égrotant! »

Il sourit, aussi lâchement qu'il se tenait, mais fit tout de même un effort pour se redresser et trouver appui, s'adossant à la structure vernie de son radeau, de son cercueil, de son lit.

« Élise... »

Commença-t-il de sa voix éraillée, sans terminer, ses idées traînant toujours derrière lui. Et il leva ses yeux cernés vers elle, soupira lourdement en inclinant sa tête sur le côté, contre une moulure de bois. Il entendit malgré lui les mots de la jeune femme, chercha sa main du regard, trouva sa bouche, tomba sur ses épaules et faillit glisser plus bas. Il détourna les yeux vivement, les ferma un moment, avant de les rouvrir sur sa propre main gauche qui gisait sur son ventre. Il devait retrouver le prince en lui, le futur roi armé aux mots bien aiguisés, choisis. Car il y avait cet homme, abîmé mais plus vivant qu'il ne l'avait souvent été, qui cherchait à percer. Cette lettre, il en était l'auteur.

« A présent raconter moi tout! Je suis en position de force, vous ne pouvez rien me refuser! La procrastination n'est pas une qualité! Alors cessez de jouer avec moi! Je veux tout savoir, ou le roi sera au courant, de vos...occupations nocturnes! »

Il ne masqua pas sa déception, et ce qui ressembla bien à une pointe d'agacement. Il demeura un moment à éviter le regard d'Elise, fixant le bureau derrière elle. Gabriel était déchiré par un choix qui demandait la résolution d'un problème duquel il n'était toujours pas venu à bout. Elle le précipitait, le poussait vers un chemin qu'il n'avait jamais eu l'intention d'emprunter. En même temps, il ne pouvait s'empêcher d'apprécier la présence de la jeune femme à ses côtés. Aussi expira-t-il longuement en portant une main à son front, puis la laissa tomber sur lui en revenant à Elise.

« Comment vous résister, Elise... Et comment ne pas vouloir que votre bien? À vous haïr comme je vous hais, je ne peux qu'espérer vous savoir saine et sauve, n'est-ce pas? »

Gabriel ne perdait pas la raison. Peut-être se montrait-il un brin ironique, mais c'était envers lui-même et sa propre incohérence. Il devait y avoir un peu de prince, qui s'était écoulé par cette plaie.

« Mais sachez qu'à vous dire ce que vous souhaitez m'entendre vous révéler, vous ne gagnerez rien. Au contraire... Et ne pourrez éviter la défaite. Une longue... Irréversible... défaite. Car il vous sera impossible de plus ne voir en moi que le prince auquel l'on vous a enchaînée de force, mais peut-être bien votre seul et... véritable allié... »

Il reprit son souffle et se redressa davantage, fronçant les sourcils à l'effort. Et jaugea Elise, une fois assis plus convenablement. Il osa la regarder comme jamais il n'avait eut le courage de le faire. La fatigue, peut-être, effritait sa gêne, sa courtoisie maladive qui bridaient ses envies, ses désirs qui se montraient un tant soit peu insistants. À trop rechercher la perfection, la réussite, il en égarait les raisons d'être cet héritier que l'on s'efforçait à façonner si durement. Pourquoi les bonnes manières et la grandeur, pourquoi la noblesse et la droiture? Peut-être pour entretenir l'illusion qu'un tel être était forcément bon, qu'il donnait droit à l'espoir d'un peuple? Peut-être... Mais alors, aussi bien sculpté le souverain à même un bloc de marbre. Solide, fier, immuable prince que celui immortalisé dans la pierre. Elise le préférerait sans doute à ce Gabriel trop fragile, brisé, maladroit... Un rêveur de futur roi qui, s'il en avait eu l'occasion, aurait privilégié les histoires aux affaires politiques dont on le chargeait.
Il regarda Elise, et murmura.

« Mon plus grand défaut est de vous aimer... »

Elle en avait fait un mauvais prince et en ferait un mauvais roi. Mais il n'y pouvait rien faire, et à dire vrai, s'en montrait fort moins atteint qu'il n'aurait cru l'être. Qu'est-ce qu'un bon roi, après tout...

« Je sais qui vous êtes, Marie... Et c'est pour cette raison que je souhaite dissimuler ce poignard, et cette plaie. »

Il tourna légèrement la tête, baissa les yeux.

« Ne m'en demandez pas plus... »

Pouvait-elle se contenter de lui faire confiance? En vérité, à ce moment précis, il n'y songea pas, ne songea plus aux conséquences de ses aveux et ne fit que les attendre. Qu'elle reparte, si elle le souhaitait. Qu'elle l'abandonne à son cercueil. Son lit plutôt. Et qu'elle vaque à ses affaires, comme s'il n'avait jamais existé, et que cette conversation n'avait été qu'un coup de vent...
Gabriel serra la mâchoire.
Oui, qu'elle l'oublie, tient. Qu'elle le traite de fou. De menteur. Qu'elle l'accuse d'inventer des histoires impossibles, il la croirait sans doute... Et on le retrouverait là, rompu dans un nid de soie. On le soignerait, on s'efforcerait peut-être même de ne pas ébruiter l'incident... Et quel incident? Je suis tombé... Sur un poignard. Pardon? Et le prince rirait, comme un fou. Je suis tombé! Sur un poignard! Il traînait, entre deux lattes de bois... J'ai trébuché, en dansant, et... Voilà. Un bain froid, un Roi en colère qui lui ferait entendre sa façon de penser, et il serait comme neuf, tout de courbettes et d'éloquence à nouveau, avec pour unique souvenir de ces instants de vérité une fine cicatrice dont il égarerait l'origine dans la paperasse.
À moins qu'Elise ne le lui rappelle...

[Euh... comment on dit déjà...? Désolé pour le.. retard? <<]
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Elise de la Marquise
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeSam 19 Juin - 2:10

[Moins beau que toi. Il faut reprendre l'habitude. En espérant que Gabriel survive à Elise.]

« A présent raconter moi tout! Je suis en position de force, vous ne pouvez rien me refuser! La procrastination n'est pas une qualité! Alors cessez de jouer avec moi! Je veux tout savoir, ou le roi sera au courant, de vos...occupations nocturnes! »

Les yeux de son tendre prince ( Ô douce ironie ) se voilèrent alors qu’Elise lui imposait cet ultimatum : la vérité ou la promesse d’ennuis auprès du monarque.
La jeune femme se mordit les lèvres, aucunement gênée par sa conduite : la fin justifie les moyens. Et ce n’était pas comme si Gabriel comptait pour elle, non ?

En même temps, il s’avérait, qu’elle-même, à la place du jeune homme, serait déçue et prête à sortir les griffes pour se défendre. Mais c’était l’unique moyen pour savoir la vérité sur cette affaire et Elise sentait l’angoisse ronger son estomac et son cœur : après tout, et si Gabriel était au courant de son autre identité ? Et si d’autres hommes aussi ? En outre, d’autres interrogations venaient s’ajouter : que savait-il exactement d’elle? Lui aussi avait-il une autre vie ? Avait-il fait le rapprochement entre Maria et Elise grâce ou à cause de ses « indices » disséminés dans ses articles ? Dieu ! Elle savait que cette idée n’avait pas été brillante…mais elle avait aussi eu tant besoin de faire passer sa colère et sa frustration sur quelque chose !

Les yeux d’Elise s’écarquillèrent d’effroi et elle tenta tant bien que mal de se reprendre. Il ne fallait pas que Gabriel se rende compte de son trouble. Un bref regard vers le blessé et elle retint un soupire de soulagement : ce dernier était bien trop plongé dans ses propres réflexions et dans la contemplation du bureau derrière elle : il n’avait pas remarqué son instant de faiblesse.

Mais en boucle, dans son esprit, revenait LA question. Celle qui l’angoissait bien plus que toutes les autres, bien plus que de raison : et si Gabriel voulait-il lui-même la forcer à se soumettre à lui en lui faisant du chantage ? Ce serait si facile. Elle imaginait déjà un sourire vainqueur accroché sur les lèvres de la statue blessée qui se trouvait en face d’elle et la réplique, digne d’un roman sombre, qui serait chuchotée, savourée par Gabriel : « Mais dites-moi Elise, et si nous concluions un marché vous et moi ? Vous devenez la femme que la cour et moi-même attendons que vous deveniez, vous m’épousez et vous vous occupez tendrement de votre royal époux que je serais et en échange, dans ma grande bonté, nous garderons pour nous votre petite crise d’adolescence tardive. Maria n’aura jamais existé. »

Horreur.

Elise se devait de raisonner avec sang froid, Gabriel n’agirait jamais ainsi, il était trop naïf, enfantin, dépassé par ce monde de politiciens carriéristes.

Quoique…A bien y réfléchir, le Gabriel qu’elle découvrait aujourd’hui venait d’ébranler ses convictions. Jamais elle ne l’aurait cru si sombre, torturé, si…mature : un enfant qui jouait dans la cour des grands, comme elle. Il fallait juste qu’elle prenne garde à ce qu’il ne découvre jamais l’existence de Maria.

« Comment vous résister, Elise... Et comment ne pas vouloir que votre bien? À vous haïr comme je vous hais, je ne peux qu'espérer vous savoir saine et sauve, n'est-ce pas? »

Reprenant pied à terre, la jeune femme contempla Gabriel. Se moquait-il d’elle ? Sceptique elle plissa les yeux et ne put s’empêcher de marmonner, pareille à une enfant boudeuse :

« Je veux savoir la vérité. »

Sa rhétorique avait-elle disparu lorsqu’elle avait troqué ses propres vêtements pour ceux du prince ? Peut-être qu’en enfilant les habits de Gabriel, elle prenait son caractère aussi ? Voilà qu’elle oubliait ses réparties cinglantes pour retourner en enfance. De toute façon que Gabriel ait affaire à une Elise ou à une autre, il n’en restera pas moins dépassé par les événements : si la Elise adulte était difficile à vivre, ce n’était rien comparée à la Elise gamine. Le diable à côté, était un enfant de cœur.

« Mais sachez qu'à vous dire ce que vous souhaitez m'entendre vous révéler, vous ne gagnerez rien. Au contraire... Et ne pourrez éviter la défaite. Une longue... Irréversible... défaite. Car il vous sera impossible de plus ne voir en moi que le prince auquel l'on vous a enchaînée de force, mais peut-être bien votre seul et... véritable allié... »

Faisant fi du regard insistant qui était posé sur elle, Elise fronça les sourcils, retenant un grondement sourd. Ce n’était peut-être pas élégant et digne d’une jeune fille de noble naissance, mais lorsque la colère refaisait surface, elle pouvait en oublier totalement son éducation. Une défaite ? Il annonçait sa défaite ? Devant un autre, les bras lui en seraient tombés, mais devant lui, devant Gabriel, son ironie mordante n’était pas à la hauteur du challenge qu’il venait de lui proposer. La mettait-il au défi ? Pour sûr qu’elle allait l’accepter. Battre le prince serait sa plus belle victoire. Elle lui montrerait qu’ils n’étaient pas alliés. Elle était une grande fille. Elle n’avait besoin de personne. Et pourquoi diable voulait-il l’aider après qu’elle lui ait fait tant de mal ?

« Mon plus grand défaut est de vous aimer... »

Elise avait beau l’avoir lu dans la lettre qu’il l’aimait, il n’en restait pas moins saisissant de l’entendre de vive voix, d’entendre cette voix faible et lasse avouer sa faiblesse. Elise émit un geste de recul. Elle ne croyait pas en cet amour. Il n’était qu’un autre sombre idiot qui désirait avoir un joli meuble en plus dans son salon de thé : un joli meuble avec une robe à crinoline, du fard à joue, des rubans et une bouche fermée. Mais pourquoi avait-il si sincère ?

« Je sais qui vous êtes, Marie... Et c'est pour cette raison que je souhaite dissimuler ce poignard, et cette plaie. »

Ses pires craintes étaient fondées ! Les pulsations de son cœur s’accélérèrent et la respiration lui manqua. Non ! Il ne pouvait pas savoir ! Comment ? L’avait-il fait suivre ? Espionner ? Elle le tuerait s’il avait osé !

« Ne m'en demandez pas plus... »

Pour qui la prenait-il ? Il pensait qu’elle allait accepter de laisser sa vie entre ses mains ? Qu’elle n’allait pas bouger, ne pas exiger des explications ? Etait-il seulement au courant qu’il jouait avec sa vie ? La vie de celle qu’il prétendait aimer. Car elle s’en rendait compte à présent, ceci n’était qu’un mensonge. Un amoureux transi n’était-il pas sensé exhausser le moindre des désirs de l’objet de son affection ? Menteur. Menteur. Menteur.

Voyant Gabriel serrer la mâchoire, elle fit de même. A présent, les forces s’opposaient. « Que le plus fort gagne, Amour », songea avec ironie Elise.

« J’espère, Gabriel, que vous aimez les échecs. »

Elle s’approcha, menaçante, enfin, du moins…Elle l’espérait. A quelques pouces du visage du prince, le regard noir, les joues rouges de colère, elle poursuivit :

« Vous allez très vite comprendre que je refuse de devenir votre pion et que vous n’êtes pas le roi. A ce jeu, je serai la plus forte. Je vais faire de vous mon fou, suivant à la lettre mes instructions. Je ne perdrai pas, je ne changerai jamais d’opinion sur vous et je ne vous ferai pas confiance. »

Elle s’arrêta un instant, le silence lui répondit. Elle n’attendait aucune réponse. Elle craignait une réplique de Gabriel, parfois, ce dernier parvenait à maitriser l’art de la joute verbale. Ses yeux se posèrent sur ce visage qui semblait trop innocent, trop déboussolé, trop doux pour être totalement honnête. Et la résolution dans les yeux de Gabriel semblait refuser de fléchir. Elise comprit alors qu’elle n’avait pas le choix.

« Malgré tout. Nous n’avons pas le choix, ni vous, ni moi » , reprit-elle en se relevant et en brisant le contact. Elle se détourna, contempla par la fenêtre les plus beaux jardins d’Ingary.

« Comme vous l’avez dit plus tôt, nous allons devenir alliés…Nous n’avons pas le choix et nous avons, malgré nous, été mêlés à une histoire qui ne nous regarde pas. Je suis liée à vous a cause de cette histoire de poignard et vous à moi par votre connaissance de mon autre identité. Nous allons passer un petit accord. Vous serez à la fois mon ennemi et mon allié. La guerre entre nous ne cessera pas, mais tant que la situation de notre pays ne se sera pas calmée, nous devrons compter l’un sur l’autre. Chacun gardera ses petits secrets. Je respecterai les vôtres et vous les miens. Mais il semble clair que comme moi, votre implication politique est plus importante que ce qu’il n’y parait. Je ne veux plus rien entendre de cette histoire de poignard… »

Elle planta son regard dans celui de Gabriel et murmura :

« …Je veux savoir votre implication dans cette guerre, quel role vous y jouait, cher…collègue. »
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeMer 23 Juin - 21:20

Elle l'avait ramené à la surface pour mieux le faire mijoter dans sa marmite. Petite sorcière sans manières à la tête aussi dure que le pommeau d'une épée. Et elle n'hésitait pas à s'en servir pour assommer quiconque lui entravait la liberté. Gabriel était une embûche de taille, toujours dans le chemin. Il avait vu les poings d'Elise de près plus d'une fois, et sa moue de gamine. Sa future épouse était une enfant dans l'âme. De ces jeunesses qui ne savent pas vieillir, qui courent toujours plutôt que de marcher en tenant élégamment les pans de leur robe, et qui poussent les rêveurs dans son genre qui ont le malheur de se trouver entre les macarons et l'appétit vorace que cachent ces beaux tissus. Elise, c'est de vie, qu'elle avait faim, avait jadis songé Gabriel. Et de vérité, qu'elle avait soif. Pour cela, pour ce besoin vital qu'elle avait de savoir, elle ne se démonta pas à la suite des révélations du prince et, il n'en fut pas bien surpris, hélas. Combattante, entêtée... Peste, oui. Sa détermination l'aveuglait. À trop vouloir gagner, Elise risquait de ne plus voir le danger.

« J’espère, Gabriel, que vous aimez les échecs. »

Les échecs, disait-elle? À la course, Tristan avait toujours gagné. À la lutte, aussi, même si ce n'était que pour rire. Et à cache-cache, pareil. Aux échecs, ses frères étaient plus doués que lui. Son père aussi. Il n'y avait que sa mère, qui s'y ennuyait, tout comme lui. Mais elle, elle osait l'avouer. Les échecs... Quel jeu endormant. Plutôt lire. Ah Gabriel, s'il avait pu, rêvait-il souvent, il serait demeuré un petit prince plus longtemps. Il se serait fait prisonnier de cette époque où rêver d'Elise était synonyme de promesses d'un bonheur assuré, et où sa mère l'emmenait parfois dans les jardins pour lui éviter les leçons de son père.

« Je déteste les échecs... »souffla-t-il.

Elise, si près, si certaine de ce qu'elle avançait, si sûre de mener le jeu et si méfiante envers lui, alimenta sa colère, un sentiment d'injustice. Elle avait toujours prétendu tenir les rênes. D'habitude, en lui-même, il l'excusait. Se disant qu'elle se battait contre l'immuable autorité monarchique, et qu'il fallait du cran, pour le faire. Mais là, c'est dire si elle ne le traitait pas d'imbécile. Elle le traitait de fou, en tous les cas. Peut-être perdait-elle son sang-froid? Oui, sans doute... Sans doute un peu, pensa le dauphin en ne quittant pas Elise des yeux, à l'aimer et la haïr tout à la fois. À lui tenir tête, cependant, prêt à s'imposer, sans nécessairement insister, mais suffisamment pour lui faire comprendre qu'il ne démordrait pas.

« Malgré tout. Nous n’avons pas le choix, ni vous, ni moi »

Était-ce bien quelque soupçon de raison, que Gabriel entendait percer de la voix d'Elise? Il y crut. Et tout comme elle se redressa, lui, enfin, détendit ses muscles, laissa les couvertures ainsi que l'oreiller le bercer, se confia à leur douceur, à leur calme. La mer s'était rendormie, mais Gabriel se sentait toujours glisser vers les flots. Il avait chaud, et des sueurs froides lui parcourait la nuque, imbibaient ses cheveux et tapissait de frissons sa peau moite. Son corps luttait contre la plaie, mais le combat n'avait rien de glorieux. Gabriel déboutonna sa chemise, souffla.
Elise contemplait les jardins, reprenait la parole de plus bel. Il l'écouta, du mieux que ses esprits échauffés le lui permirent. Il se demanda, à l'entendre discourir, si c'était délibérément, qu'elle faisait fît si promptement de l'histoire du poignard. Ainsi ne voyait-elle pas tout ce que cette blessure révélait, par choix peut-être, de ne pas le voir. Il savait qui elle était, et cela l'avait mené à devoir se battre. Pour elle. Elle ne voulait pas savoir, se dit-il. Et, peut-être était-ce sa manière de respecter ce qu'il lui restait d'intimité. Qu'il l'aime, donc. Qu'il la défende, mais sans espérer qu'elle n'y accorde la moindre importance.

« …Je veux savoir votre implication dans cette guerre, quel role vous y jouait, cher…collègue. »

Gabriel leva les yeux vers elle, confus, puis détourna le regard à l'opposé. Il avait l'impression de se trouver face à cette Marie et non plus devant Elise. Et qu'elle lui demande si ouvertement son implication dans la guerre, comme s'il allait forcément lui répondre, était presque insultant. Pour qui se prenait-elle, après tout? Elle n'était qu'une jeune femme de la cour comme tant d'autres. Promise au prince, certes, mais le trône n'était toujours pas sien.
Sourcils froncés, paupières closes, Gabriel songea que le jour où Elise et lui se retrouveraient au pouvoir serait sans doute l'amorce d'une ère particulièrement mouvementée. Elle profiterait de la totalité du mince pouvoir qu'il lui serait accordé et arriverait sans doute à en gagner davantage de par son influence. De plus, il douta qu'il n'arrive à se refuser à ses demandes. Il considérerait, que trop patiemment, chacune de ses requêtes, espérant ainsi s'octroyer quelques soupçons de confiance de sa part, quelque estime qui soit.

« Je n'y tiens point le rôle que je souhaiterais y tenir, Elise, se surprit-il à lui répondre doucement, en reportant son regard vers le sien. Je siège aux côtés des conseillers de mon père et mon mot n'y vaut que fort peu. D'autant qu'il se trouve que la plupart du temps, mes opinions ne s'accordent pas à ceux de la majorité. »

Il avait détourné les yeux, amer. Au conseil, Gabriel était le jeune prince en apprentissage. Le futur roi qui devait se remémorer les répliques de son père afin de les répéter dans un avenir prochain. De toute façon, devait-on se dire, il aurait toujours ses vieux conseillers pour faire perdurer la voix du conservatisme et mettre en valeur la puissance d'Ingary. Ingary la flamboyante, avec ses bombavions énormes et ses canons meurtriers.

« Je comptais... Mon idée était de me rendre à Ys. Il me semble que ce soit une étape essentielle, afin que nous puissions nous expliquer de vive voix avec le roi. Cependant, d'après le Conseil, ce n'est pas nécessaire, puisqu'une enquête approfondie aurait été complétée dans le but de retrouver le prince et donc que nous n'avons aucune explication à fournir au roi d'Ys, concernant la disparition de son fils. »

Emporté par ses pensées, Gabriel parlait comme s'il réfléchissait tout haut, oubliant presque la présence d'Elise dans la chambre. Et plus il parlait, plus il lui semblait qu'on le tenait davantage à l'écart des affaires politiques qu'il ne l'avait d'abord cru. Frustrante constatation. Mais curieuse, également.

« Mais le Conseil est principalement composé de vieux conservateurs cupides et égoïstes, » poursuivit-il en se soulevant à l'aide de ses bras.

Il tenta de se redresser en position assise à nouveau et y parvint, à coups de grimaces, seul, comme s'il y tenait. Le visage rougi, il eut un regard pour une petite horloge posée sur la table de chevet. Les aiguilles ne se fatiguaient toujours pas et y pendaient des obligations qui, même si lui les oubliait, elles, ne l'oublieraient pas.

« Elise, vous devez me promettre de ne pas divulguer ces informations dans votre journal. Il en va de mon éligibilité au trône. »

Gabriel était sérieux, et ne masqua pas son inquiétude. Il craignait qu'elle ne soit trop bavarde, trop curieuse, trop engagée pour savoir tenir sa langue. Aussi prit-il la peine d'ajouter :

« Je ne vous demande pas de vous taire indéfiniment, mais je tiens à tirer certaines choses aux claires, d'abord. Les intentions de quelques hommes proches de mon père me semblent suspectes, mais je ne peux rien avancer de certain, car je ne serais alors, à leurs yeux, que le prince inexpérimenté et impertinent. Je n'aurais aucune crédibilité. »

Gabriel s'assit sur le bord du matelas, posa ses pieds sur le sol, se préparant à se lever.

« Mon père et moi devons nous entretenir, d'ici peu, au sujet de choses privées concernant la guerre, m'a-t-il dit. Peut-être serais-je, par la suite, plus en mesure de juger de l'intégrité du Conseil. »

Se donnant un élan, le prince arriva à se tenir sur ses deux pieds et traîna les pieds jusqu'à se trouver devant un grand miroir accroché au mur. Il n'avait pas bonne mine et devrait changer de chemise, une fois de plus.

« Le roi reportera notre rencontre, s'il me voit dans cet état... » murmura-t-il pour lui-même en dégageant les mèches noires qui collaient sur son front.
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeVen 25 Juin - 1:27

[embarque dans ma valise - thomas fersen]

« …Je veux savoir votre implication dans cette guerre, quel role vous y jouait, cher…collègue. »

Elise scrutait le visage du prince, soucieuse, bien malgré elle. La respiration difficile, les yeux fermés, figé et pareil à un caméléon sur le lit blanc, il semblait comme mort. Sa main tremblante s’approcha doucement de son front en sueur et la pensée qu’il serait plus judicieux de le ménager lui traversa l’esprit. Peut-être était-elle allée trop loin ? Après tout, il était son futur roi et même s’il ne serait sans doute jamais un grand roi, il représenterait l’autorité et elle lui devrait allégeance. Elle serait un sujet, avant d’être sa prisonnière.

Elise retint un chapelet d’insanités qui aurait rendu sa mère sourde. Elle divaguait ! Jamais elle ne devrait être conciliante avec lui ! Mais le regard que lui lançait à ce moment Gabriel lui remit les idées en place. Un regard…Fort peut amical et peut-être même des plus hostiles.

Et même pour tous les macarons d’Ingary, jamais Elise n’aurait avoué qu’elle était curieuse de savoir quelles autres facettes de sa personnalité cachaient Gabriel. Peut-être avait-il un peu de caractère finalement ? Il n’était peut-être pas si transparent ?

Elise reprit une attitude courtoise, presque indifférente, comme si le discours que tenait Gabriel était des plus insignifiants, des plus barbants. En réalité il en était tout autre, l’oreille légèrement tendue vers le côté, la jeune femme essayait d’analyser le ton utilisé par Gabriel, tentait de lire entre les lignes. Après tout, il était plus intelligent de la part d’un stratège de surestimé son adversaire, plutôt que de le sous-estimé. « Pas toutes les cartes ne sont sur la table » songea Elise, les yeux pétillants. Qu’elle s’amusait !

« Je n'y tiens point le rôle que je souhaiterais y tenir, Elise, se surprit-il à lui répondre doucement, en reportant son regard vers le sien. Je siège aux côtés des conseillers de mon père et mon mot n'y vaut que fort peu. D'autant qu'il se trouve que la plupart du temps, mes opinions ne s'accordent pas à ceux de la majorité. »

Elise ne s’étonna guère de la réponse de Gabriel. Tout n’était qu’évidence. Qui oserait laisser une part importante de la direction d’un royaume à un gamin insignifiant, obstiné et incapable. Les conseillers devaient rire de lui dans son dos. Seul Tristan s’entêtait à voir quelque chose en Gabriel. Un véritable mystère pour Elise.

Il n’en restait pas moins qu’elle pourrait à sa façon le guider, ou plutôt le diriger, sans qu’il ne s’en rende compte. Une jolie marionnette entre ses mains. En fermant les yeux Elise pouvaient imaginer avec aisance un pantin au joli visage, auréolé d’une chevelure d’ébène. Et les fils. De jolis fils torsadés, accrochés aux doigts fins, aux épaules, aux pieds, qui remonteraient jusqu’à ses doigts à elle. Des fils qu’elle tiendrait bien solidement. Avec un peu d’entrainement, elle ferait de lui sa plus maniable des poupées et le Conseil verrait de quoi Gabriel de Guerry est capable, enfin plutôt de quoi Elise était capable. Il aurait, grâce à elle, de plus en plus d’autorité, de plus en plus de pouvoir et monterait sur le trône de façon légitime, en tant que fils du roi et en tant que digne successeur du fardeau royal.

Que les apparences soient belles ! La véritable reine dans ce jeu d’échec serait Gabriel qui suivrait les directives du roi, caché dans l’ombre : Elise.

« Je comptais... Mon idée était de me rendre à Ys. Il me semble que ce soit une étape essentielle, afin que nous puissions nous expliquer de vive voix avec le roi. Cependant, d'après le Conseil, ce n'est pas nécessaire, puisqu'une enquête approfondie aurait été complétée dans le but de retrouver le prince et donc que nous n'avons aucune explication à fournir au roi d'Ys, concernant la disparition de son fils. »

C’était loin d’être stupide. Décidément, ce jeune prince savait réfléchir. Elise sourit un instant, mais très vite, la réalité la rattrapa. Il ne fallait pas être une lumière pour deviner que le Conseil n’était pas totalement probe dans cette affaire et que les hommes carriéristes étaient définitivement peu malins pour s’occuper des affaires d’un pays. Il y avait anguille sous roche et le regard de Gabriel était à peu de chose près le même que le sien. Ils s’accordaient sur un point : les conseillers voulaient étouffer l’affaire. Gabriel avait eu raison de vouloir aller à Ys, il aurait pu arrêter la guerre, mais les conseillers ne voulait pas de cette proposition, ou ne voulait peut-être pas de la paix.

Les présomptions étaient graves, mais il n’était pas nécessaire d’en parler à Gabriel, il tenterait de l’éloigner de la cour pour la protéger et le jeu en perdrait toute sa saveur. Tant que le débat n’était pas ouvertement ouvert, elle se devait de garder le silence.

« Mais le Conseil est principalement composé de vieux conservateurs cupides et égoïstes, »

Les yeux plissés, Elise ne vint aucunement en aide au prince. Il serait inconvenant de le faire. Alors elle se contentait de scruter cette chemise qui avait une teinte trop vermeille à son goût.

« Elise, vous devez me promettre de ne pas divulguer ces informations dans votre journal. Il en va de mon éligibilité au trône. »

Il était amusant ce prince sérieux avec ses sourcils froncés, cet air déterminé propre aux enfants, Elise l’aurait trouvé touchant s’il ne s’était pas agi de lui. Elle ne pouvait offrir à ce personnage une quelconque sympathie. Mais elle se tairait, bien évidemment, de son silence dépendait certes la survie de Gabriel, mais la sienne aussi.

« dois-je promettre par écrit ? »

Elle ne pouvait décidément pas se passer d’ironie. C’était plus fort qu’elle. En revanche pour donner plus de fiabilité à ses paroles, elle reprit :

« Ne vous inquiétez pas. Il ne serait ni bon pour vous, ni pour moi que d’autres soient au courant de cette affaire. Faites moi un peu confiance Gabriel. »

Elise se concentra sur la chemise vermeille pour retenir un rire qui aurait brisé cette atmosphère dès plus…sérieuse. Gabriel devait à peu de chose imiter un poisson sorti de son bocal, ne se remettant pas de ce « faites moi un peu confiance Gabriel ».

« Je ne vous demande pas de vous taire indéfiniment, mais je tiens à tirer certaines choses aux claires, d'abord. Les intentions de quelques hommes proches de mon père me semblent suspectes, mais je ne peux rien avancer de certain, car je ne serais alors, à leurs yeux, que le prince inexpérimenté et impertinent. Je n'aurais aucune crédibilité. »

Stupide male qui se refusait à afficher sa blessure devant une femme. La virilité de monsieur en prenait-elle un coup ? Elise aurait volontiers remis cet idiot dans le fond de son lit pour qu’il puisse se reposer au lieu de pavaner comme un jeune coq.

« Mon père et moi devons nous entretenir, d'ici peu, au sujet de choses privées concernant la guerre, m'a-t-il dit. Peut-être serais-je, par la suite, plus en mesure de juger de l'intégrité du Conseil. »

Le voyant déployer ses forces pour se tenir au mur et avancer, la jeune femme se recula, surprise, pour ne pas le gêner. Elle ne bougea toujours pas alors qu’il se contemplait dans le miroir. Il ne devait pas avoir imaginé l’étendue des dégâts mais la cruelle réalité le frappait de plein fouet.

« Le roi reportera notre rencontre, s'il me voit dans cet état... »

«C’est pourquoi il serait plus intelligent de votre part, de vous reposer. Parfois, j’ai l’impression, Gabriel, de m’occuper d’un enfant. »

Elle soupira, puis s’avança vers le prince, pour s’arrêta devant lui, l’empêchant ainsi de faire face à son reflet.

« Nous allons faire un marcher tous les deux. »

Elise posa ses deux mains sur le visage de Gabriel, le forçant à l’écouter attentivement, quoi qu’il lui en coute.

« Je vais vous proposer quelque chose : pendant que j’essaierai de vous rendre à peu près présentable, vous m’écouterez attentivement. Et vous me direz ce que vous pensez de ce petit projet… » Songeant à son attitude envers le prince elle reprit : « Vous voyez notre relation s’améliore. »

Arrêter de le charrier aurait été une bonne façon de commencer leur collaboration mais elle ne pouvait s’en empêcher. C’était après tout son jeu favori : railler le pauvre prince sans défense.

Elise se plaça derrière Gabriel et l’aida, lentement, à se diriger vers le fauteuil près du bureau. Une fois le prince assis, tremblant, faible comme un nourrisson et l’air agar, elle l’abandonna un instant pour se diriger vers la salle de bain. Avisant un broc en argent sur un guéridon et une serviette blanche elle se hâta de les prendre et retourna auprès du prince. Alors qu’elle nettoyait la sueur de son visage et lavait ses cheveux, elle poursuivit:

« Vous entretenir avec votre père ou vous essayer à la joute verbale avec les conseillers seront deux moyens stériles d’arriver à rétablir la paix. D’une part votre père semble dépassé par ces hommes pour qui seul l’appât du gain est important et vous n’êtes pas assez expérimenté pour pouvoir les battre sur leur propre terrain. La solution la plus judicieuse serait, si je puis me permettre, de faire preuve d’audace. »

Elise déboutonna la chemise du prince et la lui enleva. Du sang coulait toujours de la plaie. « Il faudrait que mon cher prince évite, le temps que je lui trouve un véritable guérisseur, de faire le tour de sa chambre en rampant. » songea Elise, avec colère.

Dans le broc, l’eau était déjà sale, poisseuse et rouge. Elise retint un gémissement de panique : et s’il mourrait ? Il avait pris un poignard dans le ventre et elle ne savait comment le soigner, faire plus pour l’aider…Gabriel se rendait-il compte de la responsabilité qu’il lui avait mise entre les mains ?

Respirant : inspirant, expirant, inspirant, expirant…

La jeune femme tenta de reprendre pied. Ce n’était qu’un peu de sang.

« Vous allez vous rétablir. Peut-être que le magicien royal, ce Prosper pourrait vous donner un quelconque remède… »

« Il faut à la fois que nous cessions les guerres entre Ys et Ingary et que nous vous donnions un peu de crédit. Pour cela, il nous faut frapper fort. »

Arrêtant un instant son discours enflammé, Elise se rendit compte de sa familiarité envers Gabriel et reprit, plus hésitante :

« A votre place, je n’irais pas à cet entretient. Je partirais immédiatement rencontrer le roi d’Ys, le forcer à m’écouter, pour trouver un terrain d’entente. Ou du moins essayer. Ce geste pourrait apporter la paix et vous faire gagner le cœur de la foule. Contre cela, le Conseil ne peut rien. Avec l’appui du peuple, vous aurez le pouvoir de dissoudre le Conseil et vous pourrez trouver une solution pour arrêter cette guerre. Dans tous les cas, vous serez gagnant en partant et en essayant de trouver soit le roi soit le prince D’ys. »

De plus en plus hésitante, elle poursuivit en chuchotant :

« Vous aurez mon appui, celui d’Elise, comme celui de Maria. Je suis prête à venir avec vous. Vous ne savez pas à quel point vous pouvez devenir important dans cette guerre. Vous avez plus de pouvoir que vous ne le pensez. Il vous suffit juste d’avoir, pour une fois, le courage de devenir un grand homme, sans renier votre nature. »
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeSam 26 Juin - 21:09

Un portrait qu'aucun peintre n'aurait jamais osé peindre. Voilà ce que lui montrait la glace. Un Gabriel loin de l'idéal, loin de son reflet de prince que lui renvoyaient les tableaux qui ornaient certains murs du palais. Gabriel y apparaissait toujours fièrement, tête haute, dans un esthétisme impeccable. Les traits de son visage lui improvisaient un air noble et confiant, l'air d'un roi sur lequel il ferait bon de compter. Un beau pantin qui jouait bien son rôle. Mais ce portrait-là aurait effrayé le peuple, ou l'aurait fait rire. Ils auraient cru à une plaisanterie. Allons donc, depuis quand le prince est-il humain!

«C’est pourquoi il serait plus intelligent de votre part, de vous reposer. Parfois, j’ai l’impression, Gabriel, de m’occuper d’un enfant. »

Elle avait raison. S'il espérait qu'on ne le prenne pas pour un imposteur, que l'on demande à ravoir l'homme qui figurait sur les portraits et non cette ébauche d'héritier, il devrait se redresser, se montrer fort et cesser de se laisser abattre par cette blessure. Ce n'était qu'une plaie, une entaille un peu profonde. Les potions magiques avaient effacé ses cicatrices, mais il en portait toujours les souvenirs. Il se remettrait. Et en garderait la preuve, pour lui-même, pour ne jamais plus faiblir.

« Nous allons faire un marcher tous les deux. »

Il la regarda, quelque peu étonné de la voir si douce envers lui. À moins qu'elle ne compte lui arracher la tête la seconde suivante... Mais non, sembla-t-il. De toute manière, il ne cillerait pas. Difficile de ne pas obéir à Elise, de ne pas perdre sa raison entre ses mains. Il aurait aimé caresser les boucles qui se déroulaient sur sa nuque, toucher son visage, se soûler du parfum qu'il devinait fleurissant au creux de son épaule. Il s'en tint, et grava plutôt, à vif, dans sa mémoire, cette image de sa sorcière.
Il n'entendit pas la moquerie dans la voix d'Elise et acquiesça, silencieux. Il écouterait. Évidemment qu'il écouterait. Qu'elle chante, qu'elle crie, qu'elle braille, qu'elle rit, elle, il l'écouterait. D'ici là il l'attendit, affaissé dans son fauteuil. Le problème... se dit Gabriel en posant une main sur le bureau, le problème... C'est le sang. Son sang royal ne voulait plus de lui.

« Vous entretenir avec votre père ou vous essayer à la joute verbale avec les conseillers seront deux moyens stériles d’arriver à rétablir la paix. D’une part votre père semble dépassé par ces hommes pour qui seul l’appât du gain est important et vous n’êtes pas assez expérimenté pour pouvoir les battre sur leur propre terrain. La solution la plus judicieuse serait, si je puis me permettre, de faire preuve d’audace. »

Il ouvrit la bouche pour répondre, pour défendre son père, par réflexe de petit garçon qui ne voulait pas croire que l'homme qu'il avait pour modèle pourrait ne plus le défendre, ne plus se ranger de son côté et prendre pour lui. Mais il ne parvint à dire mot et ferma plutôt les yeux le temps qu'elle lui nettoie le visage. Il ne put répliquer davantage alors qu'elle s'en prenait à ses cheveux. Gabriel avait toujours aimé qu'on le peigne, qu'on lave ses mèches noires pour lui. Il se détendit, aux soins d'Elise. Et appuya sa tête contre le dossier lorsqu'elle s'en remit à sa chemise. Au contraire de la jeune femme, lui ne paniquait plus. À l'inverse, il se sentait devenir plus calme. Ses muscles s'étaient détendus, ses inspirations, ses expirations, s'étiraient et il ne sentait plus le sang lui battre les tempes. Plus autant.
Toujours est-il qu'il demanda tout de même, d'un ton plat, la voix basse :

« Qu'entendez-vous, par preuve d'audace? »

Il ne porta aucune importance à l'évocation de Prosper Madeye. Il ne ferait pas appel à sa magie, cette fois. Sa vie n'était pas en danger. Et même si elle l'était, à lui de la défendre. Plutôt envoyer le vieux Madeye soigner les blessés de guerre, pas les princes qui s'inquiètent de voir leur jolie tête tachée de sang.

« Il faut à la fois que nous cessions les guerres entre Ys et Ingary et que nous vous donnions un peu de crédit. Pour cela, il nous faut frapper fort. »

Il ouvrit un œil, puis l'autre, sourcils froncés, et se redressa sur son fauteuil, jaugeant la jeune femme du regard, intrigué et méfiant à la fois. Que disait-elle donc? Frapper fort? Et comment frappe-t-on soi-disant fort, dans l'esprit d'Elise de la Marquise? Sentant qu'elle n'en resterait pas là, il attendit qu'elle poursuive et attrapa l'aiguille toujours enfilée qu'il avait posée sur le bureau plus tôt. Il défit rapidement son bandage, qui tomba par terre, et reprit la suture là où elle s'était rompue, déterminé à retenir ce sang là où il devait demeurer.

« A votre place, je n’irais pas à cet entretient. Je partirais immédiatement rencontrer le roi d’Ys, le forcer à m’écouter, pour trouver un terrain d’entente. Ou du moins essayer. Ce geste pourrait apporter la paix et vous faire gagner le cœur de la foule. Contre cela, le Conseil ne peut rien. Avec l’appui du peuple, vous aurez le pouvoir de dissoudre le Conseil et vous pourrez trouver une solution pour arrêter cette guerre. Dans tous les cas, vous serez gagnant en partant et en essayant de trouver soit le roi soit le prince D’ys. »

Suture terminée, il renoua le fil, le coupa et remit l'aiguille où il l'avait prise. Ses gestes brusques trahissaient son sentiment sur ce qu'il entendait, malgré lui. Aussi évita-t-il que son regard ne croise celui d'Elise. Quelle folie lui proposait-elle! L'appui du peuple... Gagner l'appui du peuple. Comme si c'était si facile. Comme si désobéir, agir contre la volonté de la quasi-totalité du Conseil lui serait bénéfique dans son avenir en tant que futur roi. Et par-dessus tout, comme si se mettre le roi, son père, à dos pourrait le servir. Non, impossible.

« Vous aurez mon appui, celui d’Elise, comme celui de Maria. Je suis prête à venir avec vous. Vous ne savez pas à quel point vous pouvez devenir important dans cette guerre. Vous avez plus de pouvoir que vous ne le pensez. Il vous suffit juste d’avoir, pour une fois, le courage de devenir un grand homme, sans renier votre nature. »

Et de quelle nature parlait-elle?
Gabriel masqua son visage d'une main, se massant le front, comme s'il espérait démêler ses idées des idées qu'Elise lui lançait. Il était le prince, le légitime héritier du trône. Cette place lui appartenait, il avait le droit de la réclamer, tant qu'il serait vivant. De toute façon, Adam n'en voulait pas et Will était trop jeune. Après son père, il n'y aurait que lui, pour porter la couronne.
Il songea à Tristan. Tristan qui croyait trop en lui. Qui lui disait qu'il ne serait jamais le rêveur qu'il aurait aimé être, mais qu'il pourrait toujours rêver un pays, et rendre ce rêve concret. Tu l'as en toi, disait Tristan, Tu as juste ce qu'il faut de folie pour pouvoir changer les choses, Gabriel. Mais tu manques de caractère. Moi je t'ai déjà vu en rogne, mais il faut que tu montres au reste du pays que toi aussi, tu sais parler fort, tu comprends? Et puis, tu es chanceux, tu as Elise. Le prince s'était levé en éclatant d'un rire gorgé de sarcasme, à ce moment, et Tristan avait gaiement noté :Voilà! C'est de ça, que je te parle. Tu es loin d'être un ange, Gabriel de Guerry.

Il poussa un soupir. Un long soupir. Le sang avait cessé de couler. Et maintenant plus que jamais, Gabriel sentit qu'il ne pourrait jamais voler. Que ce sang lui pèserait toute son existence durant. Que le protéger, l'affirmer, serait l'œuvre d'une vie. Un travail, une tâche, un devoir. Une quête, peut-être. Un rêve, s'il osait y croire. Il se leva, les yeux rivés sur la fenêtre, et il s'en approcha. L'inconnu de la glace s'était éclipsé. Son reflet était devenu celui d'Ingary qui s'étendait, par-delà les jardins. Ingary, son berceau, rongée par la guerre. De l'extérieur comme de l'intérieur. Il fallait faire cesser cette injustice. Le peuple avait droit à la paix, et c'était bien la seule raison d'être d'un monarque, la préserver, cette paix, s'assurer de la sécurité de ceux qui comptaient sur lui. Le prince posa ses mains sur le rebord de la fenêtre et baissa les yeux.

« Je veux savoir ce que mon père veut me dire. Je veux savoir jusqu'à quel point on le manipule. »

Sur ce il retourna à la chambre de bain d'une démarche qui avait retrouvé quelque peu de son aplomb. Il y trouva un bandage, qu'il s'enroula fermement autour de l'abdomen en revenant à la chambre.

« Je profiterai de cette rencontre pour... »

Il fixa le bandage et leva les yeux vers Elise, sérieux.

« Il me faut quelques hommes, pour partir. Je sais où les trouver cependant, avant de quitter Ingary, je veux en informer mon père. Je partirai, qu'il m'accorde son appui ou pas mais, je veux qu'il sache. Je veux faire les choses à ma manière. Je ne veux pas m'en remettre aux secrets, aux mensonges, comme eux. »

Il s'approcha d'Elise, la contourna pour se pencher sur le bureau et y tirer, d'un petit coffret débordant de rubans, un bleu, dont il se servi pour attacher ses cheveux. La morsure du poignard le faisait toujours souffrir, mais il s'efforça de le masquer lorsqu'il fit face à la sirène à nouveau. Elle l'avait bien eu, non? Un sourire perça sur ses lèvres, discret, timide, mais s'imposa tout de même sur le visage de l'héritier. Il la prit par les épaules.

« Voyez quelle grande reine vous ferez, Elise. »

Gabriel baissa les yeux, son sourire se dissipa et ses mains glissèrent le long des bras de la jeune femme, jusqu'à ses mains.

« Vous êtes... Vous êtes... »

D'un coup de tête il chassa ces mots qu'il n'arrivait pas à dire et alla vers la garde-robe.

« Il est hors de question que vous m'accompagniez à Ys. Nous n'y serons pas les bienvenus. C'est trop dangereux. »

Prévoyant qu'il risquait de déclencher une tempête, il reprit, boutonnant sa chemise.

« J'aurai besoin de vous ici, dans votre journal... Auprès du peuple afin qu'il sache exactement la raison pour laquelle je serai parti. Et.. vous serez mes oreilles, du temps de mon absence. Il se dira des choses, entre les membres du Conseil... »

Il enfila une veste sans manches, devant le miroir, faisant dos à Elise.
Autant la perspective de faire quelque chose par lui-même le chargeait d'enthousiasme, autant il était bel et bien conscient de tout ce que cela impliquerait, par la suite. Il endossait ses responsabilités, et plus encore. Il ne pourrait jamais revenir sur ses pas, le jour du départ, et ça n'avait rien de rassurant. Nerveux, il ajusta sa veste.
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Elise de la Marquise
Future reine d'Ingary
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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeDim 27 Juin - 3:02

« Vous aurez mon appui, celui d’Elise, comme celui de Maria. Je suis prête à venir avec vous. Vous ne savez pas à quel point vous pouvez devenir important dans cette guerre. Vous avez plus de pouvoir que vous ne le pensez. Il vous suffit juste d’avoir, pour une fois, le courage de devenir un grand homme, sans renier votre nature. »

Elise avait l’impression d’avoir en face d’elle, un enfant docile, un petit garçon qui se serait enfui dans le jardin, un jour de pluie, et se serait couvert de boue. Un enfant qui serait lavé par sa gouvernante, les yeux baissés, l’air fautif. Elle s’attendait à ce qu’il repousse sa main ou la brosse dans ses cheveux, mais il n’en fit rien. Il semblait trop détendu pour elle, confiant. Et le fardeau d’Elise lui parut plus grand, plus imposant encore.

Gabriel, en habitué, maniait l’aiguille, retenant jusqu’à même une grimace de douleur. Et à nouveau Elise angoissait : la plaie pouvait s’infecter, le prince mourir et ça, elle ne le permettrait pas : il était son nouveau pion et elle comptait bien s’en servir jusqu’à ce qu’il ne soit bon qu’à être jeté. Elle détourna le regard, la pudeur et le dégoût l’empêchant de regarder la blessure du prince. Ce dernier se releva et elle se décala sur le côté, pour le laisser passer. Il avait meilleure mine, plongé dans la contemplation des jardins, comme elle quelques instants auparavant. Elle scruta son reflet dans l’eau écarlate du broc tout en se demandant si ses paroles avaient fait mouche, s’il allait pour une fois l’écouter et agir de façon irraisonnable, mais surtout de l’unique façon qui pourrait faire véritablement avancer les choses.

« Je veux savoir ce que mon père veut me dire. Je veux savoir jusqu'à quel point on le manipule. »

Elise leva vivement la tête, les sourcils froncés, les yeux soudain orageux et les lèvres jointes en une ligne mince. En opposition avec la colère qui se lisait sur son visage, elle se redressa doucement, toujours élégante. Et soudain, elle comprit. Gabriel était véritablement un enfant, caché dans un corps d’homme. Ce dos droit, cette taille imposante qui la dominait, ce regard résolu n’était pas Gabriel, n’était pas l’enfant apeuré qui ne s’était pas rendu compte de l’impuissance de son père. Gabriel croyait encore qu’il était protégé par le roi et avait besoin de se rassurer. Elise en restait toute ébaubie, presque émerveillée par cette innocente qui demeurait intacte. Dans quel monde vivait le prince pour ne pas s’être rendu compte de l’état du pays ? Cela faisait longtemps qu’un roi charismatique, à la fois politicien et stratège n’avait pas été à la tête du pays…

« Je profiterai de cette rencontre pour... »

Le regard de Gabriel retint le sien et Elise se reprit, masquant toute trace d’émerveillement, comme de colère. Aucun de ses sentiments ne ferait changer d’avis Gabriel.

« Il me faut quelques hommes, pour partir. Je sais où les trouver cependant, avant de quitter Ingary, je veux en informer mon père. Je partirai, qu'il m'accorde son appui ou pas mais, je veux qu'il sache. Je veux faire les choses à ma manière. Je ne veux pas m'en remettre aux secrets, aux mensonges, comme eux. »

Et Elise dans cette histoire ? Quand ferait-il ? Il n’était pas question qu’il l’éloigne de la scène ! Elle voulait être une des actrices principales ! Elle se voyait très bien en cavalière, armée d’une épée, à chevaucher jusqu’à Ys et être au centre de la scène politique.

Elle ne savait si elle devait se lamenter de la stupidité de ce prince supposé amoureux et rêveur ou si elle devait se réjouir qu’il accepte de partir pour Ys. Monsieur voulait en plus le faire à sa manière, ne froisser ni son père ni le Conseil. Personne n’avait pris le temps d’expliquer à ce gamin qu’en période de guerre, on laissait de coté la morale.

Alors qu’il s’approchait d’Elise, cette dernière recula légèrement, prête à sortir les griffes s’il tentait quelque chose contre elle. Elle n’était pas totalement sûre de cerner le personnage de Gabriel, il était changeant. Avec d’autres hommes elle savait sur quel pied danser, Tristan par exemple, était coureur de jupons, amusant et plutôt prévisible. Elle savait comment l’aborder et pouvait prévoir ce qu’il lui répondrait, mais Gabriel était aussi changeant que la lune et Elise ne savait pas devant quel Gabriel elle se tenait.

Sur la pointe des pieds, elle put apercevoir ce que faisait Gabriel devant son bureau. Loin d’écrire ou de chercher un quelconque papier administratif, il y avait ouvert une boite ciselée en argent et il l’avait ouverte, plongeant sa main dans la profusion de rubans et en choisissant un bleu roi qui contrastait avec sa chevelure d’ébène.

L’attention du prince se fit de nouveau sur Elise, qui n’aimait pas du tout la façon qu’il avait parfois de l’ignorer…Mais elle n’aimait pas non plus la familiarité qu’il se permettait avec elle. Crénom ! Elle n’était certainement pas une de ses servantes qu’il devait parfois s’amuser à séduire ou une de ces nobles, peu vertueuse qui cherchait à tout prix à rentrer dans les petits papiers du prince ! Se retenant de repousser ses mains trop protectrices de ses épaules, elle essaya de prêter attention à ses dires.

Mais quand même, nom de Dieu ! Elle n’avait pas besoin qu’on la materne !

« Voyez quelle grande reine vous ferez, Elise. »

Lui, il désirait quelque chose d’Elise ! A lui vanter ses mérites, Gabriel ne ferait qu’attiser sa colère. « Voyez quelle grande reine vous ferez, Elise. » Encore un peu et il allait chanter ses louanges debout sur le trône royal, devant tous les sujets de son cher père, la main au cœur. Les mains d’Elise la démangeaient et elle imaginait avec aisance les contours de ses doigts fins rouges-sang sur la joue de son futur époux.

Elle ne put retenir un frisson lorsque les mains chaudes survolèrent la peau gelée de ses bras pour attraper avec douceur ses mains. Elle retint un ricanement, qui aurait été dès plus inappropriés, mais elle devinait l’image qu’ils devaient renvoyer ainsi : celle d’un futur couple, les premiers émois d’un premier amour. Balivernes.

« Vous êtes... Vous êtes... »

…Magnifique ? Parfaite ? Cruelle ? Fourbe ? Cultivée ? Gamine ? Détestable ? Elle ne se lassait pas des compliments. Mais surtout, qu’il l’épargne et qu’il ne lui récite pas un poème d’amour comme le faisait de façon si originale, les hommes de la cour.

« Il est hors de question que vous m'accompagniez à Ys. Nous n'y serons pas les bienvenus. C'est trop dangereux. »

Il fallait respirait doucement pour se calmer sinon la chambre princière ne survivrait pas à sa colère.

« J'aurai besoin de vous ici, dans votre journal... Auprès du peuple afin qu'il sache exactement la raison pour laquelle je serai parti. Et.. vous serez mes oreilles, du temps de mon absence. Il se dira des choses, entre les membres du Conseil... »

Alors que Gabriel avait relâché les mains d’Elise et se rhabillait, cachant fort habilement sa blessure, la jeune femme…n’explosa pas :

Elle revoyait déjà les conseilles de sa mère lorsqu’elle était âgée d’une dizaine d’années :

« Elise, mon enfant, plaire est un art que je me dois de vous enseigner. Vos yeux vous permettront de posséder tout ce que vous désirer. Mais s’ils sont orageux, vous aurez moins que ce que vous auriez pu avoir dans un autre cas. Alors écoutez-moi à la lettre ! »

Suivant les conseils, Elise se cambra légèrement, se pinça les joues pour les rendre plus rosées, et feint un sourire qui lui sembla remonter jusqu’à ses yeux.
Passant devant Gabriel, elle approcha le coffret sur le bureau, l’ouvrit, attrapa un ruban rouge qu’elle attacha dans ses cheveux, libérant son cou. Elle se planta de nouveau devant le prince, attrapa sa main, la serrant doucement et lui murmura tout en le regardant dans les yeux :

«Gabriel, rester ici ne changera rien. Le journal peut tourner sans moi. D’autres plumes sont tout aussi agressives que la mienne et il m’est facile de garder un contact avec mes amis du journal. Ingary ne sera pas perdu sans Maria et vous savez tout comme moi que le Conseil n’a que faire d’une jeune fille noble parmi tant d’autres. Je n’approcherai jamais les conseillers. »

Sa voix de plus en plus douce, de plus en plus caressante poursuivit :

« Ma place est à vos cotés et je ne vous laisserai décider pour moi. Après tout, la place d’une reine, et en l’occurrence, d’une future reine est auprès de celui qu’elle doit épauler, vous. Je ne voudrai en aucun cas décevoir celui qui m’a si bien complimentée. Je serai une grande reine. »

Elle l’embrassa sur la joue. Cela ne dura un instant. Mais elle s’appliqua à ce que le prince le savoure…après tout il n’était pas près d’en avoir un second. Elle se détourna de Gabriel, puis s’avança vers la porte de sortie. Avant de quitter la chambre, la main sur la poignée, les yeux fixés sur la porte, elle s’exclama :

«Le mieux serait de partir ce soir. La nuit tombée, je vous attendrai dans la cour près des écuries. Plus nous serons discrets, mieux ce sera. Vous pourrez prévenir malgré tout votre cher père. »

La porte claqua et toute trace d’Elise disparut de la chambre, si ce n’était une légère fragrance, comme une sucrerie, un macaron peut-être.
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Gabriel de Guerry
Prince d'Ingary
Gabriel de Guerry


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MessageSujet: Re: Chat noir à Kingsbury   Chat noir à Kingsbury Icon_minitimeJeu 1 Juil - 7:12

Cette veste, cette chemise, et ce prince, tout en haut, toujours le même. Ses cheveux avaient gagné en longueur, son visage en maturité, mais ses yeux ne s'étaient toujours pas défaits de leur transparence. Et chaque fois qu'il le constatait, il s'en voyait déçu. C'était comme s'il se retrouvait devant l'inévitable et abrutissante indulgence que l'on aurait à son égard. Encore. Les demoiselles de la cour ne lui en voudraient pas de ne pas avoir le don de les faire rire, du moins délibérément. Les conseillers ne lui en voudraient pas d'évoquer des opinions qu'ils estimeraient farfelus, ils se rassureraient en se disant qu'ils en viendraient à bout, que l'héritier finirait, un jour, par apprendre son texte. La gendarmerie ne lui en voudrait pas de ne pas rendre ses ordres dans les mots qu'il faut, ces mots précis, choisis, qu'il oubliait constamment... Même le chien ne lui en voudrait pas, de l'avoir oublié dans les jardins, une fois de plus. Gabriel l'intouchable, ce gamin un peu benêt qui aurait dû naître le dernier. Qui aurait dû naître, plaisantaient certains, de la Marquise. Elise aurait dût venir au monde de Guerry, et mieux encore : Gabriel. Quelle absurdité. Quelle rageante plaisanterie.

«Gabriel, rester ici ne changera rien. Le journal peut tourner sans moi. D’autres plumes sont tout aussi agressives que la mienne et il m’est facile de garder un contact avec mes amis du journal. Ingary ne sera pas perdu sans Maria et vous savez tout comme moi que le Conseil n’a que faire d’une jeune fille noble parmi tant d’autres. Je n’approcherai jamais les conseillers. »

Elle avait réponse à tout. Il aurait dû s'y attendre. Il ne prit pas la peine de lui faire face, préféra demeurer devant lui-même, se voir couler un regard vers le plafond. Quel horrible couple. Quel couple affreux et mal assorti ils formaient. Gabriel se détestait, auprès d'Elise. Elle lui volait tout. Il lui rendait ses mots, ses esprits, sa défense, sa fierté, sa couronne... Et, gloutonne, elle prenait tout, les piétinait et les cachait sous sa robe, avec ses macarons.
Il porta une main à sa hanche, pressa ses doigts serrés les uns contre les autres sur sa plaie, et se tint bien droit, en inspirant longuement.

« Ma place est à vos cotés et je ne vous laisserai décider pour moi. Après tout, la place d’une reine, et en l’occurrence, d’une future reine est auprès de celui qu’elle doit épauler, vous. Je ne voudrai en aucun cas décevoir celui qui m’a si bien complimentée. Je serai une grande reine. »

Comment cela se faisait-il qu'il doutait tant du bien-fondé de tout ce qu'elle avait le malheur d'avancer. Et comment pouvait-il s'être autorisé cet instant de confiance, en l'avenir, en eux, en elle... Il ne pouvait que la haïr, à l'entendre, à la maudire d'être elle. S'il ne l'avait aimée, il aurait pu se plaindre de l'effronterie de sa future épouse, de son manque de respect envers sa personne, etc. Il suffisait qu'il affirme quelque chose, à son tour, qu'il prenne des décisions, et elle lui faisait front, avant de lui tourner le dos. Quelle femme... Pourquoi elle, pourquoi lui, bon sang!

Et pourquoi ce baiser sur sa joue.

Le regard bas, les sourcils légèrement froncés, sa main quitta sa hanche et, un temps, sa conscience tomba, à ses pieds. Un vent d'Elise lui avait soufflé dessus, il avait perdu l'équilibre. Son parfum envenimé, et ses lèvres... Ses lèvres empoisonnées, l'avaient privé de raison. Gabriel et le vice. Il n'y avait que Tristan, pour en témoigner. Gabriel et le vin, Gabriel et l'alcool, et le vertige, et les hauteurs. Gabriel sur un toit, penché sur le vide. Gabriel sur la falaise, un pied au-dessus d'une mer affamée. Gabriel, trempé, grelottant, les lèvres bleuies, la peau translucide, rougie par les morsures de l'eau, qui demande combien de temps il a tenu. Gabriel, la bouche pleine de ces fleurs que maman lui avait formellement interdit de toucher, « juste pour voir ». Qui l'eut crut. Et Gabriel, devant Elise, qui cumule les coups de poignards.

« Le mieux serait de partir ce soir. La nuit tombée, je vous attendrai dans la cour près des écuries. Plus nous serons discrets, mieux ce sera. Vous pourrez prévenir malgré tout votre cher père. »

Ne l'avait-il pas prédit? Elle lui tournerait le dos, après l'avoir planté devant sa faiblesse de mauvais futur mari, de mauvais futur roi. À force, ça ne lui faisait plus autant d'effet. … Si seulement. Il eut envie de casser le miroir, et manqua de peu y mettre le poing, mais crut bon se garder d'une blessure de plus. Le sang ne lui gonflait toujours pas le cœur avec autant de force qu'auparavant. Et cela aurait été stupide, tout simplement. Une raison de plus pour qu'Elise se moque de lui.

Il sortit, à son tour, et se crut d'abord seul dans le couloir, mais une domestique vint à lui rapidement. Une jeune fille qui l'approcha timidement, et qu'il ne remarqua qu'en pivotant sur lui-même, alors qu'il était incertain quant à ce qu'il devait faire suite à la déclaration d'Elise. Retrouver son père, ou pas? Gabriel sursauta en ne se découvrant plus seul.

« Oh pardon! Je ne voulais pas vous surprendre... Je suis désolée. »

Il la jaugea silencieusement un instant, les esprits ailleurs. Puis, sa main se posa sur l'épaule de la servante, et il demanda, dans un murmure, doucement, en la regardant fixement.

« Mademoiselle, la porte de ma chambre est verrouillée et je souhaite qu'il en demeure ainsi. Je veillerai moi-même à l'entretien, aujourd'hui. »

Elle s'étonna d'abord de sa requête, mais n'osa le remettre en question et se montrer trop curieuse. Aussi acquiesça-t-elle vigoureusement de la tête. Il la remercia d'un sourire et elle quitta. Gabriel prit une autre direction, celle des jardins. Mains dans les poches, tête basse, il réfléchit. Hier, sa mère lui avait confié qu'elle prendrait le thé avec les parents d'Elise. Ainsi, la jeune femme n'était pas venue seule, ce matin, mais avait trouvé le moyen de s'éclipser. Rien de bien surprenant, donc. Cependant, elle était forcément arrivée en voiture ou en calèche, ce qui amenait Gabriel à déduire que sa monture n'était pas à Kingsbury. Et comme il la connaissait, il doutait fortement qu'elle n'accepte de monter n'importe quel cheval qu'il lui offrirait, ce soir. Puis elle avait ses affaires, à prendre pour ce soit-disant départ qu'elle avait officialiser sans attendre qu'il ne lui réponde. Elise retournerait donc à Magnecour.

Le prince s'arrêta au haut de l'escalier menant aux Jardins. Se baladaient entre les fleurs et les arbres maints individus de la cour, demoiselles, damoiseaux, nobles... Il pourrait les rejoindre, renfiler son sourire, parler beau temps et beaux habits avec eux, oublier qu'Elise, une fois de plus, s'était joué de lui. Et qu'il n'avait rien fait pour se défendre. On le complimenterait, on se montrerait aimable envers lui et, pour une fois, il lui sembla qu'il apprécierait, que cela serait réconfortant, pourtant, il fit volte-face. Gabriel demeura dans l'ombre. Il irait à Magnecour, il surprendrait Elise chez elle, cet après-midi. Seul. Il ignorait ce qu'il lui dirait, il doutait que c'était une bonne idée, mais il sentait qu'il devait le faire.
Retournant à sa chambre, il croisa Adam, qui lui raconta qu'il avait rencontré Elise venant des appartements royaux. Et malgré lui, ou plutôt sans prendre la peine de réfléchir, de se freiner dans son élan, Gabriel confia à Adam sa mésaventure de la nuit passée. Adam n'en dirait rien, il pouvait lui faire confiance. À défaut d'avoir un Tristan, il se découvrait un petit frère, et en oublia complètement la rencontre avec son père.

[On se voit à Magnecour? Twisted Evil )
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