Le pays d'Ingary
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 tête de mule et impromptue

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Florent Wurzel
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Florent Wurzel


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MessageSujet: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeMar 31 Juil - 2:57

[finalement... cest peut-être pas vraiment mieux... clown mais je promets une suite digne de Zora, c'est-à-dire, que trop bien. What a Face ]

Dans un profond tunnel où la noirceur était si dense que la visibilité en devenait totalement impossible, résonnait un son familier, régulier, un souffle, signe que la vie n’était point loin. Dans une pièce à l’extrémité opposée du tunnel, un rayon de soleil avait réalisé l’exploit journalier de s’infiltrer par l’une des petites fenêtres rondes du salon. Ce rayon, au fur et à mesure que l’aiguille des secondes sur la grosse horloge dans le noir couloir avançait, gagnait du terrain en direction de l’homme qui dormait.
C’est à six heures précises que la lumière solaire atteignit sa cible.

Fronçant les sourcils, retroussant son nez, Florent, tantôt couché sur le côté, se tourna sur le dos. Il frotta ses lourdes paupières de ses poings, posa ses mains sur son ventre puis ouvrit les yeux. Un rond de lumière se trouvait à l’endroit où, quelques secondes plus tôt, s’était trouvé son visage. Il demeura ainsi étendu, ses bleus yeux fixés au plafond de sa petite chambre, immobile.
Une nouvelle journée commençait, et c’est comme toutes les autres que celle-ci débuterait. Florent se redressa, prenant place sur le bord du lit simple. Il massa son visage, étirant ses traits trop longtemps demeurés fixes. Il se leva, replaça distraitement la couverture sur son lit, puis prit la direction de la cuisine en empruntant le corridor illuminé par un unique rayon de soleil. Il bifurqua à gauche rendu au bout du tunnel.
Un verre de jus de pamplemousses fraîchement pressés et une poignée de graines de tournesol suffirent pour son petit déjeuner. L’herboriste, toujours en traînant ses pantoufles contre le plancher de bois, emprunta cette fois la direction d’une petite salle de bain. Il retira sa chemise de nuit, ainsi que son pantalon puis, referma la porte derrière lui, plutôt par habitude que par nécessité.
Lorsque Florent ouvrit la porte de la salle de bain, ses cheveux étaient mouillés, il portait une chemise blanche au col ouvert et un pantalon noir, simple. Il paraissait moins endormi à présent. Prochaine direction : le salon, c’est-à-dire une sorte de mini-jungle vu le nombre de végétaux dans la pièce. Phénomène qui pourrait sembler étrange, une fine pluie tombait du plafond et humidifiait la terre de ces plantes, sans pourtant atteindre aucun meuble, ni le plancher, ni Florent. Ce dernier passa près de chacune de ses protégées, les inspectant, murmurant parfois quelques mots, touchant la terre, une feuille, une fleur… Finalement, il agrippa deux larges sacs de jute près de la porte d’entrée et sortit de son terrier. Sur la porte, lorsque celle-ci fut refermée, s’inscrivirent ses quelques mots : De retour à midi.

Un peu plus loin l’attendait un mulet gris, tacheté, avec ses grandes oreilles et sa grosse tête, l’on devinait aisément sa parenté avec les ânes, mais sa grandeur, il était possible de distinguer la part de cheval en lui également. L’animal rejoignit son maître qui enfilait une cape noire, attachée au niveau du cou par une épingle ornée de deux feuilles au contour dorée. Le magicien fixa les sacs de chaque côté de l’animal à l’aide d’un harnais, lui mit sa bride et la tint d’une main. L’épais lacet de cuir dans une main, l’animal marchant un peu derrière lui, il prit la direction des hauts du Méandre, en passant par la vallée. Ils avançaient depuis plusieurs minutes déjà sur un sentier au milieu de quelques regroupements d’arbres et de buissons, Florent était désormais assis sur le mulet. La bête avançait lentement, c’est à peine si elle dormait en même temps.
À la droite, un buisson s’agita. Le mulet s’arrêta et ouvrit de grands yeux apeurés, Florent plissa les paupières, fronça les sourcils. La seconde suivante, une jeune fille émergeait du feuillage et traversait le chemin à la hâte. Aussitôt, le mulet hennit et se hissa sur ses pattes arrières, apeuré par cette apparition soudaine et du coup Florent roula sur son dos, effectuant une sorte de roulade arrière pas du tout contrôlée et se retrouvant étendu parterre sur le dos, une pluie de graines lui tombant dessus, venue des sacs que portait le mulet. L’animal se mit à galoper vers l’avant, suivant le chemin, et semant derrière lui, inconsciemment, toutes sortes de végétaux. Florent se redressa aussitôt, puis bondit vers l’avant et planta avec force ses dix doigts dans la terre sèche. Il sembla alors que de géantes taupes, qui plus est extrêmement rapides, creusèrent jusqu’à rattraper le mulet en cavale et alors le sol, juste devant la bête, se souleva, formant un mur devant lui. Le mi-âne mi-cheval fit volte-face et fonça droit vers son maître, de nouveau debout. Florent courra vers lui et attrapa au passage la bride, obligeant la bête à s’arrêter.

"Wooooooo…"murmura doucement Florent.

Les yeux rivés à ceux de son compagnon, il semblait concentré et le mulet se calma presque aussitôt, comme hypnotisé par le regard du jeune homme. Il reprit son souffle et demeura tranquille alors que Florent entreprit de ramasser les graines tombées sur le chemin, apparemment pas plus mécontent qu’il ne le fallait, c’est-à-dire calme, quoi que très sérieux. En vérité, son air apparemment neutre, quasi-impassible, masquait en vérité des pensées par particulièrement amicales.
Depuis quelques jours, un cirque avait débarqué en ville, composé majoritairement, si ce n’est entièrement, de gitans. Des petits des grands, ils étaient partout.

*Sans doute l’un de ces clowns… Ou alors une gamine…*

Eurk, une gamine, n’est-ce pas. Florent et les enfants… Bref, sans se soucier le moins du monde de ce qu’était devenue la fugitive, il se mit aussitôt au travail. Il récupérerait le plus de graines possible, puis continuerait son chemin.
Une à une, il les cueillies donc, délicat, dans ses mains, le dos voûté, les yeux rivés au sol, c’est à peine si l’accident qui venait d’arriver avait eut lieu. Les graines, les précieuses graines, il fallait les ramasser à tout prix.
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Zora Cerussa
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeMer 1 Aoû - 1:42

Elle le sentait. Sa chaleur, cette lumière qui filtrait a travers ses paupières , ce chant, cette voix douce qui l'appellait. Comment résister. Elle ouvrit les yeux et vit. La, Zed la regarda en lui tendant la main. Il se trouvait sur une branche d'un arbre et elle, posée contre le tronc, admirant les rayons du soleil que les feuilles ne parvenaient pas a supprimer totalement. Les cigales créaient un fond sonore reposant, Zora se serait volontiers allongée dans l'herbe, et aurait dormi. Aucune surprise, elle n'avait jamais vu ce lieu et pourtant elle le connaissait si bien. Zed, souriant, lui prit la main doucement puis la tira vers lui puis la retint dans ses bras pour éviter qu'elle ne tombe. Zora scruta le paysage, des champs a perte de vue, des fleurs champêtres, elle soupira, heureuse. si elle en cueillait une, dame nature lui en voudrait? Zora en douta mais préféra rester dans l'ombre rassurante de la verdure avec son meilleure ami. Le jeune homme replaça une mèche rebelle qui s'était échappée du chignon de Zora, celle-ci fronça des sourcils, préoccupée et murmura:

"Zed...Pourquoi je te vois?"

Zed sourit tristement, posa une de ses mains sur la joue de la gitane et il s' effaça du décor. Peu à peu, tout devint noir, Zed, ses mains, son visage, le paysage, les fleurs, le sol, l'arbre, le chant, Zora...La fin, un tourbillon au couleur sombre, un arc-en-ciel de ténèbres, une voie sans issue. La jeune femme cria, mais aucun son ne sortit de sa bouche, et si c'était elle qui disparaissait?
Une respiration, une douleur, un bruit d' ailes, que ce passait-il? Zora tâtonna légèrement, cherchant en vain a retrouver ses repères. Quelque chose la touchait, dans la paume de la main, rassurant, juste inquiet. Zora le reconnaît. Doucement, une petite patte, fragile, puis une second. Attente. Zora sourit et de son autre main vient caresser le plumage de son fidèle corbeaux. Celui-ci repart, il avait fait son boulot, Zora était revenue dans le monde des vivants. La jeune femme, remise de ses émotions se releva lentement, comme a son habitude, ne désirant pas faire un faux pas et tomber, c'était arrivé si souvent...
Elle toucha du bout des doigts les murs en bois de la roulotte et trouva la porte qui menait vers l'extérieur l'ouvrit. Celle-ci grinça et Zora grimaça légèrement espérant ne pas réveiller ses frères, tous de gros dormeur. Il était tot, le soleil commençait a peine son éveille lui aussi, avec Zora. Pas un bruit, mis a par celui de gravier. Elle arriva derrière un mur et entendit une voix, celle de sa tante, Sarah. Celle-ci joviale et énergique était le genre de mère qui tromatisait les passants avec des balais, seulement la gitana n'était pas une passante. Sarah s' exclama:

"Bonjour princesse, toujours aussi matinale, tu as besoin d'aide?"

"S'il te plait."

La grosse femme lâcha des draps mouillés, Zora l' entendit, ce son si particulier, le bruit étouffé de l'eau claquant le sol, mais aussi la lourdeur du tissu, trop pour un vêtement et pas assez pour une toile. Elle s'approcha de sa nièce, et l'aida a enlever sa fine chemise de nuit et la guida vers bassine. Cette dernière, était propre a la famille Cerussa, grande, en bois, arrondit, elle arrivait aux anches de la jeune femme. Zora dut s' appuyer sur sa tante afin de ne pas tomber et parvint a se hisser avant de tomber dans l'eau chaude comparée a la froideur matinale. Elle soupira puis se laissa glisser le long des parois avant de rentrer sa tête dans l'eau. Elle resta quelques secondes puis se releva. Sa tante l'aida a passer du savon sur son corps puis elle se rinça avant de sortir et de se vêtir de ses habituels jupons aux couleurs plus magnifiques les unes que les autres. Tous les jours la même chose, cette dépendance, mais pouvait-on faire sans, lorsqu'on était infirme. Zora sans un sourire pour sa tante ni un remerciement s' enfuis. Elle marchait au centre du campement, elle sentait le bois humide du feu de la veille.
Des petits cris perçants, une joie de vivre perceptible au touché. Zora les reconnus tous, car ayant développé ses autres sens celui de l' oui, le plus fin, lui permettait de savoir ou se trouvait a peu près tout ce qui produisait un son. Elle se tourna, posa ses mains sur ses anches et attendit que les chenapans s'arretent.

"Princesse Zora, Je suis a vos ordres."

Joakim. Son timbre de voix encore fluet, Zora l'adorait, sûr de lui pour son age, il avait déjà demander la main de la jeune femme, alors que d'autres bien plus grands ne s'y était jamais aventuré! Il disait qu'ils se marieraient et qu'il s' occuperait d'elle jusqu'a la fin de sa vie. Nombreux lui ont dit d'aller a Kinsbury jouer les princes dans la cour du roi.

"Tais-toi! Zoraaaaa, tu pourras nous lire une histoire?"

"Bien sur Nara, mais dis-moi, saurez-tu ou est ma guitare?"
Aucune réponse? Ou étaient-ils donc passés? Zora s' inquiéta un peu, que faire? La chercher par ses propres moyens? Impossible! Soudain, une petite main, potelée, douce, se glissa dans la sienne et la sera. C'était Nara, et de l'autre coté, celle de Joakim la prenait plus fermement. Zora se laissa guider, et lentement, elle arriva près de l'ancien feu, Nara le lui avait dit et ensuite lui tandis la vieille guitare en bois. Elle les remercia chaleureusement et commença a partir hors du campement de son pas toujours aussi incertain. Elle avança sans se savoir ou elle allait, elle s'en moquait Zed la retrouverait, Zed la retrouve toujours. Au pire Mold le ferait, lui, l'oeil-qui-voit-tout, ainsi nommé par les gitans. Elle arriva dans un près. Elle poursuivit sa routes longtemps et sentit le sol devenir de plus en plus dur, une route! Elle se mit au milieu et commença a jouer, un air joyeux, celui qu'elle jouait lors des fêtes, alors que les tziganes dansaient dans leurs robes plus belles que celles des nobles et que les gitans, les regardaient admirant leur perfection. Seulement la fete qui bâtait son plein dans la tete de Zora s' effaça des qu'elle sentit un choc. Elle cria et tomba sur le sol, protégeant sa guitare. Elle sera la mâchoire et perçut une vive douleur a son genoux. Des que la peur fut passée, elle releva sa jupe et posa doucement son index la ou elle avait mal. Elle gémit et posa son pouce sur le doigt, celui-ci glissa. Zora releva vers son nez sa main et sentit: l'odeur du sang.
Elle se releva avec difficultés, et murmura d'un air affolé en s' approchant du bruit:

"Pardon, escusez-moi! Ou...Ou etes vous?

Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle se trouvait en face de l'inconnu, celui-ci au sol ramassait quelque chose. Zora après un long moment l'entendit. Elle posa une main sur l'épaule de ce qui semblait etre un homme vu sa carrure et demanda:

"Pouvais-vous m'aider? J'ai mal, je suis blessée...Je pourrai pas retourner au cirque! Je...Je suis aveugle!"

Elle ouvrit dans ses yeux afin qu'il perçoive a travers le voile blanc, le noir qui s'y cachait. Elle savait que même si Mold ou Zed la retrouvait, il ne pourrait ni l'un ni l'autre la ramener au campement. Elle l'entendit grommeler dans son coin apparemment elle ne parviendrait pas a le convaincre, était-ce un homme froid? Elle hésita puis murmura sur le ton de la confidence:

"Si vous m'aider je vous offrais quelque chose, je peux danser, chanter, jouer de la guitare, je suis aussi équilibriste, aidez moi et je vous emmènerez aux pays des merveilles."

Un monde merveilleux , celui du cirque, la était l'endroit enchanté qu'elle lui présenterait car c'était certain cet etre était trop aigri pour avoir un jour admirer les spectacles du cirque, ou simplement une gitane danser.


Dernière édition par le Mer 1 Aoû - 12:37, édité 1 fois
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Florent Wurzel
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeMer 1 Aoû - 4:10

"Pardon, excusez-moi! Où…où êtes-vous?"

Ses chênes, ses tilleuls, ses bouleaux, ses ancolies, ses belles ancolies, ses orchidées, ses marguerites, toutes elles étaient là, précieuses semences, à choir sur cette terre sèche, beaucoup trop sèche d’ailleurs… Ah ben voilà le genre de problème auquel il faudrait remédier! Mais pas maintenant, non, Florent était beaucoup, beaucoup trop occupé. Si occupé que daigner lever la tête, même le plus court instant qu’il soit, afin de voir le visage de celle qui le dérangeait, ne lui vint même pas à l’esprit. Il devait d’abord terminer de cueillir ces futurs êtres vivants, afin de les planter, comme prévu, dans le haut des Méandres, là-haut, dans ces bois, où l’on avait fait des essais de bombes. La bonne idée… Et maintenant pour réparer les dégâts, l’on faisait appel à Florent.

*Comme si je n’avais que ça à faire…!*

C’est que l’herboriste avait plus d’un chat à fouetter. Les clients étaient nombreux à le visiter et à lui faire des commandes, et ce de façon quotidienne. Potion pour tel mal, une autre pour celui-ci, et ainsi de suite. Il fallait en plus que Kingsbury viennent mettre le nez dans ses affaires!

*Ce roi…*

Ce roi oui, qui exigeait de ses magiciens tous les services qu’il leur demandait. Florent en avait marre. MARRE. Et ca le hantait, ca lui pesait sur les épaules, sur la conscience, sur son être entier, à chaque jour, à chaque nuit. Et cette peur, une angoisse qui le rongeait constamment, la peur d’être envoyé, à son tour, là haut dans les bombavions et être lui aussi recraché en des terres inconnues pour connaître le même sort que ses semblables, devenir une arme de destruction. Malgré les paroles qui se voulaient rassurantes de Madame Black, Florent était inquiet.

*« Se serait du gaspillage que de t’envoyer au combat! Le roi a besoin de gens comme toi ici, en sécurité. Et c’est ainsi et pas autrement que tu lui es utile. »

Cesse de t’inquiéter et demeure un froussard…*


Autant il craignait la guerre, autant il n’était pas à son aise ici, en sachant qu’il pourrait aider… là-bas.

"Pouvez-vous m'aider? J'ai mal, je suis blessée... Je pourrai pas retourner au cirque! Je...Je suis aveugle!"

Q-quoi? Cette main sur son épaule, petite, délicate…comme…
Florent se revit à 7 ans, étendu dans un champ de fleurs immense, composé de fleurs sauvages, toutes aussi belles les unes que les autres. Étendu sur le côté, Florent en admirait une en particulier, encore petite, pas tout à fait éclose, ses pétales étaient jaunes. La fleur paraissait banale, ordinaire, mais aux yeux du gamin qui l’admirait depuis bon nombre d’heures déjà, c’était la plus belle des fleurs. Si douce, si fragile…si belle. Et dans le cœur de Florent, il sembla que cette fleur avait éclot également, le rendant serein, bien, heureux.

De la magie. Cette fille était une magicienne! Plantant son regard myosotis sur les yeux qui venaient de se découvrir face à lui, le magicien tenta de reconnaître la magie en ses yeux…pâles, si pâles. Elle était aveugle, elle l’avait mentionné. Le jeune homme fronça les sourcils, encore bouleversé par cette lumière qui venait de s’éveiller en son cœur glacial. Il ne la laissa point le réchauffer davantage. Halte la, Florent savait échapper à ce genre de sorcellerie, du moins pour un moment…
C’est à peine s’il entendit la proposition de la gitane. Il la considérait encore d’un œil douteux, désormais du haut de toute sa grandeur, une poignée de graines dans les mains. Une fois convaincu qu’il ne craignait rien, que la fleur ne lui reviendrait plus en tête, il regarda autour de lui, la majorité des graines avaient été ramassées. Que faire maintenant? Il soupira puis, sans avertir, agrippa l’une des mains de la dite équilibriste, l’entraînant ensuite d’un pas pressé vers son mulet à demi endormi encore une fois.

"Très bien, fit la voix grave de Florent, je vous ramène à votre cirque puisqu’il n’est pas très loin. … Attention à la roche, à droite. Ajouta-t-il automatiquement en apercevant la chose, tirant un peu sur le bras de la gitane pour qu’elle vienne vers lui. Une fois près du mulet, il lâcha sa main et, tout en rangeant les graines dans un des sacs accrochés à la bête, il continua, sur le même ton sans intonation. Vous voyagerez sur mon mulet, ainsi vous n’abîmerez point davantage votre genou… Soudainement plus rapidement. Désolé pour ça d’ailleurs. Reprenant un débit normal. Vous permettez que je jette un coup d’œil? Vu l’état des chemins, il ne serait pas surprenant que quelques saletés se soient logées dans votre plaie." S’inquiétait-il? Non, seulement c’était son boulot, entre autre, soigner les gens.

Sans attendre de réponse, Florent posa ses mains sur la taille de la jeune fille et la hissa vite fait sur le dos du mulet, qui n’eut aucune réaction si ce n’est d’ouvrir ses grands yeux globuleux. Le jeune homme, aussitôt la demoiselle posée sur l’animal, retira ses mains. Il se mit à l’œuvre, sortant d’une poche de son pantalon un petit carré de tissu blanc, qu’il déplia soigneusement en continuant de parler.

"Je suis herboriste et soigner ce type de plaies fait régulièrement partie de mes fonctions, vous n’avez rien à craindre."

D’un des compartiments sur la selle du mulet il sortit une fleur séchée, rouge vif, très semblable à une rose. Il porta la fleur jusqu’au visage de la gitane, près de ses narines afin qu’elle puisse la sentir. Habitué à devoir mettre les gens en confiance, Florent avait apprit à prendre le temps d’expliquer ce qu’il faisait. Étonnamment, un minuscule sourire se nicha au coin de sa bouche. L’effet de parler des fleurs, des plantes… Il était dans son élément et c’était presque suffisant pour lui faire oublier tout le reste.

"Une rose que j’ai un peu… aider à grandir, en lui prêtant des propriétés médicinales, particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de nettoyage de plaie."

Il abaissa la fleur.

"Je vais la poser sur votre genou, ca ne fera pas mal…"

Et donc, il appliqua la fleur séchée, pétales devant, sur la plaie au genou de la gitane, puis posa le linge blanc par-dessus le tout et garda sa main dessus afin qu’il demeure en place. Alors, il leva les yeux vers le visage de la jeune femme. Elle avait cette beauté étrangère, à la fois mystérieuse, intrigante…

"Voilà, ca devrait faire."

La fleur avait imbibé le sang et les saletés avec, demeurait sur le genou de la musicienne une plaie ouverte, mais propre, et qui ne saignait plus. Florent enveloppa dans le tissu la fleur qui apparaissait dorénavant vivante et la remit dans la poche sur la selle. Il alla ensuite vers la tête du mulet et agrippa sa bride d’une main. Lentement, l’animal se mit en marche de son pas paresseux et alors que le trio avançait sur le chemin, derrière eux jaillirent de la terre une dizaine de fleurs et de petits arbres, gracieuseté de Florent. Conscient qu’il avait abandonné quelques graines, il avait crut sage de leur donner une chance. Vu la mauvaise qualité de la terre, elles n’auraient jamais poussé sans son aide. Alors, un doux parfum émergea des nouvelles pousses, particulièrement teinté par l’odeur du lilas. Florent apprécia un moment le parfum des fleurs, puis, retrouva son air morne, quoique toujours un peu songeur.
Faire la conversation? Florent? Dans une autre vie, peut-être bien...
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Zora Cerussa
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeLun 6 Aoû - 1:07

Zora écoutait. Les sens en alerte, que ferait cet homme? La laisserait-il au bord de la route? Apparemment non. Alors qu'elle commençait a désespérer, et imaginer mille stratagèmes pour rentrer chez elle, elle sentit une main prendre violemment la sienne, elle cria, surprise, et de son autre main chercha a retrouver ses marques, perdues pour toujours entre deux graines et une fleur. Avait-il réellement comprit qu'elle était aveugle? Elle murmura, comme pour calmer une créature encore sauvage:

"Doucement."

Il devait être effrayer. Zora en avait vu passer des tonnes des gens comme lui. Effrayer, terroriser, par elle, par son regard. Une barrière qui très vite se dressait entre elle et le monde. Etait-ce elle qui tentait de devenir une paria, de refuser l'amitié des autres, ou les autres qui la considéraient comme trop différente? Elle avait depuis de nombreuses années appris la réponse a cette question, mais encore fallait-il l' accepter! Elle s'était au début éloignée d'eux, mais eux l'avaient aussi rejetée. Ceux qui n'étaient pas "normaux" forcement, étaient exclus de la société, les gens les craignaient, comme ils craignaient de devenir comme eux, et Zora n'était pas sortie du lot car si sa beauté et sa magie la rapprochait des gens, elle n'en était pas moins une sorte de monstre de foire. On la regarde de loin, en cachette, mais si Zora n'a plus ses yeux, elle n'en est pas moins sotte, elle avait toujours ressenti le gêne, la tristesse, la moquerie, l' effroi. Cet inconnu n'était pas diffèrent des autres, elle, savait au moins qu'elle sortait du commun des mortels.

"Très bien, je vous ramène à votre cirque puisqu’il n’est pas très loin. … Attention à la roche, à droite. "

Zora, bougea légèrement la tête, comprenant qu'elle allait ce prendre une pierre, elle releva ses jambes et suivit le jeune homme qui la guidait. Grâce a sa voix, a la texture de ses mains, elle parvenait a identifier plus ou moins son interlocuteur. Elle le voyait, aussi grand que sec, peut-etre, était-ce un homme des champs, ayant la peau halée et les mains rudes, ou peut-etre un simple ouvrier passant plus de temps dans le fond de sa boutique qu'auprès de sa famille. Sa voix grave et la rudesse de ses gestes dévoilait sa timidité, ou peu-être qu'il était insociable. Zora, a une époque l'avait été, mais tout cela était du passé pour elle, elle avait retrouvé l'amour de la vie, des autres, elle se sentait en accord avec elle, chose que l'inconnu ne semblait pas avoir la chance de connaître.
Elle arriva enfin près de l'animal, ce n'était pas un cheval, elle s'en était rendu compte dès le début. Cet ane, n'était pas très haut, juste la bonne taille, doux et sembler se moquer totalement de Zora. Tandis que l'Autre, lui lâchait la main, elle la posa sur le dos de l'animal qui ne bougea pas d'un poil.

"Vous voyagerez sur mon mulet, ainsi vous n’abîmerez point davantage votre genou… Vous permettez que je jette un coup d’œil? Vu l’état des chemins, il ne serait pas surprenant que quelques saletés se soient logées dans votre plaie."

Zora avait presque oublié son genoux, tant qu'elle ne bougeait pas elle ne souffrait pas trop, et puis si l'esprit n'avait pas mal, le corps non plus, alors elle s'efforçait de penser a ce beau mulet, a le caresser et l'imaginer, marchant fièrement sur les routes de grands chemins.
Qu'il jette un coup d'oeil? Zora n'aimait guère qu'on la touche, car elle se sentait dans ces moments la faible, a la merci de tout danger, donc seuls ses proches avaient pris l'habitude de la toucher, c'était un privilège que peu possédait, alors pourquoi cet étranger l'aurait? Si elle n'avait pas eu peur que cela s' infecte, elle aurait préféré ramper jusqu'au cirque plutot que de laisser regarder cet homme dont elle ne connaissait pas le nom. Elle désira réfléchir, seulement l'Autre ne lui laissa pas de délais, elle sentit deux puissantes mains serrées sa taille et la soulever. De crainte de tomber, elle s'accrocha aux mains de l'homme doucement, celui-ci la posa sans ménagement sur l'âne et la relâcha aussitôt. Zora, assise en amazone sur le mulet sourit, ce n'était guère très flatteur d'etre assise comme un sac a patate sur un ane. Dire qu'avant elle courait avec des chevaux, les montait et parcourait les landes en leur compagnie mais depuis son infirmité, elle ne pouvait plus. Un voile de tristesse et de nostalgie emplit le visage de la gitane qui baissa la tête.

"Je suis herboriste et soigner ce type de plaies fait régulièrement partie de mes fonctions, vous n’avez rien à craindre."

Très appliquer, il ne semblait rien laisser au hasard, choisissant les bons mots, ayant une raideur et travaillant durement, du moins ce qui semblait etre. Il était loin des gitans illettrés et des tziganes diseuses de bonne aventure, ou seul le mystère avait une place. Zora le voyait bien lire au coin d'une cheminée, le regard sombre, concentré, seul, dans un bazard mélangeant plant, pille de livres, et autres objets scientifiques. Zora avait appris grace a son père a lire, seulement a présent elle était dépourvue de ce droit qui était devenu un besoin. Jamais elle n'avait avoué, que la lecture lui manquait, qu'une histoire racontée aurait été bien mieux accueillie qu'une caresse désintéressée.
Soudain, coupant cours au réflections de Zora, une odeur puissante, mystique et florale vint chatouiller le bout de son nez. La jeune femme respira lentement mais fortement, comme pour s' imprégner de cette odeur, du charme qu'elle devinait, de toute l'élégance et la perfection qu'elle déployait. Zora posa sa main sur la tige, près du coeur de la fleur, puis l'approcha un peu plus, juste pour redécouvrir.

"Une rose que j’ai un peu… aider à grandir, en lui prêtant des propriétés médicinales, particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de nettoyage de plaie."

Zora n'avait toujours pas prononcé un mot, respectant le silence. Un silence qui était né par la froideur de l'herboriste, et s'était prolongé grace a la beauté de la fleur. Un silence gênant s'était transformé en doux silence. La fleur s'éloigna, le parfum avec, Zora, déçue de ne pouvoir vivre avec cette odeur le reste de sa vie, rebaissa sa main, et s'interrogea: le nettoyage de la plaie allait-il faire mal? Douillette? Zora? Non, juste inquiète, elle connaissait quelques plantes et leurs propriétés, seulement des fleurs ayant étaient crées par dame nature et trafiquées par un herboriste, elle ne connaissait pas, et n'était pas trop d'accord. Comment pouvait -on changer ainsi le cours des choses, qui était-il? L'Autre était un magicien? Un fidèle serviteur du roi, prônant la guère, et inventant de nouvelles armes destructrices? Zora ferma ses yeux voilés et se répéta lentement: "Ne juges pas sans savoir!"

"Je vais la poser sur votre genou, ca ne fera pas mal…"


Zora accessit lentement de la tête, et releva ses jupons dévoilant une jambes petite, mais fine. Seul, le sang qui coulait lentement de son genou gâchait ce que tant d'amour avait crée. Zora posa ses mains sur ses cuisses et sentit celle de l'Autre, sur son genoux, retenant quelque chose de doux. Ne sentant nul gene dans la gestuelle du jeune homme ni aucun sentiment étrange, elle ne sut jamais qu'il l'avait dévisagé. Zora ne sentait rien, aucune autre douleur que celle provoqué par l'accident.

"Voilà, ca devrait faire."

"Merci..."

Presque inauditible, Zora ne se serait pas risquée a vexer l'herboriste, elle ne le connaissait pas et chaque mot pouvait etre mal pris. Un simple remerciement parfois devenait un combat sanglant hors elle n'était pas de taille cette fois-ci, sauf si elle usait de sa magie. D'ailleurs la gitane s'inquieta, d'habitude cette dernière faisait son chemin toute seule, sans demander a Zora si elle voulait rentre les gens autour d'elle joyeux, mais a présent, le charme semblait s'etre éteint.
L'Autre se déplaça, l'ane avança. Zora se cramponna au cou du mulet et écouta. Cela vint lentement puis de plus en plus rapidement, qu'était ce que s'était? Juste avant qu'ils ne s'éloignent trop, Zora sentit une branche, comme celle d'un lière, s'enroulée délicatement sur son bras avant de repartir d'un autre coté. Elle resta bouche bée devant cette magie. Etait-il un homme important? Influant la haute société ou le magicien du roi? Zora en doutait, ce genre de personnage ne se balade pas avec un mulet comme seul protection.
La jeune femme ne dit rien, trop stupéfaite, mais curieuse de savoir qui elle avait en face d'elle, elle murmura:

"Etrange herboriste, comment etes-vous?"

Cette question n'avait aucun sens, mais Zora toujours prête a connaître l'autre, Elle se doutait qu'il n'aurait pas apprécié qu'elle lui pose énormément de questions alors une regroupent tout lui suffit. Elle se demandait si Zed s'inquietait? Sûrement il lui donnerait maint conseils, puis lui ferait un baisé sur le front avant de la protéger de tout les dangers pendant dis jours. Pourrait-elle encore etre funambule? Bien sur la question ne se posait pas et puis elle aurait poursuivit meme avec les membres coupés!

"Etes vous déjà allé au cirque?"

Les cirques étaient très connus notamment celui de Zora, le plus populaire, ou le roi et le forgeron venait voir la troupe. Zora était fière des gitans, travaillant dure, pour toucher les étoiles.
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Florent Wurzel
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeLun 6 Aoû - 3:36

"Merci..."

Plutôt discrète, la gitane. Le type de client que Florent aurait bien apprécié avoir plus souvent. Elle avait été d’une patience et d’un calme exemplaire, ne le dérangeant pas dans son travail, ne posant pas toutes sortes de questions inutiles, ne craignant point la douleur. Ils étaient tellement, tellement nombreux à craindre le moindre mal, la moindre goutte de sang. Et tous ces soldats qu’on ramenait au pays, estropiés, en sang, victimes de la guerre et de sa violence. Les potions calmantes avaient été nombreuses à être administrées et Florent, toujours avec sa neutralité implacable, soignait, et comme un automate, expliquait, malgré les cris et les supplications, il demeurait calme, ou à peu près et ne semblait atteint aucunement par le désespoir et la douleur humaine qui l’entourait. Où était donc Florent? Parti depuis des lustres dans un monde où il s’était enfermé à double tour.
L’herboriste jeta un coup d’œil derrière lui, vers la gitane, puis vers le mulet. Chose étrange, il semblait plus gai, maintenant qu’il avançait. Le mulet paresseux, têtu, lent que Florent connaissait habituellement était à présent un animal qui avançait avec un certain entrain, sa tête un peu plus haute qu’à l’habitude, ses pas moins traînants, il bravait la vieillesse et la monotonie, apparaissant soudainement comme un mulet aventurier, une brave bête. Florent en fronça les sourcils, pour ensuite lever les yeux vers la jeune femme. C’était elle, sans aucun doute.

"Étrange herboriste, comment êtes-vous?"

Et il était censé répondre quoi, exactement? L’un des sourcils du magicien se haussa, l’autre demeura froncé, lui donnant un air perplexe. Il se retourna vers l’avant, fit quelques pas encore, en songeant que Flora aurait beaucoup aimé cette gitane. Si seulement elle avait été là… Flora aurait répondu avec entrain et intérêt, mais aurait beaucoup interrogé également. Elle aurait voulu tout savoir de la gitane, tout. Et sans doute s’en serait-elle fait une amie… Et lui alors, ne voulait-il pas savoir? N’était-il pas curieux? Mais là n’était pas la question la question était plutôt… Comment êtes-vous, comment êtes-vous… Le jeune homme tenta une réponse, son ton tantôt froid et direct tendait désormais légèrement vers l’incertitude. Florent avait l’habitude de répondre à des : Comment allez-vous? Bien merci, et vous? Point à la ligne. Rien de bien compliqué comparativement à ce… comment êtes-vous…

"Et bien je suis… Soudain il comprit, du moins il crut comprendre. C’était à cause des fleurs et des arbres sans doute! Elle avait dut les sentir. Je ne suis pas qu’herboriste, comme vous l’avez peut-être constaté. Je suis magicien également… Florent Wurzel, magicien herboriste… Je me sers de mes connaissances et de ma compréhension des végétaux pour nourrir ma magie, et vice versa. Dans mon cas, l’un ne va point sans l’autre. Je…" Il hésita. Devait-il vraiment lui raconter tout ça? Après tout, non seulement elle devait s’en ficher, mais en plus, il ne devait peut-être pas… Et si le roi…

*Tant pis pour le roi!* Songea Florent en sentant ses joues rougir, sans doute la colère qu’il ressentait envers le souverain. S’il désirait garder certaines informations secrètes et bien, il n’avait qu’à avertir! Et Florent, on ne l’avait jamais avertit. Non, Florent, on lui donnait des ordres, c’est tout, comme à eux tous…

Il reprit donc sur son ton explicatif, cependant avec une pointe de ce qui ressemblait à de l’entrain dans la voix, de l’intérêt presque.

"Je me dirigeais vers les hauts du Méandre, lorsque nous avons eut notre petit accident, afin de replanter dans les sous-bois les arbres et les plantes qui ont été saccagés suite aux essais de bombes que l’armée y a pratiqués. Il se tut un court instant, rien que d’y penser, il enrageait. Il tenta cependant de contenir son mécontentement, qui demeura tout de même perceptible dans sa voix, et poursuivit. Depuis que la guerre a éclatée, c’est là l’une de mes tâches, réparer les erreurs de la guerre. Je soigne les hommes, mais la nature également… C’est bête, elle n’a rien à voir là-dedans et c’est l’une des pires victimes."

Sur ce, Florent se tut définitivement. Du moins c’est ce qu’il crut. Il avait exprimé des choses qu’il n’avait, jusque là, osées que penser. Il y eut un silence. Chose certaine, Zora comme Florent savaient apprécier et respecter les silences. Florent accueillait toujours ces instants avec plaisir alors que chez les nobles, nombreux étaient ceux qui s’empressaient de remplir les silences avec des futilités. Il se tut donc, mais le silence fut brisé, non, pas brisé, suivi plutôt, par une nouvelle question de la part de la gitane.
Le cirque? Florent dut réfléchir, vraiment, il dut fouiller dans sa mémoire. C’était là le genre de souvenirs qu’il ne se rappelait pas souvent. Florent n’avait plus la tête à se souvenir les bons moments du passé, le présent était trop préoccupant. Cependant, des images lui revinrent en tête, floues au début, puis de plus en plus nettes. Il y avait Flora, qui riait en gambadant devant eux, Florent et Roméo, et Blanche, leurs parents. Et puis un chapiteau immense! Très haut et très beau, impressionnant vraiment, et petit Florent qui jouait les indifférents, déjà, trouvant plus d’intérêt à observer une lignée de fourmis sur le sol rocailleux. Toujours pas tout à fait certain de ce qu’il avançait il commença à raconter, se souvenant au fur et à mesure que les mots naissaient, mariés à des images qui se précisaient.

"Oui… Enfin je crois… J’étais enfant, je devais avoir… 10 ans, peut-être un peu plus ou moins… J’étais avec mes parents et ma sœur et, nous étions descendus du Méandre pour assister à une représentation du cirque, dont le nom m’échappe… Je me souviens les caravanes derrières l’immense chapiteau que j’avais entraperçu alors que nous allions pour pénétrer sous la grande tente. Nos places étaient tout au haut et Flora n’arrêtait pas de sauter partout… J’avais peur qu’elle tombe… C’était impossible, mais… Enfin bref, le spectacle m’avait… réellement impressionné. Et moi qui débutais mes études de magie me croyais bien intelligent, j’étais demeuré bouche bée."

Il baissa la tête, parut embarrassé, il n’avait pas prévu autant s’étendre sur le sujet, confiant ainsi des bribes de son passé. Il regarda derrière lui, espérant que son malaise n’avait pas parut au-delà des regards, et reprit, reprenant du sérieux, mais avec moins d’indifférence que précédemment.

"Et vous, mademoiselle, vous êtes du cirque Luna Negra, n’est-ce pas? J’ai entendu parlé de votre venue à Halle-Neuve… Vous bravez la guerre, c’est courageux…"

Florent cessa d’avancer, le mulet en fit de même. En marge de la route il y avait un petit regroupement de fleurs jaunes, toutes comme celle à laquelle il avait jadis rêvé il y avait de cela quelques minutes seulement. Le jeune homme lâcha la bride du mulet, celui-ci demeura sagement posté. Florent s’accroupit près des fleurs et les contempla un instant, silencieux. Il huma leur parfum, discret, doux et velouté, il était léger comme tout. Il posa alors son index et son pouce droit sur l’une des tiges et en fit de même avec sa main gauche, sur une autre fleur. Il se mit ensuite à tirer, lentement et sans réellement forcer. Alors que les tiges se détachaient, une nouvelle fleur naissait là où celles que Florent prenait avaient écloses. Il se retrouva avec deux fleurs jaunes dans les mains et, comme si de rien, deux nouvelles fleurs les avaient remplacées, assurant la survie de la plante. Il retourna vers le mulet, plus précisément vers la selle. Il sortit d’un autre compartiment un nouveau tissu blanc et entoura l’une des fleurs dedans, pour ensuite la ranger. L’herboriste prit ensuite l’une des mains de la gitane et glissa doucement entre ses doigts la tige de la fleur.

"Chlore perfoliée. C’est la première fois que j’en vois par ici… On les considère habituellement comme pas suffisamment odorantes pour en faire des parfums et pas assez jolies pour les mettre en bouquets… Elles sont timides, les chlores perfoliées…" Il se racla la gorge et retourna vers la tête du mulet, il prit sa bride et ils continuèrent lentement leur route.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeLun 6 Aoû - 21:58

Voyant l'Autre indécis, Zora repensa a sa question. Etait-elle trop vague pour l'herboriste? Avait-il du mal a trouver les bons mots? La jeune femme l'aurait volontiers aidé, mais elle n'aimait pas les questions ciblées, plus le mystère était présent, plus cela rendait du charme a la scène. Oui la scène! Car pour Zora, chaque moment de la journée, elle le voyait comme un entraînement, une aide pour son spectacle le soir-même, elle s'inspirait du vécu pour former l'iréel. Peut-etre que ce soir elle représenterait cet instant, ou essayait de ressembler a la fleur dont il s'était servi pour la soigner. Zora se voyait déjà, dans le noir, illuminée par la lune et les étoiles, tous ses jupons d'un rouge cinabre pour symboliser les pétale, un bustier noir pour le coeur et une rose dans ses cheveux sombres. Elle sourit, n'était plus sur le mulet mais sur le sol sableux de l'estrade, près du chapiteaux, dansant a l'aide d'un tambourin, suivant les rythmes de la nuit devant les arrivants qu'elle devinait ébahis.

"Et bien je suis…Zora releva la tête, revenant sur terre, enfin sur l'âne, et prétant une oreille attentive aux dires de l'inconnu espérant en apprendre plus sur lui. Je ne suis pas qu’herboriste, comme vous l’avez peut-être constaté. Je suis magicien également…"

Zora sourit. Au début, elle n'avait eu qu'un soupçon, lorsqu'il avait parlé de son don d'herboriste, car peu parvenait en rendre de tel propriétés a une fleur, certains parvenaient grace a des mélanges a trouver des astuces pour améliorer leurs travaux mais jamais Zora n'avait vu quelqu'un possèdent la faculté de prêter des propriétés médicales. La jeune femme n'avait guère été impressionnée par le changement des graines en plante, tous savaient a peu près le faire mais ce qui l'avait le plus fasciner était sans aucun doute, sa faculté de stopper les effets de la magie de Zora. Lorsqu'il lui avait dit qu'il était magicien, elle avait immédiatement compris que ce n'était pas elle qui avait un problème avec ses pouvoirs mais que ceux du magicien les avaient endigués. Zora se sentit immédiatement rassurée, car si elle n'aimait pas sa magie, elle ne désirait pas qu'elle disparaisse, car elle savait que c'était une partie d'elle.

"Florent Wurzel, magicien herboriste… Je me sers de mes connaissances et de ma compréhension des végétaux pour nourrir ma magie, et vice versa. Dans mon cas, l’un ne va point sans l’autre. Je…"

Florent Wurzel, elle n'avait jamais entendu parler de lui. A présent elle saurait. Mais comment pouvait-il si facilement se servir de sa magie au gré de ses envies? Zora avait tellement essayé que l'idée de gérer si facilement un tel pouvoir lui semblait impossible, mais ne dit-on pas qu'au pays d'Ingary, l'impossible est possible?
Zora avait remarqué que Florent avait hésité a poursuivre, elle se pencha vers l'avant mais resta muette, préférant le laisser sortir de par lui-même ce qui paraissait avoir tant de mal a sortir. Elle qui entendait toute la journée des gens qui se confiait a elle, cela ne la dérangeait pas, elle aimait que le magicien lui parle de sa vie, peut-être même que cela pourrait un jour lui servir!

"Je me dirigeais vers les hauts du Méandre, lorsque nous avons eut notre petit accident, afin de replanter dans les sous-bois les arbres et les plantes qui ont été saccagés suite aux essais de bombes que l’armée y a pratiqués. "

La guerre. Le coeur de Zora en avait fait l' amère expérience. Elle était au vaguement au courant de ce dont parlait Florent, un jour par un scientifique revenant des Méandres. L'armée et les magiciens, a ce qu'on disait, s'étaient alliés pour créer les machines de guerre les plus terrifiantes. Zora en était sur, dans la voix de Florent, quelque chose signifiait clairement qu'il était contre cette guerre.

" Depuis que la guerre a éclatée, c’est là l’une de mes tâches, réparer les erreurs de la guerre. Je soigne les hommes, mais la nature également… C’est bête, elle n’a rien à voir là-dedans et c’est l’une des pires victimes."


Qu'aurait pu dire Zora? Rien! Elle aussi avait perdu beaucoup dans cette guerre, un frere parti au combat dont elle n'avait plus de nouvelles. Perdre un être aimé, Zora essayait en vain de ne pas y penser, mais l' inquiétude la rongeait, que faire? Si Florent avait voulu la soigner, il aurait du lui ramener son frere, hors cela, très peu de personne le pouvait! Son frere, un jour il avait reçu une lettre, puis, Zora n'était pas parvenue a l'arreter. Fière, orgueilleux, jeune, il n'avait pas réfléchi une seconde, désirant se battre pour son pays. Sa soeur s'était battu elle aussi, mais une batalle qu'elle avait perdu, lui dire qu'il était suicidaire, qu'il allait mourir, qu'ils avaient besoin de lui, dans le cirque, qu'elle l'aimait. Rien. Un jour, il avait marché sur les routes qui menaient vers le sang, la main sur le coeur, et l'arme a la main.

"Oui… Enfin je crois… J’étais enfant, je devais avoir… 10 ans, peut-être un peu plus ou moins… J’étais avec mes parents et ma sœur et, nous étions descendus du Méandre pour assister à une représentation du cirque, dont le nom m’échappe… Je me souviens les caravanes derrières l’ immense chapiteau que j’avais entraperçu alors que nous allions pour pénétrer sous la grande tente. Nos places étaient tout au haut et Flora n’arrêtait pas de sauter partout… J’avais peur qu’elle tombe… C’était impossible, mais… Enfin bref, le spectacle m’avait… réellement impressionné. Et moi qui débutais mes études de magie me croyais bien intelligent, j’étais demeuré bouche bée."

Flora, cela devait etre sa petite soeur, pensa Zora. Très étrange, il avait commencé très tot son apprentissage, peu avait cette chance. Zora se voyait bien dans un grand château hanté, comme elle les avait lu dans les histoires, aux tours aussi pointu qu'une lance et remplis de toiles d'arraignées. Elle serait auprès d'un grand mage au chapeau pointu et au regard énigmatique. Il lui ferait une potion, lui demanderait de boire, et elle retrouverait la vue, redeviendrait celle qu'elle était, pourrait lire, courir, admirer la beauté de ce qui l' entoure, voir les spectateurs applaudirent. Zora adorait ce moment, ou l'adrénaline n'était pas encore partie et ou le public remerciait les gitans de leur travaille. Dommage que Florent n'y soit pas retourné, depuis cela avait tellement changé.

"Et vous, mademoiselle, vous êtes du cirque Luna Negra, n’est-ce pas? J’ai entendu parlé de votre venue à Halle-Neuve… Vous bravez la guerre, c’est courageux…"

"Oui...Si nous ne redonnons pas un peu de joie aux gens...Qui le fera? Vous devriez venir, vous savez, peut-être qu'alors vous aussi, vous sourirez un peu plus."


Et oui, Zora l'avait immédiatement su, pas besoin d'avoir des yeux pour voir que Florent n'était pas un de ses jeunes qui parcourt les bars et festoie tout le temps. Il devait etre solitaire, se cachant soigneusement derrière ses plantes.
Soudain,le mulet cessa. Zora, se redressa et murmura:

"Sommes-nous déjà arrivés?"

Cela lui semblait bien trop cours, elle qui avait mis tant de temps pour revenir, a présent ils arrivaient en quelques minutes?Impossible! Elle fronça des sourcils et entendit la bride se relacher et tomber. Cette fois, Zora commença a s'inquieter, que faisait-il? La laisserait-il planté la? Abandonnerait-il son mulet pour simplement se débarrasser d'une sauvage? Elle l' entendit faire quelques pas, s'arreter...Zora respira a nouveau...Puis revenir. Elle soupira, soulagée et sentit qu'il déposait un objet dans sa main, fragile. Zora doucement, pour ne pas l' abîmer, toucha et l'approcha de son nez. Une fleur. Un parfum s'en dégagea, encore plus fort que celui de la rose, plus exotique.

"Chlore perfoliée. C’est la première fois que j’en vois par ici… On les considère habituellement comme pas suffisamment odorantes pour en faire des parfums et pas assez jolies pour les mettre en bouquets… Elles sont timides, les chlores perfoliées…"

Zora sourit. Elle se demanda un instant que pensait Florent et aurait donné très cher pour le savoir. Si son pouvoir avait été de capté les pensées des autres elle aurait été la plus heureuse...quoique...Savoir continuellement ce qu'avait les gens dans la tête, quel triste sort, plus de magie, plus de mystère, plus de surprise. Et puis les gens ne pensaient pas forcement que de belles choses...
Seulement, la Florent avait laissé Zora, souriante mais pleines de surprise, il avait repris sa route comme si de rien n'était mais si...Si il l'avait comparé a la fleur? "Suffisamment odorantes pour en faire des parfums et pas assez jolies pour les mettre en bouquets", Zora n'était pas jolie? La jeune fille baissa la tête et murmura, comme un secret, mais tout en étant sur que l' herboriste l' entendrait:

"Je la trouve plutôt jolie, si on sait l' aimer a sa juste valeur...Merci, je la garderais jusqu'a ce qu'elle se fane...Malheureusement."

Elle pris la fleur de sa main gauche puis la mis dans ses cheveux. Elle la toucha pour vérifier qu'elle soit bien accrochée puis murmura d'une voix plus vive, joyeusement:

"Et si, vous restiez ce soir? Il n'y a pas de spectacles, mais tous les gitans, nous organisons un grand repas, une fete, près d'un feu, puis ensuite nous dansons! Ce serait extrêmement bien, et puis au moins vous vous amuserez un peu. Je ferais en sorte que cette soirée se passe a merveille, alors acceptez!"

Zora était sur que Florent accepterait, elle le forcerait au pire, mais elle y tenait, elle avait finis par bien l'aimer. Il n'était pas comme certains des gitans, il était plus réservé, mais elle enlèverait cette carapace, a coup de gentillesses ou a coup de hache a lui de choisir.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeJeu 9 Aoû - 7:06

[j'ai considéré que Zora accepterait le petit arrangement de Florent, mais si ca ne te convient pas, j'éditerai! albino ]

Redonner la joie aux gens. Voilà une façon de voir les choses à laquelle Florent n’avait jamais songé. Était-il, comme les gens que mentionnaient la gitane, victime du bandit qu’était devenue la guerre? Lui avait-elle subtilisé sa joie? N’avait-il jamais eut de joie? Le jeune magicien répondit par un simple et vague…

"Mmm…"

Car en vérité, il songeait. Il sembla à Florent, alors que toutes ces questions lui venaient en tête, qu’il avait, au fond, toujours été ainsi. Ses souvenirs étaient-ils fidèles à la réalité? Se mentait-il? La réflexion ne menait à rien et Florent voyait un gouffre se former au-dessus de ses pieds, un gouffre dans lequel il était jadis tombé et avait résulté de ces chutes que du mal. Seulement il n’avait jamais osé aller au fond du trou noir qui le hantait. La peur d’y découvrir un inconnu l’incitait à rebrousser chemin.
Heureusement, c’est à ce moment que survint sur le chemin les fleurs jaunes. Florent ne répondit point à la question de la jeune femme, à croire s’il l’avait entendue.

"Je la trouve plutôt jolie, si on sait l' aimer à sa juste valeur...Merci, je la garderai jusqu'à ce qu'elle se fane...Malheureusement."

Ça par contre, il l’entendit très bien.
Elle lui rappelait beaucoup sa sœur, cette gitane. Peut-être était-ce pourquoi il se montrait aussi… patient. Normalement, l’herboriste, adorateur des plantes qu’il est, s’en serait tenu à sa mission sans plus se préoccuper d’elle. Il n’aurait pas prit le temps de parler et encore moins de montrer des fleurs, fleurs qu’il adorait, d’ailleurs.
La chlore perfoliée, la timide, mais qui demeurait l’une des préférées du jeune homme. Malgré ses airs fragiles, la fleur que la jeune femme avait dans ses cheveux demeurait l’une des plus robustes qui soit, quoique souvent étouffée par les végétaux l’entourant, c’est pourquoi elle était rare. D’ailleurs, toujours en ayant à l’esprit la chlore qu’il aimait tant, Florent alla pour ajouter quelque chose à son sujet, parler de nouveau, prenant l’initiative même! Mais la voix de la gitane se fit entendre alors que lui en était qu’à entrouvrir ses fines lèvres, qu’il referma aussitôt.
Elle était si joyeuse, si gaie, et ce malgré tout, malgré le fâcheux accident et malgré lui, surtout malgré lui. Lui et son sourire inexistant, plus timide que la perfoliée elle-même! N’avait-elle pas hâte de se débarrasser de lui!? N’était-elle pas comme toutes les autres? Oui, c’est vrai, Florent était l’un de ces jeunes hommes qui se fait regarder, désirer, inviter, mais il suffisait qu’on le connaisse un peu plus, qu’on l’entende parler quelques minutes de sa voix ennuyante, qu’on le regarde dans les yeux, ces yeux qui semblaient tout vouloir nous cacher… Il suffisait de tenter quelques pas sur la glace pour y glisser et ne plus vouloir y retourner.
N’avait-elle pas mentionné être équilibriste?

Une invitation, donc. Florent sentit sa gorge se nouée. L’embarras le prenait. Les excuses pour éviter de suivre la gitane une fois au cirque étaient très, très nombreuses, mais les excuses qui lui conviendraient vraiment, Florent doutait qu’il n’en existe qu’une seule. Il prit un moment à songer, véritablement indécis. Il avait du boulot… Le contrat du reboisement et ses clients… Les clients pourraient sans doute attendre au lendemain, et puis, ce serait la toute première fois que Florent prendrait une journée de congé… Mais les arbres et les fleurs à planter?

Florent soupira. Il avait prit une décision, ce qui avait été difficile. Sans s’en rendre compte, il s’arrêta, droit comme une barre, et le mulet s’arrêta également, un peu surpris de voir son maître aussi sec. Florent pivota sur ses talons et se retrouva face à l’animal et donc à la gitane. Il la regardait dans les yeux, même s’il savait qu’elle ne le voyait pas, ainsi il était sûr de lui.

"Très bien."

À cette réponse, Florent n’osa y songer mais le savait très bien, la totalité des membres sa famille auraient ouvert leur bouche et auraient écarquillé de grands yeux. Leur Florent qui laissait tomber sa boutique pour une soirée dans cirque!?! Par l’invitation d’une jeune femme en plus! Qui était donc ce Florent? Sans doute celui qui avait l’habitude de s’enfermer à double tour dans sa jungle.

"Mais…"

Ah ben voilà...!

"Je dois d’abord replanter les arbres et les plantes qui ont été saccagés par les bombes… C’est tout près d’ici… Ca ne prendrait qu’une heure tout au plus et puis… Il baissa les yeux cette fois. Vous pourriez m’aider, si vous le souhaitez…"

Ouf! Vraiment, on aura tout vu. Florent et son travail, c’est quelque chose de sacré, alors qu’il offre qu’on l’aide, wow…
Sans plus attendre, et sentant qu’il retrouvait un teint écarlate, il reprit la route, mais cette fois tourna vers la droite et quitta le chemin de terre.

"Accrochez-vous à sa crinière, l’on va monter pendant quelques minutes et la pente est abrupte."

Ils commencèrent donc à monter, Florent toujours à l’avant, tenant la bride de son mulet dans sa main. Ils étaient au beau milieu d’une végétation plutôt dense, à présent. Ils montèrent et montèrent, Florent soufflait plus fort, commençant à ressentir les effets de l’effort cardiaque que lui demandait cette ascension, mais il ne ralentit point.
Ils arrivèrent sur un plateau au bout de quelques minutes de montées et alors le jeune homme s’arrêta et lâcha la bride du mulet.

"Nous y sommes."

Il s’approcha de la jeune femme et posa l’une de ses mains sur la sienne.

"Vous pouvez descendre."

Il demeura là, tout près, disponible pour appui si le besoin se faisait sentir. Ensuite, il plongea sa main dans l’un des gros sacs que portait le mulet et en ressortit une petite poignée de graines de toutes sortes. Il prit l’une des mains de la gitane de nouveau et mit les graines dans sa paume.

"Vous tenez là diverses variétés de fleurs sauvages. Plantez-les où bon vous semble, près des autres fleurs, peu importe leur espèce." Expliqua t-il sans lâcher sa main.

Il s’éloigna ensuite de quelques pas.

"Je ne serai pas loin, je planterai des arbres tout autour, si vous avez besoin d’aide ou quoi que ce soit, appelez-moi. Il se retourna, mais lui refit face presque aussitôt. Ah et, comment puis-je vous appeler?!"
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeSam 18 Aoû - 23:20

[Fallait que je fête mon retour xD! En esperant que ce soit bon]

Soudain le mulet s' arrêta a nouveau, il glissa légèrement sur le gravier et Zora sentit une odeur de poussière et de pierre mélangée. Elle n'était pas inquiète cette fois, Florent se trouvait a quelques centimètres tenant toujours l'âne. Tout autour de la gitane l' enivrait, l' amalgame des fleurs, qui en profusion lui faisait mal a la tête, l' odeur acre et chaude de la peau des animaux sauvages, le parfum musqué qui émanait du corps du magicien, son propre parfum presque imperceptible, mystérieux que l'on devait deviner. Tout allait bien, mis a part le silence qui plongeait Zora dans l'attente, et la raison de l'arret de son guide.

"Très bien."

Zora sursauta, surprise. Le ton qu'avait employé Florent pour accepter son invitation paraissait dure, froid, dénué d'un quelconque enjouement ou d'une allégresse. Cachait-il sa joie ou simplement était-il dépourvu de sociabilité. Zora ne s'en offusqua pas, elle serait riante pour deux. Elle repensa a Zed, a l'époque ou lui-même tenait ce rôle. Une époque sombre, ou elle n'était qu'une ombre, un fantôme qui essayait en vain, par tout les moyens, de s'oublier. Triste sort. Zora doutait que Florent est vécu une histoire plus ou moins semblable a la sienne, mais sait-on jamais, elle refoula au plus profond de son être sa curiosité maladive et se tue, savourant l'instant présent tout en ayant hâte d'être le soir-même, ou elle pourrait faire la fête en compagnie de l'herboriste. Elle prenait ce "Très bien" comme une promesse, un engagement qui ne se romprait que le lendemain, à l'aube. Elle imaginait deux rubans s'entrelacés puis se noués afin de créer cette promesse, un lien fort. Et comme toujours, elle désirait voir ce noeud faire ses preuves...

"Mais…"


Zora soupira doucement, sans bruit. Elle avait trouvé cela étrange qu'il ne refuse pas l'invitation. Mais encore une fois espoir déçue, fille déçue. Toujours on lui promettait quelque chose, et toujours on se débrouillait pour ensuite rompre le "contrat". Étrangement, Zora ne dit rien, avant elle se serait mise en colère, aurait hurlé de rage, aurait montré toute sa fougue...mais rien. Oui, "MAIS", le mot qui brise tout. Ce n'était pas qu'elle se sentait éperdument triste parce que Florent refusait de venir mais plutôt que depuis toute petite elle avait entendu des "mais" et a présent, commençait a saturer. Elle voulait que de temps en temps, qu'on lui prouve qu'il ne faut pas etre immédiatement déçue par les autres, peut-être, ne pas attendre trop d'eux...Après tout, ce ne sont que de simple humain...Mais alors qu'est-elle?

"Je dois d’abord replanter les arbres et les plantes qui ont été saccagés par les bombes… C’est tout près d’ici… Ca ne prendrait qu’une heure tout au plus et puis… Il baissa les yeux cette fois. Vous pourriez m’aider, si vous le souhaitez…"

Instantanément, Zora fit mille gestes a la fois: elle sourit, joint ses mains comme pour prier, oublia ses mauvaises pensées, retrouva sa bonne humeur, rouvrit ses yeux d'opale, et chercha ses mots pour remercier Florent. Elle adorait la nature, vivant auprès d'elle depuis sa tendre enfance. Elle se rappelait les immenses champs rouges, jaunes, bleus, verts...autant de couleurs disparues, remplacées par une seule, terne, synonyme de guerre, le noir. Des forets entière calcinées, ayant provoqué la disparition de fleurs sauvages, rares qui a présent se trouvaient etre inexistantes. Triste sort. Encore et encore le sort s' abattait sur ce monde pourtant merveilleux et des gens comme Florent travaillait pour reconstruire Ingary. Un travaille, Zora en doutait...plutot une passion! La vie du magicien ne devait pas etre simple tous les jours et la jeune femme doutait de sa capacité a vivre au quotidien celle de Florent. Elle ne concevait pas de passer ses journées a supporter ces terres dévastés, ses routes menant toujours plus loin....vers le danger, ces hommes armés de leur fierté pour seule bagage et fonçant droit vers la mort qui ces temps-ci n'avait guère été clémente...La tante de Zora les aurait renvoyé dans les jupes de leurs mères a coup de pied aux popotins!
La jeune femme s'exclama:

"J'ai tout mon temps et pour tout vous avouez...J'ai drôlement envie de vous accompagniez, par contre même si j'aimerais énormément vous aidez, je doute de ma capacité a pouvoir le faire. Non pas a cause de mes yeux mais plutôt a cause de mon ignorance, car ma magie ne s' étend pas jusqu'à la votre et je n'ai pas le don de faire renaître la vie."

Ils reprirent la route, toujours de ce meme pas lent et tranquille mais au lieu de poursuivre leur chemin vers le cirque, Florent bifurqua sur la droite et le mulet suivit le pas de son maitre. Les graviers laissèrent place a la terre, dure. Heureusement la sécheresse n'était pas encore arrivée, il était trop tot, mais au bruit que faisaient les sabots sur la terre, Zora devinait que la flore accueillerait volontiers la pluie.

"Accrochez-vous à sa crinière, l’on va monter pendant quelques minutes et la pente est abrupte."

Immédiatement, Zora sentit le mulet se relever et elle se pencha, s'accrochant a son cou et posa sa tête dessus. Elle avait été prévoyante, car la pente escarpée rendait la montée abstruse, sa tête dodelinait de droite a gauche mais son corps parvenait a se mouver, suivant plus ou moins le mouvement du mulet afin que la tache soit plus facile pour tous. Cela dura longtemps, et Zora percevait une petite douleur dans ses muscles constamment utilisés. Ses membres ankylosés lui faisait mal et elle eut a cet instant l'impression d'être une personne agée, faiblarde, sans force, mais le plus faible des trois était Florent, Zora écoutait, tout en fronçant des sourcils, sa respiration lente et saccadée. Il respirait avec difficulté, allant peut-être trop vite pour lui. Zora se releva puis murmura:

"Vous paraissez fatigué, montez plus doucement ou arrêtons nous quelques instants, nous ne sommes pas pressés...Elle reprit en souriant...Et puis je suis sur qu'au campement, ils nous laisseront les restes du repas..."

Soit il n'avait pas entendu, soit il avait refusé sa proposition. Dans tous les cas, il poursuivit. Peu à peu, se répandit une odeur de pins, le soleil s' effaça et parvint aux délicats tympans de la demoiselle le bruissement des feuilles. Ils étaient entrés dans une foret. Mais ils n'y restèrent pas longtemps, après la foret, a nouveau rien, enfin pas tout a fait. Zora paraissait déboussolée, elle ne savait plus ou elle se trouvait. Elle lacha le cou de la bête et prit la main de Florent qui s'était posée sur la sienne.

"Vous pouvez descendre."

Elle s'appuya légèrement sur l'animal et le moins possible sur l'herboriste puis tomba, retombant sur ses deux pieds. Elle se releva puis marcha. Son genou ne lui faisait plus mal, seul un petit picotement persistait mais elle n'était pas invalide. Les mains rudes de Florent se reposèrent sans ménagement sur les siennes et glissèrent a l'intérieur ce qui ressemblait a des graines.

"Vous tenez là diverses variétés de fleurs sauvages. Plantez-les où bon vous semble, près des autres fleurs, peu importe leur espèce."

Zora enleva sa main de celle de Florent et accessit d'un bref mouvement de tête. Les pas du jeune homme s'éloignèrent mais il stoppa en chemin:

"Je ne serai pas loin, je planterai des arbres tout autour, si vous avez besoin d’aide ou quoi que ce soit, appelez-moi. Ah et, comment puis-je vous appeler?!"

Elle pencha sa tête. Réfléchit. Hésita longuement puis murmura:

"Zora..."

Puis sans autre forme de procès se tourna et avança a grands pas. Elle reconnu le plateau. Elle y était souvent venue lorsqu'elle était petite et connaissait les lieux parfaitement mais depuis pas mal de temps, elle n' empruntait plus ce chemin et pour cause! Elle sentait l'odeur âpre de la cendre. On lui avait dit que quelques arbres avait été détruits. Elle jura et ses mots ainsi que sa voix dévoilèrent le mépris et la rancoeur. Coupant court a ses réflexions qui ne faisait pas avancer le monde, elle prit une grande poignée de graines et la lança a travers la plaine. Les graines s' éparpillèrent, certaines s' envolèrent légèrement avant de retomber loin, d'autres se posèrent dans les endroits les plus inattendus. Elle attendit quelques instants et fier d'elle, même si elle n'avait pas fait grand chose, écouta attentivement les fleurs poussées. Elle devinait leur beauté, et imaginait, dans le fond de ses yeux nacrés, un par-terre couvert de fleurs champêtres, redonnant au paysage un semblant de sa grandeur d'avant.

De joie, elle recommença a lancer ses graines, au gré de ses envies, une par là, trois par ici, quelques unes de ce coté car cela sentait mauvais la guerre, qu'une ici car le coin avait été épargné...Et elle chantait pour donner un sens a la vie, et sa tristesse devenait mélancolie. Elle chantait fort, sa voix résonnait dans la montagne et lui parvenait grace aux échos et puis elle s'en moquait de gêner les gens...elle chantait bien et puis les fleurs aimaient la preuve: elles s'élevaient vers le soleil. Les paroles étaient toujours les mêmes car pour Zora elle signifiait a la fois tout et rien, bref juste le bonheur:

- Bohémienne
Nul ne sait le pays d'où je viens
Bohémienne
Je suis fille de grands chemins
Bohémienne
Bohémienne
Qui peut dire où je serai demain
Bohémienne
Bohémienne
C'est écrit dans les lignes de ma main.


Cette chanson semblait avoir été écrite pour Zora. Tout le mystère, toute la beauté, tout le charme d'une gitane se lisaient a travers ce texte. Zora imaginait une guitare, sa voix et des danseurs, tout ca, sur ce plateau, oubliant tout, sauf ces graines qu'elle semait toujours avec entrain. Dans ses paroles se cachait sa fierté d' appartenir aux gitans et sa voix s'élevait touchant les montagnes qui pleuraient de voir tant de candeur et de grâce.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeDim 19 Aoû - 19:12

[mais c'est un retour en force! ^^ ]

"J'ai tout mon temps et pour tout vous avouer... J'ai drôlement envie de vous accompagner, par contre même si j'aimerais énormément vous aider, je doute de ma capacité à pouvoir le faire. Non pas à cause de mes yeux mais plutôt à cause de mon ignorance, car ma magie ne s' étend pas jusqu'à la vôtre et je n'ai pas le don de faire renaître la vie."

Florent haussa les épaules.

"Vous verrez, les graines que je vous donnerai pousseront très bien lorsque vous les planterez…"

Et commença l’ascension jusqu’au plateau. Il en était convaincu, les fleurs pousseraient bien si plantées par la gitane. Florent croit sincèrement en la sensibilité des végétaux et il en était quasiment sûr, le pouvoir de la jeune femme influencerait la capacité à pousser des plantes. Certes elle n’y serait peut-être pas parvenue sans qu’il y mette son grain de magie, mais tout de même, la gitane portait en elle un don qui touchait tous les êtres vivants.

"Vous paraissez fatigué, montez plus doucement ou arrêtons-nous quelques instants, nous ne sommes pas pressés... Elle reprit en souriant... Et puis je suis sûre qu'au campement, ils nous laisseront les restes du repas..."

Le souffle court, Florent se garda de répondre et ignora le commentaire, à la fois trop occupé à trouver son air et puis, peut-être un peu piqué par son orgueil aussi… Il continua donc jusqu’au plateau sans mot dire. Également, il faut dire que la simple idée de se retrouver au dit-campement le rendait quelque peu anxieux. Avait-ce été une sage décision que celle de la suivre après la halte dans la montagne? Lui, Florent Wurzel, entouré d’une bande de gitans, tous plus vifs et joyeux les uns que les autres… Et la danse… Ils dansaient non? Pour Florent, mourir semblait une option plus favorable et moins risquée que de s’aventurer au milieu des jupes virevoltantes et des pas martelant le sol au rythme des tambours. Dans quel espèce de plan s’était-il lancé? Mieux valait éviter d’y penser pour l’instant ou alors il renoncerait à y aller. Déjà l’idée était séduisante…
L’arrivée au plateau lui changea les idées.

Zora qu’elle s’appelait… Pourquoi avoir hésité? Se demanda Florent en se penchant vers le sol afin d’y insérer une graine de pin. Il lui avait bien dit son prénom et son nom, s’était présenté, alors qu’elle avait hésité à simplement révéler son prénom. Sans plus s’attarder à ses réflexions, il se mit à la tâche, la main sur l’emplacement où la graine avait été plantée. Les arbres demandaient un peu plus d’attention que les fleurs, légères elles émergeaient facilement de la terre, mais les arbres eux, pour pousser rapidement, nécessitaient l’aide de Florent. C’est donc ce qu’il leur accorda. Au début, alors que la main de Florent reposait sur la terre, il sentit les racines émerger de la graine et s’étendre à l’abri des regards, puis un pin émergea de la terre et la main de Florent s’éleva simultanément. Il monta son bras puis, lorsque l’arbre fut trop grand pour qu’il atteigne son sommet, le magicien posa sa main sur le tronc grandissant du pin et ainsi l’encouragea à grimper jusqu’à atteindre environ cinq mètres. Voilà qui suffirait, le pin était bien assez fort pour continuer seul, à présent. Florent répéta l’opération bon nombre de fois, s’accroupissant puis se relevant lentement avec un nouvel arbre sous la main, puis se retrouvant près du sol de nouveau. Et pour l’accompagner, le chant de Zora qui s’élevait dans la forêt. Sa voix était belle, Florent écoutait, au début un peu surpris, mais il s’habitua vite fait au chant de la gitane et continua à semer les arbres.
Tout semblait si léger en elle, vivre paraissait simple, respirer, parler, chanter, tout. Alors que chez lui, la moindre inspiration était affectée d’une lourdeur…

Combien de temps plantèrent-ils ainsi les fleurs et les arbres? Florent ne vit plus le temps passer dès le début. Cependant lorsqu’il se releva pour la dernière fois après avoir éveillé un sapin, le soleil était bas et allait pour se cacher derrière une montagne. Florent essuya son front avec le revers de la manche de sa chemise et rejoignit son mulet qui s’était assoupi sous le feuillage d’un arbre, debout. Il avait laissé près de l’animal sa selle et donc les compartiments. Il sortit un tissus blanc et alla vers Zora.

"Zora… commença t-il d’une voix étonnamment calme et même douce, l’effet de la fatigue peut-être. Il avait posé sa main sur l’épaule de la jeune femme, l’incitant sans insister à se retourner vers lui. Je crois que cela suffira. En effet, tout autour d’eux s’élevaient désormais des arbres fiers et beaux, encore jeunes, et à leurs pieds, de nombreuses fleurs qui parfumaient désormais l’air ambiant. Florent retira sa main et ses doigts se refermèrent autour de ceux de l’une des mains de Zora. Je voudrais vous montrer quelque chose…

Il l’incita alors à le suivre et fit quelques pas vers le centre du plateau, qu’ils rejoignirent vite fait. Cinq pins se dressaient autour d’eux, laissant un petit espace au milieu. Florent lâcha la main de Zora et ouvrit le morceau de tissus qu’il tenait. L’intérieur était taché de rouge et reposait dans la paume du magicien la fleur qui avait servit à soigner le genou de la jeune femme, dont les pétales étaient doux de nouveau, vivants.

"La fleur séchée que j’ai utilisé tout à l’heure pour soigner votre genou et bien… je crois qu’en se nourrissant de votre sang elle a… Il se gratta le dessus de la tête, songeur. Florent n’était pas absolument certain de ce qu’il avançait, il était en pleine réflexion et s’apprêtait à tenter une expérience qu’il n’avait jamais tentée encore. Je crois que la fleur a reprit vit et que… Je sais que ca peut sembler un peu étrange mais, je crois que si on la plante, elle vivra peut-être de nouveau. Il posa sur Zora un regard incertain. Il prit ensuite la fleur, mit le tissu dans sa poche et approcha la minuscule tige d’une des mains de la gitane afin qu’elle la tienne. D’une main il entoura la main de la jeune femme puis se pencha pour rejoindre le sol sans la lâcher, pour qu’elle en fasse de même. La tige toucha le sol, Florent appuya un peu pour qu’elle s’y enfonce, il n’y avait plus que la tête de la fleur qui émergeait de la terre. Il posa sa main près des pétales. Songez à lui transmettre une part de votre énergie, de la lumière et de l’eau dont elle se nourrit, des richesses de la terre de… de votre affection et de votre volonté pour qu’elle vive…" Ainsi parla t-il tout exécutant ses propres instructions.

Les racines commencèrent à prendre vie sous la terre, Florent les sentit s’immiscer sous le sol et grandir rapidement, très rapidement, s’étendre sous la gitane et lui-même. Leurs forces réunies faisaient effet. Et enfin, la fleur s’éleva, s’éleva et, chose étonnante, de nouvelles tiges naquirent sur la tige principale devenue tronc. Des bourgeons apparurent et éclorent. Lorsque tout cessa, c’était un rosier qui était là entre Zora et Florent. Celui-ci se releva, les yeux grands ouverts et, l’effet de surprise sans doute, le fit sourire, sourire vraiment de toutes ses dents, franchement et sans hésitation. Les yeux rivés à l’arbuste, il s’exclama…

"Zora il est… il est… magnifique…"

Et à ses mots, les pétales tantôt rouge vif changèrent de couleur, prenant une teinte semblable, même identique, à celle des cheveux de Zora.

"Les pétales ils ont, ils ont changé de couleur! Ils sont comme vos cheveux, Zora, identiques!"

Florent s’approcha du rosier et se pencha vers l’une des fleurs. Même l’odeur s’apparentait à celle de la gitane. Sans doute l’effet du sang partagé, devenu sève.

"Et elles sentent comme vous…" murmura t-il en humant le parfum des fleurs en fermant un bref instant les yeux.

Il se redressa, retrouva en partie son sérieux.

"Merci pour l’aide." Fit-il d’un ton sans expression avant de faire volte-face et prendre la direction du mulet, qu’il attela et ramena aussitôt au côté de la gitane.

"Très bien, on peut y aller, maintenant…" Annonça Florent en sentant la nervosité le reprendre.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeVen 24 Aoû - 2:32

Zora avait totalement oublié Florent. A présent elle se trouvait dans un paradis inconnu dont elle tentait de connaître chaque recoin. Un paradis; qu'elle venait de recréer, à l'aide de la magie. Déjà les fleurs champêtres poussaient a foison, et Zora chantait pour leur donner le courage de grandir, encore, encore toujours plus haut vers ce ciel qu'elles n'atteindront jamais. Elle était triste quand même, et pour que cette tristesse disparaisse, elle s'imaginait, marchant dans une forêt géante, aux arbres géants, aux fleurs géantes. Des arbres centenaires, aux racines si profondément ancrées dans la terre, que même un magicien ne parviendrait a les sortir de terre. Des fleurs aux pétales démesurément grandes et d'une beau sans faille, sans parler de leur odeur...Exquise. Trop forte pour qu'une personne normale puisse la respirer, une alchimie complexe, une danse odorante. Seulement, cette odeur, en suivit une autre, pas un rêve non, mais un souvenir. Un odeur sauvage, de bête traquée...

-Trois ans plus tôt-


Elle les entendit avant de les apercevoir, des aboiements, des jappements aigus, presque perçant. Elle les reconnue immédiatement, ces cris, ceux d'un animal chassant une proie a l'odeur fraîche, au goût qui paraissait des plus délicieux. Elle percevait déjà la gueule entrouverte, les dents aiguisées, les oreilles levées, les yeux emprunt d'une folie meurtrière, d'une folie d'ou jaillissait le délice. Un délice rêvé, un délice que bientot les créatures atteindrait. Ils ne savait pas ce qu'il chaissait, mais qu'elle bête possédant une odeur si délicieusement, n'était pas gouteuse? Ils en avaient déjà l'eau a la bouche.
Quant à la proie, elle se faisait petite...Comment s' enfuir, comment se protéger, de ces bêtes qui la tuerait avant qu'elle ne se soit sauver? Blessée et infirme, l'humaine semblait en mauvais état. Un écureuil la scrutait, surpris.
Quelques heures auparavant, ses vêtements, avaient été superbes. Un costume confectionné avec amour, des jours durant, avec acharnement, à l'occasion d'une grande soirée pour le cirque Luna Negra. Tannée et douce, retournée avant d'être cousue, la robe avait été teinte en rouge, puis on l'avait ornée de signes distinctifs, afin que l'on repère encore et toujours la tzigane aux yeux d'argent. La robe était joliment décorée de perles de toutes les couleurs. La plupart avaient été arrachés, car la robe n'était plus qu'une guenille. Elle, dans le froid, frolant le danger, blessée au bras. Elle, qui hier soir, avait brillé de mille feux. Danseuse, équilibriste, elle n'avait rien raté, impressionnant la galanterie de ses gestes délicats et de grace. A présent, tout cela ne lui servirait a rien. Les loups arrivaient, la bave dégoulinant des babines, affamés. A présent, le son s'était transformé en vision. Seulement elle était aveugle, et ne voyait pas leur pas, leur foulée, bondissant aussi légé que des gazelles mais aussi meurtriers que les hommes...Elle aurait hurlé, appelant une aide qui ne viendrait sans doute pas, les loups se seraient arretés, puis auraient avancé lentement, savourant leur futur victoire, et aurait mangé rapidement cette créature sans nom mais dont ils se souviendraient encore...

L'histoire ne se déroula pas tout a fait ainsi, les loups s'arrêterent belle et bien, formant un cercle, puis s'étaient rapprochés doucement, comme pour rassurer la pauvre créature qui aurait dû penser:

*Ils viennent comme pour me faire lecher la figure...*

*Je pensais exactement a la meme chose, jeune fille!*


Zora surprise en un tel moment, en oublia presque ses agresseurs, désirant savoir qui avait percé les méandres de son esprit. Personne, avait-elle révé?
Lorsqu'ils furent a un mètre de la tzigane, l'un des loups bondit, se jetant sur elle. Un hurlement, une voix cassée...la fin? Du sang de partout sur la robe. Un gémissement, une dernière plainte, un dernier souffle.
Histoire finie. Le loup était mort. Zora, respirait fort, terrorisée, et ouvrit ses yeux. Devant elle, le loup, mort, les autres ayant disparu et a coté d'elle, un autre loup. Elle le devinait, a son hurlement de victoire et à sa forte odeur. Elle tendit la main, confiante, et sentit le poil de la bête glissé lentement sous ses doigts, avant que l'animal ne se love sur les jambes de Zora, la réchauffant de se froid glacial. Et Zora ferma les yeux a nouveau, s'endormant, rassurée. Elle ne s'éveilla que lorsque le loup vint lécher sa joue. Si elle avait pu voir, elle aurait vu le loup se métamorphoser en vieil homme. Une barbe grisonnante, l'oeil malin, un sourire au coin des lèvres, un chapeau extravagant, une robe froisée.

"Bonjour, Zora, je crois savoir que je suis arrivée a temps!"

"Qui étes-vous? Je ne vous remercierez jamais de m'avoir sauvé!" répondit la jeune femme, comprenant que le loup blanc s'était transformé en homme.

"On m'apelle Magicien Royal, mais appelez moi Prosper Madeye."

Le magicien Royal, Zora se serait évanouie sur le coup si elle n'était pas assise. Et voila comment elle avait connu l'une des personnes les plus influentes de son pays, comment elle avait été sauvée de loups enragés. Zora revint a la réalité et se frotta son bras droit ou une cicatrice a peine visible témoignait de son passage en enfer et de son retour sur terre.
Ce fut a ce moment la qu'elle put totalement revenir au présent, grace a Florent qui revenait.

"Zora...La jeune femme, sourit, la voix douce de l'herboriste était agréable a entendre, que lui arrivait-il? Il paraissait calme, trop calme, presque endormi. Une main chaude se posa sur son épaule, et Zora suivit le mouvement en se retournant. Je crois que cela suffira.Elle accessit d'un bref mouvement de tête. En effet, elle avait peut etre un peu trop planté des fleurs...mais bon si Florent lui en tenait vigueur, ce serait un sombre idiot car elle ne faisait que trop bien son travaille! La main du jeune homme disparu pour se retrouver dans le creux de celle de Zora, étonnée qu'il soit si doux et prévenant. Je voudrais vous montrer quelque chose…"

Pie curieuse, Pie voleuse. Zora aurait bien volé le savoir de l'herboriste qui semblait si cultivé, si instruit, un érudit. Il montrait, il expliquait, sans jamais douté, sans jamais se tromper, Florent ignorait le sens du mot "erreur". Qu'elle se sentait petite la grande gitane seule lectrice du campement. Depuis des siècles, le peu d' enseignement que se transmettait les gitans n'était qu'orale, seule elle avait eu la chance d'apprendre a lire, mais toujours sa lecture avait été laborieuse, elle avait souvent buté sur les mots, lisant moins vite qu'une tortue, bien qu'a chaque fois le coeur et la passion y étaient. Et bien sur sa cécité l'avait empêchée de rouvrir les pages d'un bouquin, bien qu'il lui arrivait souvent, en cachette, de les rouvrir, juste pour toucher, pour se rappeler les merveilleuses histoires. Tandis qu'elle suivait Florent, elle songeait qu'elle aurait aimé dire a une personne, un jour: "Je voudrais vous montrer quelque chose…" Le magicien la sortit de ses reflexion en expliquant:

"La fleur séchée que j’ai utilisé tout à l’heure pour soigner votre genou et bien… je crois qu’en se nourrissant de votre sang elle a… Je crois que la fleur a reprit vit et que… Je sais que ca peut sembler un peu étrange mais, je crois que si on la plante, elle vivra peut-être de nouveau."


La fleur! Zora était émerveillée, découvrant une partie de son pouvoir inexplorée. Elle découvrait un don précieux qui peut-être existait en elle. Il lui mis la fleur entre les mains et se pencha avec elle.

"Songez à lui transmettre une part de votre énergie, de la lumière et de l’eau dont elle se nourrit, des richesses de la terre de… de votre affection et de votre volonté pour qu’elle vive…"


Zora fronça les sourcils et pensa a des souvenirs joyeux, pensa a la beauté de la fleur se l'imaginant parfaite, il suffisait juste de penser qu'elle grandissait, que les bougeons se transformaient en magnifiques fleurs aux pétales tournées vers le soleil. Et l'imagination se changea en réalité. Elle sentait tout comme Florent, la fleur devenir plante vivante. Elle cessa d'utiliser son pouvoir et attendit, sans un bruit, le verdict.

"Zora il est… il est… magnifique…"

Tant de joie dans une phrase, Zora n'en avait guère vu souvent, elle sourit elle aussi, fière d'elle mais aussi heureuse de sauver cette plante qui avait fait la meme chose qu'elle quelques temps plus tot.

"Décrivez la moi!" s'exclama la jeune fille tout aussi exité que Forent.

"Les pétales ils ont, ils ont changé de couleur! Ils sont comme vos cheveux, Zora, identiques!"

"Comme-moi...?Murmura étonnée la gitane en se touchant les cheveux du bout des doigts.

"Et elles sentent comme vous…"

Qu'elle était heureuse, et c'est vrai elle reconnaissait son parfum, indescriptible, trop sauvage. Elle se releva après Florent et retint sa joie, joignant ses mains et se balançant de l'avant vers l'arrière, comme une petite fille désirant dire un secret.

"Merci pour l’aide."Et le voila qui redevenait froid, distant, cachant beaucoup mieux sa joie que Zora. Cette dernière attendit qu'il ramène le mulet, sagement.

"Très bien, on peut y aller, maintenant…"

Trop longtemps, elle explosa, n'en pouvant plus, elle poussa un petit cris de joie et se jeta sur Florent en le prenant pas le coup et en s'exclama:

"Merci, Merci de tout coeur Florent! Je me souviendrais toujours, j' oublierais jamais cette journée! Comment arreter une femme heureuse? Impossible! Elle le relacha et poursuivit: Je reviendrais souvent ici...Je veillerais sur elle et sur les autres! Promis! Mais maintenant, nous devons aller a une soirée...Vous allez voir c'est aussi bien que les fleurs, mais on bouge plus! Je vais vous apprendre nos danses! Elle monta sur l'ane avec l'aide de Florent. Le campement se trouve près du chemin ou nous nous sommes rencontrés! Il faut suivre la musique, toujours tout droit vu qu'a cette heure, ils ont commencés a danser et manger. Ahhh Mold me manque! Vous allez voir tout le monde est accueillant, ils vous aimeront c'est sur!"

Bavarde, elle ne s'arretait pas, joyeuse, parlant, parlant, jusqu'a se saouler, mais elle avait hâte d'arriver et hâte le lendemain de revenir sur le plateau qu'elle nommerait, plus tard, la quintessence de la nature.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeDim 26 Aoû - 18:22

La surprise le figea complètement l’espace d’un instant. Jamais Florent ne se serait douté qu’il serait la cible d’une telle marque d’affection de la part de la gitane. De la part de quiconque en fait, si ce n’est de sa sœur jumelle, mais Flora était loin, suffisamment loin depuis suffisamment longtemps pour que Florent n’ait oublié le goût de ses élans d’affection qui le visaient également.

"Merci, Merci de tout coeur Florent! Je me souviendrais toujours, j'oublierai jamais cette journée!
-B..bienvenue, Zora..." fit un Florent plutôt sonné.

C’est bien maladroitement qu’il accueillit Zora dans ses bras. Ceux-ci demeurèrent ouverts un moment, ne sachant ou les placer, Florent se garda de refermer son étreinte sur la gitane et jeta plutôt un regard interloqué et suppliant à son mulet, celui-ci sembla bien peu concerné et continua à brouter l’herbe à ses sabots. Alors, Florent alla pour poser l’une de ses mains dans le dos de la jeune femme, seulement celle-ci choisit précisément ce moment pour s’éloigner de lui, vite fait, il interrompit son geste et fit mine de se gratter le derrière de la tête, en vérité légèrement embarrassé, son teint rosé le trahit, heureusement Zora était aveugle, mais on dit que ces choses-là, « ça se sent. » Florent espéra que l’odeur de son embarras ne parvint point aux narines de la demoiselle…
Et tout cela pour une simple étreinte… Qu’il se trouvait pathétique! Les voilà les conséquences de son isolement, de sa partielle misanthropie, il était devenu un espèce d’inconnu au monde des relations humaines, incapable de serrer quelqu’un dans ses bras sans entamer une longue et inutile réflexion bidon. Et pourtant tout à l’heure, il lui avait bien prit la main, l’avait guidé… Bien là par contre, il avait réellement agit sous l’inspiration du moment, et non la réflexion.

"Je reviendrai souvent ici... Je veillerais sur elle et sur les autres! Promis! Mais maintenant, nous devons aller à une soirée...Vous allez voir c'est aussi bien que les fleurs, mais on bouge plus! Je vais vous apprendre nos danses!"

La salive de Florent demeura au travers de sa gorge et se fut avec peine qu’il finit par arriver à l’avaler, tout en aidant Zora à grimper sur l’animal. Une soirée… Aller à une soirée… Combien de fois avait-il refusé d’aller à une soirée… Trop, beaucoup de trop de fois pour ne pas trouver étrange et complètement idiot de sa part d’avoir accepté d’accompagner Zora à sa soirée. Soirée qui s’annonçait mal, qui plus est…
Aussi bien que les fleurs… Alors là Florent en doutait. Surtout qu’elle avait mentionné la danse… Non, LES danses. Quel cauchemar! Il mourrait d’une crise cardiaque avant d’arriver au cirque. Il s’imaginait déjà, à l’agonie sur le chemin… Continuer sans moi! Je vous rejoindrai… Pour finalement administrer une vive claque à l’arrière train de son mulet, question de s’assurer que Zora ne pourrait le rejoindre.
Ridicule… Il n’y échapperait pas, il fallait se rendre à l’évidence.

"Le campement se trouve près du chemin ou nous nous sommes rencontrés! Il faut suivre la musique, toujours tout droit vu qu'à cette heure, ils ont commencés à danser et manger. Ahhh Mold me manque! Vous allez voir tout le monde est accueillant, ils vous aimeront c'est sur!"

"Mmm…"

La froideur de l’herboriste masquait en vérité son angoisse.

*Il me détesteront.*

Songea le magicien, la mine basse, avançant dans le chemin qui descendait, rejoignant vite fait la route, la descente était fort plus rapide que la montée. Ils avaient prit la route du fameux campement, à présent. Florent était mal dans ses chaussures, souhaitant être n’importe ou ailleurs sauf là sur ce chemin en direction d’un campement de gitans. Gitans qui le détesteraient il en était sûr. Il n’avait rien de leur joie de vivre et de leur franc-parler, de leur entrain, de leurs sourires et de leur goût pour la fête. Florent s’imaginait déjà, assis dans son coin, s’éclipsant finalement en douce avec son mulet, retrouvant sa vallée, pas plus heureux…

Alors qu’ils avançaient sur le chemin de terre, Florent soupira lourdement. La musique, ils l’entendaient très bien désormais. Il la suivit donc, à contrecœur, mais il s’était engagé à ramener Zora, il le ferait. La musique était de plus en plus forte et le soleil de plus en plus bas. Lorsque le chemin déboucha sur le campement, c’était la lune qui éclairait la jeune nuit noire, la lune et le feu, aussi vif que la musique et les pas martelant le sol déjà. Le tableau était beau, mais l’admiration de Florent fut presque aussitôt remplacée par la nervosité.
Il s’était arrêté. Il leva des yeux inquiets vers Zora et débita alors un discours qui traduisait bien le sentiment qu’il ressentait face à cette fameuse soirée qui l’attendait.

"Voilà… Euh, Zora… Je crois que, je crois qu’il vaudrait mieux que je parte… Je ne voudrais surtout pas vous déranger et, la danse, moi… J’y connais rien et, je vous suis déjà reconnaissant de m’avoir aidé, vous n’avez pas à me garder ici…"

Il fallait agir vite avant qu’un de ces danseurs, musiciens ou autre ne les voit et ne les rejoigne. Hélas, même le mulet de Florent était contre lui. Sans doute l’odeur de la nourriture qui flottait dans l’air… Et puis qui sait, peut-être avait-il envie de rester avec Zora et les gitans le temps d’une soirée plutôt qu’avec son ennuyant de maître. Et donc, le mulet poussa d’un coup de tête Florent qui alla pour aider Zora à descendre. Il le poussa une fois, puis deux, et encore et tout en avançant.

"Arrête! Souffla Florent, déconcerté et mécontent. Qu’est-ce qui te prend!? Mais arrête ça!"

Borné, l’animal continua rien ne sembla pouvoir l’arrêter, empêchant son maître d’un quelconque mouvement dès que celui-ci tentait quoique ce soit. Sans s’en rendre compte, Florent s’était avancé considérablement et sans doute les gitans les avaient-ils aperçus désormais. Leur Zora à dos d’un mulet qui donnait de violents coups de tête à un jeune homme rouge de colère désormais. Le dernier coup de tête que lui administra l’animal provoqua la chute de Florent, qui trébucha vers l’arrière et atterrit sur le sol, étendu de tout son long. Le mulet s’était arrêté.
C’est seulement à cet instant que Florent prit conscience de l’endroit ou il se trouvait, c’est-à-dire très exactement au milieu de la place ou les festivités prenaient place, entouré de ceux qui devaient être les danseurs, mais qui s’étaient arrêtés. Là vraiment, il aurait voulut mourir. Il se redressa, s’asseyant, constant du coup que sa chute avait parsemé ses vêtement de terre sèche, sa chemise n’était plus blanche, ses pantalons plus tout à fait noir, et lui plus rouge qu’auparavant. Sans doute de gêne, mais également de mécontentement. Le regard noir de Florent se posa sur le mulet, qui lui semblait apprécier la présence des gens aux alentours.
Brusquement, le magicien se releva, ne prit pas la peine de dépoussiéré ses habits et alla aux côtés de Zora, évitant de croiser le regard de qui que ce soit, afin de l’aider à descendre, question de rejoindre les siens. Alors que la jeune femme descendait, il murmura à son oreille.

"Je ne suis pas à ma place, ici, Zora…"

Il s’attendait à ce qu’elle n’insiste plus et le repousse, qu’il reparte, après tout, elle n’avait plus besoin de lui et il avait l’air d’un bel idiot, à présent.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 20:54

[ Very Happy A l'usure, je t'aurais xD]

"Mmm…"

Zora s' arrêta net. Coupant sa joie, la ramenant au point zéro et pensant: y a un problème? Il semblait ailleurs, désirant s'éloigner de la joie de Zora, qui pour une fois était déçue de la réaction du jeune homme mais aussi de sa magie qui parvenait a annuler celle de la gitane. Pourquoi ne pas se laisser a la joie, il avait peur qu'on le voit heureux? Dans ce cas il ne risquait rien, Zora, aveugle, resterait muette, gardant un secret digne de celui d'un roi: Florent a été joyeux une fois dans sa vie, jour important dans l'année, bientôt il sera férié. En effet, c'était mal contraire Zora que de croire qu'elle était fille a abandonner ce qu'elle faisait dès que le moindre obstacle venait a l'empecher d'accomplir sa tache, ou une promesse. Elle sortit les griffes, prête a attaquer la froideur de Florent, se demandant tout de même pourquoi il avait changé du tout au tout, passant du rire aux larmes, de l'émotion à la froideur. Seulement, le calme, la laissa bouche bée, et la fit vite renoncer, sachant que dès qu'ils arriveraient, la, elle ressortirait ses griffes, limés depuis peu longtemps...

Avant toute chose, parvint la musique, comme elle l'avait prédit. Des chansons chantaient depuis des siècles, sur lesquelles, dansaient des générations de gitans. Ces chants, parfois entraînant, parfois plus lent, presque languissant, mais pas ce soir. Ce soir était un soir spécial, une fête, et pas de place au malheur, les gitans le laisser aux nobles qui ne savaient guère ce qu'était une fête...Pfff ces gens de la noble société, s'ils avaient vu danser deux gitans, il seraient restés les fesses a terre, coller a vie devant ce spectacle a la fois intime et époustouflant, un spectacle retraçant les émotions les plus diverses...Et ce soir, Zora donnerait le gout de vivre a un homme qui faisait vivre tous ce qui l' entourait mais qui ignorait réellement le sens véritable du mot "vivre".
Vivre, c'était se lever chaque matin en ayant la folie a ses cotés, c'était jouer aux cartes jusqu'a se retrouver sans plus un sous en poche, c'était ne plus répondre de ses actes, c'était courir sans s'arreter et se perdre sur le chemin de la raison, c'était prendre conscience de ses erreurs merveilleuses, c'était admirer la beauté, c'était tout abandonner pour la chose qui nous paraîtrait le plus ridicule, c'était partir loin pour ne revenir que dix ans après, c'était boire jusqu'a tomber a terre ivre, c'était danser a en perdre haleine...
Voila, le but d'une vie, chose que Florent semblait ignorer et redouter a chaque pas qu'il faisait. Il se traînait presque avançant vers son destin qui a ses yeux paraissait bien funeste alors qu'il était synonyme de vivre. Zora commença a fredonnait l'air de la musique, imaginant déjà le décor qui se présentait à Florent, qui devait pour la première fois entrer dans le campement, sous une foule de gitans. Elle revoyait déjà le feu de son enfance. Il devait etre grand de deux mètres de diamètres avec des bûches qui s' entassaient sur le sol et le feu aux flammes tantôt rouge et or tantôt bleutées qui accompagnaient l'air de leur danse voluptueuse telle les courbes d'une femme.
Sous un arbres, assis ou debout, venaient les musiciens les plus agés ou ceux dont l'instrument trop lourd ou embêtant, les empêcher de rejoindre la foule. Très concentrés, ils ne lachaient pas du bout leur morceau, donnant leurs ames a la musique comme le ferait un simple homme au diable.
Autour du feu, femmes et hommes se retrouvaient, changeaient de partenaires, rigolaient. Un guitariste, désireux de plaire aux belles du soir, avait rejoins les danseurs. Les pas raisonnaient, fort, suivant le rythme. Les coeur tambourinaient, menaçant de sortir de la poitrine, les mains frappaient aussi, encourageant danseurs et musiciens. Les vieillards, assis sur un banc, écoutaient, des larmes plein les yeux, revoyant leur jeunesse au travers de ceux qui la consumait. Les enfants, trop jeunes, couraient partout, slalomant entre les danseurs, braillant les uns après les autres.
Le mulet s'arrêta. Surprise, Zora ressortit de son nuage et prêta attention aux dires de Florent, car elle avait du mal a l'entendre:

"Voilà… Euh, Zora… Je crois que, je crois qu’il vaudrait mieux que je parte… Je ne voudrais surtout pas vous déranger et, la danse, moi… J’y connais rien et, je vous suis déjà reconnaissant de m’avoir aidé, vous n’avez pas à me garder ici…"

Elle n'eut pas le temps de l'empecher de partir qu'il s'approchait de sa taille afin de la faire descendre de son mulet pour qu'il puisse s'enfuir le plus rapidement possible. Si Zora était contre le fait qu'il parte, apparemment elle n'était pas la seule! Et ce fut dans un grand éclat de rire, qu'elle admira l' ingéniosité du mulet qui poussa son maître au milieu de la piste de danse, refusant que celui-ci disparaisse dans la nature si facilement. Une promesse est une promesse, et le mulet faisait en sorte que son maître s'en rappelle! Zora se cramponna à l'âne pour ne pas tomber et laissa faire le spécialiste en se demandant qui était véritablement, le maitre.

"Arrête! Souffla Florent, déconcerté et mécontent. Qu’est-ce qui te prend!? Mais arrête ça!"

"Je ne crois pas qu'il s'arretera, il est têtu, comme vous, mais des trois, c'est moi qui le suis le plus! Laissez donc nous faire!"

Enfin il arrivèrent au milieu des festivités, Zora le sentait, la chaleur, la musique, le bruissement des robes se frôlant, dévoilant les myriades de jupons. Arc-en-ciel nocturne. Elle entendit Florent tomber durement sur le sol. Les gitans s'éloignèrent, formant un cercle autour d'eux. La jeune femme fronça des sourcils et caressa lentement la tête en murmura a l'oreille du mulet:

"Sois moins brutale la prochaine fois, cela ne doit pas etre très drôle pour lui!"


La musique stoppa, les gens, sans un mot, scrutait leur Zora, la belle Zora, celle que tous aimés, et cet inconnu, qui semblait lui vouloir tant de mal. Quelques prétendants s'approchèrent, les muscles a l'air, près a bondir sur cet homme qui paraissait si chétif a coté d'eux. La jeune femme ne les voyant pas, un autre intervenu, Zed. Celui-ci approcha et posa sa main sur le flan du mulet, posant un regard inquiet et surpris vers l'inconnu, celui qui interrompait leur fête et ramenait sa meilleure amie disparue depuis un jour entier. Zora descendit lentement, se tenant très près du mulet afin d'éviter de tomber et de finir a coté de Florent, qui se relevait et s'approchait d'elle. Il lui glissa a l'oreille, comme une sentence:

"Je ne suis pas à ma place, ici, Zora…"


"Il ne parait pas avoir totalement tord Zora, murmura Zed qui avait entendu les dire de Florent. Cet étranger, viens de faire une entré fracassante, et nous ne le connaissons pas! Il n'est pas des notres..."
Zora s'exclama d'une voix forte, ou percevait sa colère:

"C'est mon invité, Zed! Sarah, pourais-je emprunter ta roulotte?"

Sa tante, toujours prête a lui rendre service, se leva de son banc et immédiatement, la jeune gitane se tourna vers elle. Sarah, soupira, puis accepta avant de s'écrier a l' audience qui n'avait pas perdu une miette de ce spectacle des plus singuliers:

"Y'a rien a voir, bande de fripouilles! Dansez!"

Zora sourit et prit la main de Florent, courant, et ne lui laissant que le choix de le suivre. Elle connaissait bien évidement les lieux par coeur, et n'eut aucun problème a retrouver la roulotte. Le mulet, retrouvant un minimum de sagesse, les suivit, broutant tranquillement de l'herbe a coté de la demeure de la tante a Zora. La gitane ouvrit la porte. La pièce était parfaitement rangée, peut-être un peu trop! Elle savait que son cousin était parti en ville et donc avait laissé ses vêtements de soirée ici-même. Imaginant Florent, elle pensait qu'il devait a peu près faire la taille de son cousin, du moins elle l'espera. Elle ouvrit le premier placard qu'elle parvint a trouver dans le noir et sans sa vue. La elle toucha les vêtement un à un. Essayant de reconnaître leur texture, les plis, la coupe de chacun. Chose peu aisé, mais elle trouva ce qu'elle cherchait: une chemise noir, sobre et un pantalon de la même couleur ainsi qu'un foulard rouge pour l' accrocher a la taille. Elle se tourna vers Florent, lui jeta dans les mains et descendit de la roulotte:

"Habillez-vous, je vous attends."

Zora se posa sur un rocher et attendit suivant avec son pied la musique qui avait reprit exactement ou elle s'était arrêtée, tous avait déjà oublié Florent et Zora. Elle dut attendre pas mal de temps soit parce qu'il ne savait plus s'habiller, soit parce qu'il venait a reculons, dans tout les cas il apparu et Zora se félicita d'etre aveugle ainsi elle ne voyait pas la tête de son ami bien qu'elle la devine trop facilement. Elle sourit et lui prit la main et reprit le chemin inverse en marchant. Alors qu'ils avançaient, Zora sera un peu plus fort la main de Florent et murmura:

"Laissez-vous guider, oubliez votre corps, vos idées qui vous empoisonnent l'esprit. Restez calmer et sentez le rythme de la musique vous enivrez. Suivez mes pas, laissez-moi faire! Ne pensais qu'a une seule chose, la musique..."

Enfin ils arrivèrent et la fête débuta: Zora prit une main de Florent qu'elle posa sur sa hanche et captura l'autre. La chanson commença plutôt lentement, et Zora en fut heureuse, laissant le temps a Florent de s'habituer. Elle se laissa entraîner, entraînant avec elle Florent. Peu à peu la musique devint plus rapide, et Zora avec elle. Bientot, ses jupons volèrent, elle sentait que Florent avait du mal à la suivre mais elle se moquait de ce a quoi ressemblait leur danse vis à vis des autres. Zed devait rire sous cape, aux bras de celle qui remplacer pour la soirée Zora, une place éjectable, on ne remplace pas la gitane si facilement.

"Aie!"

Zora rigola, malgré son pied endolorie. Forent venait malencontreusement de lui marcher sur un pied et elle souriait. Il n'était pas a l'aise, mais elle s'en moquait, savourant l'instant présent et laissant sa magie faire sur le jeune homme. Elle désirait le mettre en confiance et percevait que seul son dos le ferait. Puis elle eut une idée. Folle, comme toujours. Elle lacha l'épaule du jeune homme et prit l'autre main de Florent posée sur sa hanche. Elle tendit ses bras, lui montrant comment faire et commença a avancer de plus en plus vite, tournant avec Florent, formant un cercle, une toupis. Le monde devint flou, rouge, noir, jaune, les couleurs devinrent vagues, le vert des feuilles d'un arbre alla se mélanger au marron de son tronc, le rouge d'une robe se fondit dans la peau tannée par le soleil d'une amie. Mais pour Zora, le monde restait le même, noir, sans fin, seul le vent, reproduisait ses images. Que Florent devait etre chanceux a admirer ce paysage singulier. Zora ivre de joie, suivant la musique qui a présent ne guidait plus ses pas, mais ses sens.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeLun 3 Sep - 1:16

Il était prêt à repartir. En fait, c’est tout ce qu’il souhaita en attendant que Zora ne s’éloigne et ne l’oublie, une fois pour toutes, qu’elle le laisse retourner à son monde, son univers, si loin et si différent du sien. Pourquoi s’entêtait-elle à vouloir… à vouloir… Florent ne savait pas ce qu’elle voulait, ou ce qu’elle attendait de lui. Il n’avait rien à offrir, ni sourires, ni bonne compagnie, ni rien, si ce n’est de tout ce qu’il savait bien faire, la magie.
Les hommes qui s’approchèrent avec leurs gros muscles, les regards menaçants des gitans qui le voyaient comme un intrus, Florent ne montra aucun signe de peur face à eux. Il les renverrait bien tous s’il le fallait. L’instinct de survie savait aussi se servir de la magie, mais enfin, il n’eut là aucune complication.
Florent remercia mentalement le jeune homme, celui qui s’avéra s’appeler Zed, lorsqu’il approuva ses dires, et en ajouta même. Si seulement elle avait suivit les conseils de son ami, cette entêtée Zora… Mais non! C’est dans une roulotte qu’elle l’entraîna à toute vitesse. Et puis quoi encore… À peine l’herboriste eut-il le temps de froncer les sourcils en signe d’incompréhension qu’il se retrouvait dans une petite habitation rectangulaire. Son regard visita l’endroit, sans que lui ne bouge, planté au milieu de la roulotte, tout de même un peu soulagé d’avoir laissé derrière lui la horde de danseurs et musiciens.

Florent sursauta en recevant dans ses bras la pile de vêtements que lui avait dénichée Zora. Il baissa les yeux. Il fallait qu’il enfile tout ça c’est cela? Il grimaça, non pas que les vêtements ne lui plaisaient pas, il avait à peine observé, mais c’est que ca voulait dire qu’il n’était sans doute pas près de retrouver le confort de son terrier de si tôt. Il releva les yeux, chercha Zora du regard, elle redescendait déjà en lui disant qu’elle l’attendrait. Il soupira, désormais seul au milieu de tout cet ordre inhabité, c’était évident. Florent laissa mollement tomber les vêtements par terre, soupira encore une fois en cachant son visage dans le creux de ses mains. Pourquoi lui, pourquoi fallait-elle qu’il tombe nez-à-nez avec une gitane? Pourquoi pourquoi pourquoi POURQUOI!???!
Il n’y arriverait pas, il ferait un fou de lui encore une fois et finirait pas mourir étouffer par lui-même, par les mains d’une angoisse, d’un inconfort, d’une gêne, d’un tout ça monstrueux, un monstre oui, voilà, un monstre horrible et gigantesque, celui qui dormait dans la caverne de Florent, celui qu’il avait réussit à faire taire et à endormir longtemps avant, Florent sentait que son sommeil tirait à sa fin et que bientôt la bête resurgirait, pour le tuer.

Tout en divaguant ainsi, le jeune magicien s’était mit à se déshabiller, sans vraiment être conscient de ce qu’il faisait, cependant. Il avait déboutonné sa chemise sale, l’avait laissée tomber parterre, avait défait l’attache de son pantalon et l’avait laissé glisser jusqu’au sol à son tour. Tout en songeant à sa mort prochaine, il avait retiré ses chaussures et avait enfilé le pantalon noir, puis la chemise tout aussi foncée sur sa peau blême, pour finalement remettre ses chaussures. C’est en prenant le foulard écarlate dans ses mains que Florent sembla retrouver ses esprits. Debout, le tissu tenu devant ses yeux, il se retrouva de nouveau d’esprit dans la roulotte du gitan, à quelques minutes d’aller retrouver Zora dehors.
Ca allait où ce truc? Quand même pas sur la tête, il aurait l’air d’un diseur de bonne aventure… Il baissa la tête, le pantalon avait glissé jusqu’aux pieds de Florent, ne tenant pas sur les menues hanches du jeune homme. Il lui manquait un peu d’enrobage pour bien le porter… Et bien, le foulard avait trouvé une raison d’être, il l’attacha autour de sa taille une fois le pantalon remonté.

Encore un soupir. Apparemment *hélas* il était fin prêt. Il tourna sur lui-même, faisant face à la porte, puis d’un pas de condamné à mort, avança, et descendit les marches, rejoignant ensuite lentement Zora, la mine basse, l’air franchement nerveux. La jeune femme lui prit la main et, à contrecœur, très à contrecœur, il la suivit, tentant de ralentir le pas de Zora en traînant les pieds. Tous ces gitans qui dansaient, qui chantaient, qui jouaient… Pourquoi le forcer à venir gâcher ce beau spectacle?

"Laissez-vous guider, oubliez votre corps, vos idées qui vous empoisonnent l'esprit. Restez calmer et sentez le rythme de la musique vous enivrer. Suivez mes pas, laissez-moi faire! Ne pensez qu'à une seule chose, la musique..."

Florent n’avait pas l’habitude de se laisser guider. Solitaire, il était son propre chef et son propre guide, seulement là, il fallait avouer qu’il serait bon à rien sans Zora pour l’aider. Va pour le guide alors, mais oublier son corps, ses idées… Mais c’est tout ce qu’il était! Son corps et ses idées pleines de poison. Sinon il serait… il serait rien!
La musique était partout, les jupes volaient dessus avec les sourires et les cheveux des danseurs. Si lui ne pensait pas à la musique, c’est sans lui demander la permission qu’elle se frayait lentement, prudemment, un chemin dans la tête de celui qui lui-même était musicien.

Docile, et surtout ne sachant absolument que faire, Florent laissa Zora placer convenablement ses mains. Les seules avec qui il n’avait jamais dansé devaient être sa mère et sa sœur, et encore là, l’exercice ne devait pas avoir duré plus de quelques minutes, le temps que Florent leur abîme délibérément suffisamment les orteils pour qu’elles le laissent tranquille. Mais il ne voulait pas faire de mal à Zora, alors il était mal. Ne restait plus qu’à tenter de suivre le courant de pieds et de jambes qui les emportait.
Les yeux rivés à ses pieds, il faisait son possible pour suivre les pas de Zora, mais se coordonner avec la musique n’était pas chose facile. La musique, quant à elle, poursuivait son chemin dans les esprits de Florent, visant précisément la partie qui appartenait au musicien en lui, celui qui savait lire et comprendre la musique, mais surtout, l’apprécier, s’y mêler, lui faisant confiance, lui confiant ses mains pour jouer et ses pieds pour lui rappeler le rythme. Un élan de curiosité de musicien fit relever la tête au jeune homme qui faisait son possible pour se démêler dans tous ces pas, tentant d’y trouver un sens, un repère, un ordre… Et donc il releva la tête, posant le regard sur des mains, deux mains qui s’agitaient agilement sur la peau d’un tambour.

"Aie!"

Florent reporta toute son attention sur Zora, l’air désolé.

"Pardon! Je ne voulais pas, je ne regardais plus, c’est… je…"

Elle rigolait. Il s’interrompit dans sa tirade et parut déconcerté. Vous voulez que je le refasse? Faillit-il demander. Mais Zora entreprit un nouveau pas, prenant ses mains dans les siennes, pour ensuite se mettre à tourner, de plus en plus rapidement. Plus aucun repère, qu’un tableau, amalgame de couleurs, flou, et elle, ses sourires et ses rires, Zora la gitane. Florent, perdu dans cette tornade de couleurs, fixa ses yeux sur le visage de sa partenaire, tout en voyant autour d’eux le monde devenir qu’abstraction totale. Bien ca au moins, il savait le faire. Mais au bout d’un moment, la tête commença à sévèrement lui tourner, il en perdrait pied s’il continuait, il prit alors en main la suite de la danse.

Ses pas désordonnés, même en tournant, se mirent à battre le sol au rythme des tambours et du coup, ils se mirent à tourner un peu moins vite. Puis, Florent lâcha une main de Zora et la reposa vite fait sur sa taille, la gardant près de lui. Encore ils tournèrent, toujours en accompagnant la musique, qui commençait à prendre les commandes des jambes et des bras du magicien, qui en fait n’appréciait pas tout à fait la danse, pas encore du moins, mais qui aimait plutôt la sensation de ne plus se sentir perdu dans une confusion de rythmes et de pieds. S’il voulait s’en sortir, il devrait se débrouiller.

Florent eut de vifs regards sur les couples de danseurs autour d’eux, sur leurs pieds, leurs bras, leurs corps, détaillant vite fait les mouvements et tentant de les enregistrer dans sa mémoire, effectuant du coup un genre de sélection, question de ne pas tenter l’impossible non plus… Son regard se reporta sur Zora, il soupira, sérieux, et se mit à l’œuvre, expérimentant des pas de danses, tantôt tournoyant, tantôt gambadant, concentré sur ce qu’il faisait, Florent n’arrivait pas à s’abandonner complètement, à se faire confiance. Il suivait justement et presque joliment la musique, mais en plein contrôle de ses faits et gestes.
Ainsi continua t-il à danser, suivant le flots de danseurs, jusqu’à ce qu’il tente un nouveau mouvement, qu’il remarqua que bons nombres de danseurs effectuaient en même temps, à un temps précis qui revenait par intervalles dans la musique, puis ils se remettaient tous à improviser. Florent écouta attentivement, et lorsque le moment fut venu, comme d’autres, il posa ses deux mains sur la taille de Zora et, en tournant sur lui-même, la leva dans les airs à bout de bras. Se surprenant lui-même d’y être arrivé avec autant d’aisance. Peut-être inconsciemment avait-il fait usage d’un peu de magie? Il faut dire qu’il en manqua de peu pour que ses pieds quittent le sol lorsque Zora plana sous les étoiles. À ce moment, il sembla y avoir un déclic dans les yeux du magicien, rivés à ceux de la gitane qui respirait le bonheur. C’était comme si le temps s’était mis à ralentir. Les jupons des gitanes demeuraient suspendus dans les airs, les bras des danseurs tendus, les gitanes volaient… Et alors, alors seulement Florent cessa de penser et se laissa tomber dans un univers qui n’était plus calculs et réflexion, mais contemplation et laisser-aller.

C’était donc cela, cette ivresse de la musique et de la danse qui l’avait frappé. Autant elle pouvait être tentante, autant le sentiment qui suivit en fut un inquiétant. Florent reposa doucement Zora, mais demeura immobile, ses mains sur ses hanches, il paraissait troublé, tout d’un coup. Il regarda autour, la danse continuait, les rires et la musique se mêlaient. Mais Florent avait perdu pied dans l’inconscience, une confiance aveugle qu’il avait peur de retrouver, qu’il ne connaissait pas et cette conscience de l’inconnu l’avait paralysé.
Il regarda Zora.

"Je suis désolé, Zora…"

Il la lâcha et s’éloigna, ne sachant que dire. Il dépassa une rangé de vieillards assis tout près sur des bûches et buta contre un arbre, auquel il s’adossa et se laissa glisser jusqu’à toucher terre.
Elle trouverait meilleur cavalier, pour ça il n’était pas inquiet. Ce… Zed, viendrait sans doute la retrouver et lui sortir le magicien de la cervelle, c’était néfaste pour une jeune femme si pleine de vie et de bonheur à partager, lui ne savait pas le prendre, ce bonheur.
Il retrouverait son mulet, plus tard… Oui tout à l’heure, parce que là maintenant, un coude contre son genou relevé, son visage dans la paume de sa main, Florent n’avait envie de rien. Il se fit discret, espérant qu’elle ne le retrouve pas et l’oublie vite fait, que la musique la charme et que les bras d’un autre la protège de lui.
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeSam 8 Sep - 1:27

[pas top désolé]

Peu à peu, le joli pantin prit vie. Aussi étrange que cela pouvait paraître, elle sentait que peu à peu l' automate commençait a se mouver au rythme de la musique. Au début, Zora n'avait rien dit, bien que certains autour d'eux, ne cachaient pas leur effroi. En effet, cette marionnette qu'un bien mauvais marionnettistes faisait bouger de ses fils transparents, se dandinait piteusement devant les spectateurs et danseurs, pour la plupart, bouche bée. Quelqu'uns, osaient rire, silencieusement, se cachant de Zora, car si la jeune gitane n'avait plus ses yeux, ses autres sens ne la trompaient guère souvent tout comme son instinct. Elle se moquait bien de ne pas s'amuser avec ses proches. Elle l'aimait bien, cet étrange garçon qu'elle devinait a cet instant plus que concentrer. Peu à peu, devant l'assistance, le pantin prit les reines. Plus de marionetiste. Le bout de bois devenait élégant, ses gestes qui étaient durs et hésitants se retrouvèrent fermes mais souples, avec une agilité qui refaisait surface. Zed s'était arrêté de danser, boudant dans un coin a coté d'un vieil homme. La bouche grande ouverte du jeune homme fit rire le vieillard qui s'exclama tout en admirant les danseurs:

"Ferme la bouche mon garçon, tu risques de gober une mouche!"

Plus loin, sur la piste de danse, Zora se laisser faire, suivant le rythme que prenait le jeune homme qui la mènerait la où il le désirait, puis qu'a présent il imposait ses pas, relâchant la main de la gitane pour la poser contre sa taille. Elle se retrouvait près de lui, soudain sérieuse. On ne rigolait plus. Zora, fronça les sourcils légèrement, surprise, agréablement surprise. Son cavalier, apprenait vite, ses gestes ainsi que ses pas ressemblaient étrangement a ceux que produisaient les autres danseurs autour d'eux. La jeune femme le savait car, les musiques ont chacune une danse spécifique bien a elle, qui ne change presque jamais et, Florent suivait les autres danseurs, bien que parfois il paraissait hésitant, la plupart des figures posant quelques difficultés l' empêchait de totalement etre en harmonie avec le groupe.
Soudain, elle sentit deux mains serrer fortement sa taille et l'élever. Elle ouvrit grands ses yeux voilés, oubliant sa cécité et désirant percevoir ce qui se déroulait autour d'elle. Puis elle comprit, souriante, elle était partie loin dans le monde des songes, revenait et rayonnait de bonheur, dans les bras de Florent qui la tenait. Il était à la fois son seul lien vers la terre et celui qui la pousser vers la lune. Qu'elle aurait voulu la toucher, cette terre inexplorée. La jeune gitane se sentait légère, peut-être trop. Mais cela ne lui déplaisait pas, bien au contraire. Elle savait que la magie de l'herboriste faisait des miracles...Mais a ce point! Elle désirait rejoindre les cieux, en compagnie de Mold, son fidèle corbeau, et a présent, elle volait elle aussi, étant plus ange que femme. Elle releva ses bras, essayant de frôler les étoiles, mais ce petit instant se suffit pas, la laissant perplexe, pourquoi fallait-il que forcement lorsqu'on monte, on doive redescendre? Ridicule! Zora, légèrement mécontente, peut-être mélancolique, reposa ses bras sur ceux de Florent pour que sa descente se passe en douceur puis reprit les pas comme si de rien n'était. A entendre les autres, aucune femme n'avait perçut une telle joie à voler, etait-ce réellement la magie de Florent qui la poussait a partir au pays des merveilles?

Zora n'avait pas immédiatement remarqué l'étrange comportement du jeune homme. Elle qui était ailleurs ne revint qu'après quelques secondes, lorsque les tambours cessèrent de battre dans son coeur, que ses pieds s'enfoncèrent dans la terre battue et qu'en elle l'ange redevenait femme, une femme en attente. L'attente fut longue, les secondes paraissaient etre des minutes, mais patiente, elle garda son mutisme. Florent devait s'expliquer. Pourquoi se soudain revirement de situation? Génée, la jeune femme repoussa les mains du magicien qui se trouvaient sur ses anches.

"Je suis désolé, Zora…"

C'était tout? Zora ne s'étendait pas a mieux, mais, pourquoi partait-il ainsi? Avait-il peur de faire de l'ombre aux autres danseurs? La jeune femme en aurait rigolé. Seulement, vu qu'elle était aveugle, elle ne put qu'essayer de deviner au maximum l'expression qui se dessinait sur le visage de Florent avant qu'il ne fuis ainsi. Elle était déroutée, que faire? Elle était a présent entraînée dans la la danse, entre les couples et ce cessaient d'etre poussée, de tombée. Personne ne la guidait donc elle avançait la ou sa conscience la guidait. Elle n'eut pas le temps d'etre très inquiète avant que des bras la récupérèrent. Elle soupira de soulagement et remercia le plus silencieusement possible son sauveur. Elle espera un instant que ce fut Florent qui revenait en s' excusant de son comportement mais l'espoir s'envola et la joie revint en reconnaissant l'odeur et la chaleur qui entourait habituellement Zed. Bien qu'elle fut déçue, Zora n'était pas totalement mécontente, le gitan était un ami malgré ses sautes d'humeur et sa présence paraissait, aux yeux de Zora, essentiel. Toujours la quand il fallait le copain, elle se posa contre le torse du jeune homme qui guidait ses pas lentement, reprenant la danse qui devenait à présent, plus lente. Zora se laissa aller contre son ami quelques minutes puis reprit bien vite pied. Ses sens qui l'avaient lâchée pendant quelques minutes revenaient, la soutenant et l'aidant a reconnaître les choses qui l' entouraient. Zed s'en aperçut et s'exclama joyeusement cachant bien mal sa curiosité ainsi que sa jalousie:

"Alors qui est ce pantin a qui tu apprenais a danser?"

"J'ai oublié son nom, mais son prénom est Florent. Et toi qui danses si bien, tu devrais savoir que dans une danse a deux, tout est dans le cavalier...Je n'y suis pour rien!"

"Pas ce genre de cavalier...Du moins je l'ai trouvé très drole pendant son entrée qui était...spectaculaire...Je crois pas qu'il y est un autre mot pour la qualifier."

Zora soupira et murmura:

"Il faut que j' ailles le retrouver...passe moi ce que je t'ai prêté hier soir, s'il te plait."


"Tu as l'air d'en avoir une envie folle. Il sortit un petit sac en velours noir de sa poche et le posa délicatement dans la main de Zora. Tenez princesse aller rejoindre votre...cavalier!"

"N' oublie pas Zed, que toi, dans le jeu, tu es le diable...séduction, magnétisme, matérialisme, personne amorale a l'exès."
murmura la jeune femme en lâchant lentement la main du jeune homme en s' enfuyant dans la masse, passant avec agilité a travers les couples car elle venait de retrouver ses autres sens.

Voila un portrait bien flateur pensa le jeune homme en laissant son amie retrouvé un autre. Quant à Zora, elle avança, cherchant le déserteur. Mais comment trouver une personne lorsqu'on ne peut la voir? La jeune femme s'approcha des bûches en entendant les vieillards qui se disputaient comme a leur habitude. Sachant comment s'y prendre avec ses vieilles chouettes, elle s'exclama sans attendre qu'ils cessent de parler:

"Auriez-vous passer un jeune homme grand, brun, assez pale de peau, et plus frele que la plupart des gitans?"

Mais comment Zora pouvait-elle décrire ainsi Florent? Elle, l'aveugle? Elle que tous voyaient mais qui ne voyait personne. La jeune femme, aussi étonnant que cela paraissait, n' ignorait pas la physionomie des gens autour d'elle et depuis longtemps, Florent pour elle, avait un visage particulier. Non pas renfermer aux airs misanthropes, mais fascinant. Un etre aux yeux vifs qui dévoilait l' intelligence remarquable. Seulement, tout cela elle devait se contenter de le deviner. Elle imaginait ses traits fins, peut-être trop, aussi fragile que du cristal. Un grand-père, peu surpris de voir une aveugle décrire ainsi une personne s'exclama:

"Mais Zed est pas comme ça! Ma ptite Zora...Tu chercherais un autre garçon? Etrange!"

"Mais oui qu'elle cherche un autre, elle t'la dit vieux bougre, tais-toi donc!"
répliqua son ami.

"Mais vous l'avez vu vous c'jeune homme?"murmura un troisième.

"Absolument pas!" s' écrièrent les deux premiers a l' unisson.

"Moi!Moi! Z'lai vu, Fille aux z'yeux d'arzent, z'peux vous l'montrer!"

Zora baissa la tête surprise, essayant de trouver a qui appartenait cette voix. Ce ne fut guère difficile. Maria, une de ses cousines, qui avait environs cinq ans. Cette petite fille portait pour Zora un respect sans égale et ne désirait qu'un seul avenir: etre comme cousine Zora. Voila un avenir prometteur s'écriait son père en rigolant fortement devant la petite qui ne comprenait pas que ce n'était pas un métier. Zora sourit a la petite fille et murmura d'une voix douce:

"Aller! Conduit moi petite sauvageonne!"

La petite fille descendit des genoux de son grand-père puis prit de sa petite main potelée celle délicate de Zora et la conduit. Maria contourna un arbre centenaire et lâcha la main de Zora puis grimpa silencieusement dans l'arbre et s'assit sur une branche, au dessus de Florent, désirant écouter la conversation. Zora complice, s'approcha de Florent et s'assit en face de lui, à genoux. Au début, fière, droite, silencieuse, elle sortit de sa poche, son fameux trésor. Elle entra sa main a l'intérieur puis extirpa une boite en bois. Sur cette boite, des dessins fait d'or et d'argent s' entrelaçaient formant une danse étrange. La gitane posa la boite a meme le sol et l'ouvrit, cachant à la vue de Florent ce bien précieux. Elle hésita, puis dévoila le jeu tout en expliquant:

"Voici des cartes du destin. Elles permettent de lire l'avenir.Vous devez savoir que toute gitane qui se respecte sait lire entre les lignes de la main ou bien les cartes. Je préfère les cartes...mais les miennes sont spéciales. Regardez! Zora dévoila son jeu de cartes. Toutes, sans exception étaient pourvues de dessins en relief pour qu'elle puisse en touchant reconnaître la carte. Les dessins, merveilleux, semblaient avoir été brodés avec de la soie. Bien que les cartes étaient vieilles, aucune couleur n'avait terni, toutes sans exceptions, avaient gardés leur fraîcheur du premier jour et leur beauté. Zora posa une a une les 19 cartes en indiquant leur nom. Voici, le bateleur, l' impératrice, l' empereur, le chariot, l' amoureux, la justice, l'ermite, le pendu, la force, la roue de fortune, sans nom, la tempérance, le diable, l'étoile, la lune, le soleil, le jugement, le fou-mat, le monde. Toutes ont des propriétés différentes, et a moi de les analyser....Essayons. La jeune femme reprit les cartes en main, les remua plusieurs fois afin que toutes aient changé de place puis les présenta à Florent à l'envers. Prenez en 6 mais ne les regardez pas. Elle attendit que le jeune homme ait choisi ses six cartes qui définiraient son destin puis lorsque son choix fut fait, elle récupéra les cartes et les présenta dans l'ordre dans lequel il les avait sélectionnés. La première fut posée a meme le sol, à la gauche de Zora près de Florent, la seconde à droite près de Florent, la troisième au milieux des deux mais plus près de Zora, elle posa la quatrième sur la troisième. La cinquième touchait presque le genoux gauche de Zora et la sixième, la dernière, fut posée a la droite de la jeune femme. Les cartes disposées a l'envers, la jeune femme soupira silencieusement et murmura: retournez la première carte. La chose faite, Zora toucha le papier du bout des doigts et reconnu immédiatement le bateleur. Commencement, initiative, adresse, débrouillardise...Je crois que vos débuts en magie furent plutôt fructueux et vous deviez avoir un réel don, et une facilité évidente. Pourquoi n'avez-vous pas essayer de devenir plus fort en magie, vous n'etes vraiment qu'un simple herboriste? Vous auriez dû viser plus haut non? Bref, la seconde carte...La force...détermination, intelligence, courage, entêtement...Vous cachez bien votre caractère! Cet entêtement, semble venir de votre passion pour la flore, votre envie de les maintenir en vie, de les préserver de l'homme. Vous avez raison mais j'ai bien peur que cette détermination vous aie pousser vers un renfermement, mais voyons le plus interessant, le présent, et l'avenir. Elle poussa la quatrième carte qui était posée sur la troisième et laissa l'honneur de la retourner au jeune homme. L'empereur. pouvoir, protecteur, déséquilibre, des adversaires puissants...En ce moment, quelque chose vous a déséquilibré, un changement se fait ou va bientôt se faire dans votre vie qui a peut-etre un lien avec ces adversaires puissants, certains viennent de la guerre, Florent, je le sais, préparez-vous, et aidez de votre mieux ceux qui ne peuvent se protéger par leur propre moyen. Mais il y a quelque chose d'autre, un autre ennemi, il est proche, mais aussi très éloigné. Pour l'instant, votre quatrième carte vous protège, mais pour peu de temps. Regardons la quatrième. L'étoile. Espoir, issue, charme, protection, espérance, faiblesse, malchance. Cette carte est votre aide, une personne présente dans votre vie qui vous soutiens mais qui a ses qualités comme ses défauts. Elle sera toujours la pour vous bien qu'elle ne puisse pas forcement se battre a vos coté, a cause de sa faiblesse. Elle est signe d'espoir et trouvera toujours un moyen de vous sortir des situations périeuses. Ayez confiance en cette étoile, rares sont ses etres que l'on nomme amis...La cinquième carte...Sans nom. Transformation radicale, renouveau bénéfique, échec important, incapacité.Votre futur proche ne sera guère une promenade de santé. Quelque chose changera en vous mais ne vous transformera pas totalement, juste une partie mais elle vous libérera, vous offrant une vie plus simple et aussi belle sinon plus que celle que vous vivait a présent. Votre plus gros problème a ce moment la sera votre incapacité, incapacité a comprendre que vous ne pouvez pas faire plus, que votre don, votre besoin d'aider les autres, a un moment ne suffit plus.Votre sixième et dernière carte qui vous montrera votre futur le plus lointain, la lune...Imagination, intuition, rêves, dangereuses déception... Votre vie sera belle, mais peut-être trop rêveuse pour le monde qui vous entoure et des déception vous attendront, vous serez déçu du comportement des autres, n'en attendez pas trop des autres gens, mais aussi de vous, n'oubliez pas que vous n'etes qu'un humain, ni dieu ni démons et laissez vous guider par votre étoile."

Zora, légèrement anxieuse jouait avec ses cartes, les faisant passées d'une main a l'autre, attendant que Florent réagisse, seulement avant ça, la curiosité l'emporta elle demanda:

"Pourquoi etes vous parti ainsi tout a l'heure? Lorsque nous dansions?"

Voila curieuse un jour, curieuse toujours, Zora n'avait pu s' empêcher de demander. Elle était trop impulsive et Florent pas assez. Elle repensa a sa journée: comment aurait-elle pu se douter que lui serait dévoilé tant de surprise, u détour d'un chemin?
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Florent Wurzel
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeSam 15 Sep - 22:57

Toujours et encore la musique continuait et charmait les petits et grands, jetant un voile sur le temps, sur la guerre, sur tout si ce n’est que le moment présent, teinté de musique, de joie, de ces voix de gitans qui s’élevaient vers les étoiles. Tout cela sembla déjà loin pour Florent qui désormais, adossé contre le tronc d’un arbre qui lui offrait un refuge, n’avait que questionnements et malaises dans sa tête de magicien.
Bon sang de mulet, si seulement il avait put être de ces fidèles animaux qui retrouvent leur maître dans les moments comme celui-ci, alors Florent serait déjà reparti vers son terrier exotique, s’y enfermant comme une taupe. Oh oui tient, la belle image! Florent la taupe. Petit bedonnant avec des lunettes sur le nez parce qu’il n’y voit rien, jamais rien, pas un poil sur la tête, le dos voûté en permanence, toujours à l’abri dans ses tunnels… Hélas, il n’avait rien de cette taupe qui n’aurait pas su la couleur du ciel. Florent savait non seulement la couleur du ciel, mais il savait aussi une chose, c’est qu’il ne saurait s’en passer. Il était tout le contraire de cette taupe misérable.

Il ne l’avait même pas entendue arriver. C’est avec un air quelque peu surpris que le jeune homme leva les yeux vers Zora. Mais son attention se porta ensuite vers les cartes que la gitane lui présenta. Il les avait déjà vus exécuter ce genre de lecture dans le passé, le présent et l’avenir. Florent n’avait jamais voulu, et surtout n’avait jamais osé, s’y soumettre. Zora ne le laissa pas attendre, ne lui laissant pas trop le choix, et puis de toute façon, il se sentait déjà assez mal de l’avoir fuit une fois, le refaire serait…trop. Pourquoi l’avait-elle retrouvé, d’ailleurs? Pourquoi le chercher, alors qu’elle venait de s’en débarrasser. Le grand brun de tout à l’heure n’était-il pas venu à son secours?
Automate, il exécuta les ordres ne la jeune femme sans demander, sans hésiter, juste comme ça, sans même penser à ce qu’il faisait.

Les débuts en magie de Florent… Réussite après réussite, il avait enchaîné les bonnes notes, les félicitations de madame Black. Elle avait compté sur lui pour devenir quelqu’un d’important dans le monde de la magie. Herboriste. Quelle déception pour cette grande dame, convaincue qu’elle avait tenu sous son aile, dans son estime, un futur grand magicien. La vérité est que Florent avait renoncé à la grandeur lorsqu’il avait prit conscience de ce qu’il serait capable de faire. Il avait apprit à donner la vie, à la faire naître de rien, mais aussi à l’enlever. Une fois, Florent avait fait pousser une fleur, elle était devenue grande et belle, et lui avait continué à la faire éclore encore plus, plus, et plus encore, n’en pouvant plus, la fleur avait fané, et était morte, encore plus rapidement qu’elle avait vécut, et tomba sèche sur la terre, poussière. Le puissant magicien peut donner et enlever la vie, lui avait dit madame Black. Moi je ne sais pas l’enlever, avait-il répondu. Elle avait été déçue, et s’en était allée. Il savait que trop bien l’enlever, peut-être mieux que tout autre chose, d’ailleurs, alors il avait choisit d’y renoncer et de promettre à un futur moins grandiose.

Une étoile, disait-elle. Qui donc? Songea Florent d’abord, pour ensuite, en regardant Zora dans les yeux, avoir l’impression de l’avoir devant lui. Elle qui paraissait à première vue innocente, inoffensive, s’avérait en fait plus forte qu’une majorité de gens, le magicien en était convaincu. Plus forte que lui, ça lui semblait évident.
Les derniers mots de la gitane le laissèrent légèrement perplexe. Se laisser guider, un peu comme tout à l’heure au fond… Malgré ses réticences, il y était arrivé. Était-ce possible, une deuxième fois? Songeur, il baissa la tête, entourant ses jambes repliées vers lui de ses bras. La question de la gitane cependant le fit reporter ses yeux sur elle. L’embarras le prit. Comment lui expliquer? Il hésita, cherchant ses mots en déviant le regard, comme si l’inspiration se trouvait quelque part dans ce début de forêt, mais bien vite il regarda Zora de nouveau. D’abord il haussa une épaule. Ça, elle n’avait pas dut le voir, se dit-il.

"Je n’en- Oui il savait. Je n’arrive pas à lâcher prise, à… me laisser aller, à m’abandonner comme vous le faites! Lâcha t-il. Il reprit ensuite, plus calme, après avoir échappé un long soupir. Un faible sourire naquit sur son visage, dont la blancheur contrastait avec la nuit noire. Le truc c’est que, je me suis sentit vraiment, vraiment bien tout à l’heure. Je ne m’étais pas sentit ainsi depuis… depuis… je ne sais plus tant ca me semble loin. Ca m'a prit par surprise... Et ce que vous avez dit, avec vos cartes, j’avoue que je suis étonné…"

Il parut réfléchir un moment, il se retourna légèrement, derrière eux la fête continuait, mais plusieurs couples de danseurs s’étaient assis autour du feu, semblaient épuisés et pourtant bienheureux, sereins, toujours joyeux. La musique continuait, mais le rythme avait ralenti, les instruments avaient un peu diminué en nombre. Quelques enfants s’étaient assoupis sur les genoux d’adultes et paressaient tout aussi heureux dans leur monde de rêves que Florent devinaient tout aussi vivants que la vie devait l’être ici au sein d’une troupe de gitans, voyageurs libres de gestes comme de pensée.
Florent se retourna vers Zora, le même sourire aux lèvres, mais qui disparut lentement alors qu’il s’apprêtait à reprendre la parole.

"Vous avez dit vrai, Zora. Je suis herboriste, qu’herboriste, parce que j’ai jadis prit peur en constatant ce que la magie pouvait arriver à faire par mes mains. Et avec la guerre maintenant, je me demande si je ne devrais pas…si ma place n’est pas à l’étranger, dans les rangs des combattants. Je sais que je pourrais aider, je le sais, mais… Soudainement, il se releva, soupira. Il chercha des yeux son mulet. Je devrais peut-être partir, il se fait tard, vous devez avoir sommeil… je ne voudrais pas vous déranger. Je reprendrai mes vêtements et vous rendrez ceux-ci. Il s’approcha de Zora. Vraiment, je vous remercie, Zora… Je dois dire que cette fête n’avait rien des soirées ennuyantes qui se font chez les nobles, loin de ça même. Il jeta un coup d’œil aux alentours encore et enfin, il le vit. Le mulet dormait prêt d’une roulotte, il avait même prit la peine de se coucher par terre, ce qu’il faisait rarement. Florent se retourna vers Zora un petit sourire amusé aux lèvres. Je crois que mon mulet apprécie l’endroit, vraiment beaucoup… Il est étendu prêt d’une roulotte, il doit ronfler."

Comment allait-il repartir alors? Étrangement, Florent ne semblait pas s’en soucier. Tout à l’heure, s’était plutôt par cordialité qu’il avait annoncé son départ, il sembla qu’il avait oublié déjà. Mais soudainement, il ouvrit de grands yeux.

"Mes livres! J’avais laissé des livres dans l’un des compartiments de la selle et il va les écrabouiller!"

Il fit quelques pas en direction de la roulotte, mais s’arrêta presque aussitôt et retourna vers Zora, lui prit la main et reprit son chemin.

"Pardon, j’ai pas encore l’habitude…"

En chemin, il continua de parler.

"Ce sont des livres que j’ai prit chez moi. Enfin, chez mes parents, cette semaine, en fouillant dans le grenier. Je les ai pris dans un coffre qui appartenait à ma sœur et moi, ce sont des livres d’histoires, de contes et tout ça."

Ils passèrent un peu à l’écart des danseurs qui se faisaient moins nombreux, se faisant plutôt chanteurs, prêt du grand feu qui dansait au son des mélodies et rythmes et retentissaient toujours. Bien vite ils arrivèrent près du mulet, qui ne cilla pas, et furent d’ailleurs accueillis par ses puissants ronflements. Florent lâcha la main de Zora et s’accroupis prêt du dos de l’animal. Il défit l’attache sur le gros ventre qui s’élevait et s’abaissait et tira sur la selle, qui glissa sur le sol et se détacha du mulet. Florent sortit alors d’une poche de cuir un paquet de 3 gros livres liés ensemble par une sorte de ceinture. Leurs couvertures étaient épaisses, l’une était marine, l’autre rouge et l’autre brune. Mais quelle importance… Florent s’assit en tailleur dans l’herbe et défit l’attache des livres. Il les posa devant lui et parla doucement.

"Vous aimez les histoires, Zora? Moi j’adore. J’ai une bibliothèque chez moi, elle est remplie de romans. J’en ai autant, sinon plus, que des livres sur la magie. On vous en raconte des fois? Je vous imagine bien, tous assis autour d’un feu à écouter les récits de l’un et de l’autre… Et vous les voyageurs, c’est un peu comme si vous les viviez ces histoires d’aventures non…?"
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeMar 25 Sep - 23:50

Zora avait remarqué dès la fin de son long monologue , l’air troublé de Florent. Apparemment celui-ci avait été surpris par les dires de Zora, et elle en fut plutôt étonnée. Généralement, les gens a qui elle lisait l’avenir paraissaient certes songeur mais tout de même préparer a entendre leur futur et a mieux comprendre le passé ainsi que leur présent. Ce n’était pas le cas de Florent, du moins aux yeux de Zora. Là, le jeune homme semblait se redécouvrir, comme si sa vie n’avait été qu’une suite d’interrogation, de choix insolites auxquels il n’avait jamais réfléchi. Pourtant, l’herboriste n’avait pas l’air d’être une personne irréfléchie, vivant en suivant son instinct, mais a cet instant, en face de Zora, dans ses yeux se mélangeaient le doute, et la gitane pensa qu’il devait peut-être se demander si sa vie avait valu le coup, si toutes ces années n’avaient pas servies a rien. La jeune femme connaissait la réponse, bien évidemment, dans une vie tout servait, et son passé faisait de lui l’homme qui se trouvait en face d’elle, avec son tempérament et son caractère. Que serait Florent sans son passé? Peut-être joyeux, festif ou misanthrope ou fou, ou…Les possibilités étaient infinies mais qu’importe, le Florent en face d’elle était celui de la réalité, du présent, celui qu’elle lui avait énoncé quelques instants plus tôt. Florent se recroquevilla sur lui-même, comme le font les enfants, en position de foetus. Seulement, Florent n'était plus un enfant...
Elle sut qu'il changeait de place et récupéra ses cartes, lui laissant le temps d'avaler ce qu'elle lui avait dit. En effet la plupart des gens mettaient du temps a accepter leur vie, ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont et ce qu'ils seront. Leur ignorance venait du fait que savoir son futur ne signifiait pas le laisser couler jusqu'à ce que les choses nous tombent sur la tête. Non, il fallait se battre, faire que les choses changent car les cartes restaient mystérieuses. Une voie pouvait se trouvait etre la bonne, et après réflexion, les cartes vous dirigeaient vers une autre voie dont les signes lui ressemblaient. Les cartes ne se trompent jamais, mais elles aiment tromper les gens. Florent devait prendre garde, jouer avec le destin était un don que possédait seuls les gitans et ce pouvoir n'était pas contrôlé, loin de la.
Elle sentit le regard de Florent se braquer sur elle, du moins, elle en eut l'impression.

"Je n’en...Je n’arrive pas à lâcher prise, à… me laisser aller, à m’ abandonner comme vous le faites! Le truc c’est que, je me suis sentit vraiment, vraiment bien tout à l’heure. Je ne m’étais pas sentit ainsi depuis… depuis… je ne sais plus tant ca me semble loin. Ca m'a prit par surprise... Et ce que vous avez dit, avec vos cartes, j’avoue que je suis étonné…"

"Pourquoi ne pas vous laissez porter réellement. Vous dictez toujours vos fais et gestes, vous etes votre propre maître, et donc l'esclave de votre conscience. Laissez la se reposer cette fameuse confiance, vous n'avez pas besoin d'elle pour etre heureux, du moins, pas tout le temps. Laissez-vous guider par votre instinct. Vous n'auriez pas dû partir lorsque nous dansions, de plus vous dansiez bien sans parler que vous m' étiez Zed en rogne, rigola-t-elle. Il a horreur de n'etre pas au centre de l'attention."

"Vous avez dit vrai, Zora. Je suis herboriste, qu’herboriste, parce que j’ai jadis prit peur en constatant ce que la magie pouvait arriver à faire par mes mains. Et avec la guerre maintenant, je me demande si je ne devrais pas…si ma place n’est pas à l’étranger, dans les rangs des combattants. Je sais que je pourrais aider, je le sais, mais… Je devrais peut-être partir, il se fait tard, vous devez avoir sommeil… je ne voudrais pas vous déranger. Je reprendrai mes vêtements et vous rendrez ceux-ci. Vraiment, je vous remercie, Zora… Je dois dire que cette fête n’avait rien des soirées ennuyantes qui se font chez les nobles, loin de ça même. Je crois que mon mulet apprécie l’endroit, vraiment beaucoup… Il est étendu prêt d’une roulotte, il doit ronfler."

Zora attrapa le bras de Florent soudainement, et s'exclama:

"Ne partez pas! Cette exclamation parlait de deux choses. Inconsciemment, cette requête, presque devenue une supplication aux yeux de Zora, parlait de son départ du camp mais aussi de son départ pour l'armée. Il n'avait pas sa place la bas. S'il partait, il abandonnerait la forêt, et s'il abandonnait la forêt la flore mourait et la vie de toute forme d'humanité avec. Votre mulet désire rester, après tout, pourquoi ne pas l'écouter un peu. Il est épuisé, ne vous sousciez pas de quoi que ce soit ce soir, nous pouvons vous loger. Une place de plus ou de moins, nous ne sommes plus a sa près vous savez!"

"Mes livres! J’avais laissé des livres dans l’un des compartiments de la selle et il va les écrabouiller!"

Zora souffla silencieusement en l' entendant parler. Elle allait s'allonger, lorsqu'elle sentit une main vive la prendre et la relever d'un coup avant de l' entraîner. La jeune femme poussa un petit cris suprise et prete a se défendre mais elle s' aperçut bien vite que ce n'était que Florent.

"Pardon, j’ai pas encore l’habitude…"

Il avait failli lui arracher le bras. Niveau douceur, il avait des progrès a faire. N'osant pas se masser son poignet douleureux, elle lui suivit silencieusement.

"Ce sont des livres que j’ai prit chez moi. Enfin, chez mes parents, cette semaine, en fouillant dans le grenier. Je les ai pris dans un coffre qui appartenait à ma sœur et moi, ce sont des livres d’histoires, de contes et tout ça."

Tandis que Florent entrainait Zora près de son mulet, cette dernière songeait a sa vie d'avant. Lui parler de livre l'avait plongé dans le passé, la ou les livres pouvaient encore prétendre posséder une petite place. Voila une éternité qu'elle n'avait plus entendu un conte et encore moins lu un livre. Tout lui manquait, la texture rugueuse de papier, l'odeur des pages encore jamais ouvertes, la reliure, et le contenue. Heureusement qu'elle avait toujours été doté d'une grande imagination pouvant voler plus haut que les nuages ou descendre dans le coeur de la terre en un claquement de doigt, mais ce n'était pas comme un livre. Rencontrer les personnages, leurs émotions, s'attacher a eux. Elle se revoyait petite, lisant un livre. Le héros de l'histoire se trouvait en difficulté et elle tout en poursuivant sa lecture, priait pour que le héros parvienne a atteindre son but. A présent, elle n'avait plus d'attache, les livres avaient disparus dans un toru noir, celui de cécité. De tristesse et de rage, elle les avait enfermés dans un coffre, et ne les avais plus touché, bien qu'encore, souvent, elle pensait a ces merveilleuses histoires sans fin véritable.
Florent prit des livres, elle l'entendit, il les posa et lui demanda:

"Vous aimez les histoires, Zora? Moi j’adore. J’ai une bibliothèque chez moi, elle est remplie de romans. J’en ai autant, sinon plus, que des livres sur la magie. On vous en raconte des fois? Je vous imagine bien, tous assis autour d’un feu à écouter les récits de l’un et de l’autre… Et vous les voyageurs, c’est un peu comme si vous les viviez ces histoires d’aventures non…?"

Elle hésita, Florent ne se doutait pas que le sujet était dangereux, qu'a tout moment Zora pouvait partir en pleure. Bien qu'elle avait plus ou moins accepté le fait qu'elle serait sûrement aveugle toute sa vie, la jeune femme avait encore beaucoup de mal a parler de chose qu'autrefois elle pouvait faire si facilement. Lire était LE principal sujet qu'on évitait de parler en sa présence. La jeune femme se mordit la lèvre inferieur et répondit, le plus calmement possible:

"Lorsque je pouvais....J'adorais cela. Je suis une des rare lectrice dans les gitans, généralement nous transmettons nos contes et nos légendes ainsi que notre culture oralement. Rien n'est écrit, seulement moi j'ai voulu apprendre, les livres m'ont toujours fascinés. Pour les histoires autour du feu, c'est a peu près ça, mais généralement seuls les plus agés racontent, c'est une forme de respect. Ils ont vécu plus de choses que nous et a travers leur propre histoire nous dise ce qu'il faut ou ne pas faire, une morale, ils nous inculquent leur sagesse tout en nous racontant de belles histoires...Florent...Pourrais-je...Pourriez-vous, me lire une histoire, cela fait si longtemps...Depuis...Depuis que je suis aveugle, les livres n'ont plus de saveur..."


Une larme sortit de son oeil de lait et glissa le long de sa joue. Doucement, comme si elle approchait un cheval fou et en colère, elle posa une main sur un livre, hésita, puis glissa ses doigts le long de la couverture, comme pour se rappeler, se rappeler un passé oublié, mais dont sa mémoire souhaitait tant raviver la flemme. Il parlait de sa bibliothèque. Zora n'en avait jamais vu de sa vie. Elle connaissait le mot, mais a quoi donc pouvait ressembler une bibliothèque. Un endroit ou on entrepose des livres. Elle espérait pour le bien de Florent qu'il les rangeaient bien ses livres. Zora elle, n'avait que cinq livres, tous appartenaient a sa mère, et elle les connaissait tous par coeur. Elle se rappelait encore des histoires, des mots, de ses passages préférés. Elle prit le livre a deux mains, l'ouvrit lentement et sourit. Elle posa une main sur le papier, la ou le texte devait commencé et imagina la première lettre, plus grande que les autres, écrite joliment, avec un dessin peut-être. Pour une fois, elle enviait Florent, le jalousait. Il possédait une bibliothèque, et pouvait lire tout ses livres, il n'y avait aucune barrière entre lui et l'imaginaire...
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Florent Wurzel
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeDim 30 Sep - 4:40

L’instinct avait toujours apparu, aux yeux du jeune magicien, comme un concept difficile à saisir, flou, imprécis, sans doute cela expliquait-il son goût pointu pour l’ordre et la mesure. La magie? Oui, mais sans exagérations. Les sentiments? Pareil. Florent ne se laissait pas aller aux émotions qu’il ressentait, il les arrêtait avant et elles restaient prises à l’étape de l’analyse, de l’identification, et mourraient, perdant toute leur saveur et ce qui fait d’elles des émotions, des choses que l’on ressent, que l’on ne nomme pas en les vivant, ou alors vivre ne voulait plus rien dire.
Zed, le gitan qui dansait si bien, qui faisait naître les sourires, qui avait un de ces sourires à voler le cœur des demoiselles sans doute, l’ami de Zora… Lui avait-il volé son cœur, à elle aussi? Florent se vit gêné de se surprendre à s’interroger ainsi et chassa l’idée de son esprit aussitôt, tentant de se convaincre que la réponse ne l’intéressait pas, et qu’il n’avait pas à la connaître.

Le geste de Zora le prit par surprise. Pourquoi ce ton alarmiste tout d’un coup? Peut-être tenait-elle vraiment à ce qu’il reste au camp, après tout, peut-être était-ce par gentillesse, par… amitié…? Et pas simplement en guise de remerciement pour l’avoir ramenée, et amener là-haut, dans ses jardins secrets. Florent eut un timide sourire au coin des lèvres lorsque la gitane ajouta qu’il pouvait même être hébergé pour la nuit. Découcher… Voilà une activité qu’il n’avait que très rarement faite, et puis la plupart du temps, c’était pour veiller dans les champs avec ses fleurs et ses arbres, que Florent ne dormait pas chez lui au fin fond de son terrier, là sous la terre, loin de tout. La pensée de ses livres le sauva, lui qui ne savait que répondre à cette invitation.

Les voici à présent tous deux, assis dans l’herbe près d’un mulet endormi, avec entre eux des milliers de mots pour combler le vide, remplir l’atmosphère d’histoires merveilleuses, effrayantes, mystérieuses, joyeuses, tristes… Des histoires, ces trois livres en couvraient de toutes sortes et de nombreuses.
En attendant Zora qui ne répondait pas si vite qu’il avait crut qu’elle le ferait, Florent, légèrement intrigué et inquiet, tourna la tête vers elle et attendit, patient, et un peu mal. Il n’avait pensé que peut-être… que peut-être ce sujet était délicat à aborder, avec la gitane aveugle, elle qui ne pouvait lire… Sans qu’il ne le veuille, une portion de l’esprit de Florent, en voyant la gitane ainsi malheureuse, se mit à réfléchir et à fouiller la bibliothèque mentale du jeune homme, et ce dans le but d’y trouver quoi? Il ne le savait vraiment, en fait… Une solution, une façon d’aider Zora à retrouver la lecture. Il était bien placé pour comprendre à quel point le simple fait de lire pouvait changer la vie, la nourrir et nourrir le lecteur. Ne plus pouvoir lire, cela serait le cauchemar de Florent, peut-être même le pire.
Attentif, laissant ses réflexions de côté, il écouta Zora, calme et patient, désormais conscient d’avoir touché un sujet sensible.
C’était injuste, pourquoi elle, la gitane qui savait aimer les livres, pourquoi lui enlever la vue, à elle? Comme c’était bête… Et fâcheux. Les méninges de Florent se remirent illico presto en marche, encore une fois sans qu’il n’ait à y penser, ils triaient, sélectionnaient des informations qui pourraient servir, calculaient, raisonnaient, etc. Cependant, il y eut un temps avant que le magicien ne réagissent aux paroles de Zora, n’ayant point assimilé véritablement les dernières paroles de la jeune femme. Il parut surpris en prenant conscience de la demande que lui avait faite la gitane. Lui, raconter une histoire?

La simple idée de raconter une histoire à quelqu’un d’autre que lui-même ne lui était jamais venue à l’idée… C’était les parents, les grands-parents, qui lui avaient raconté des histoires, jusqu’à ce qu’il sache les découvrir seul, avec ses yeux et non ses oreilles. Mais il faut avouer que la voix de sa grand-mère lui manquait, alors qu’elle leur racontait, à lui et Flora, des contes fantastiques, des histoires incroyables qui avaient fait rêver les deux jumeaux pendant des jours et des jours et des années, puis, Flora avait décidé de partir à l’aventure et de les vivres, ces histoires merveilleuses, tandis que Florent lui, en avait voulut plus , et plus encore, et n’avait jamais arrêté de s’en nourrir, de ses récits sur les pages.

Il jeta un coup d’œil à Zora, il n’avait point vu la larme, mais elle avait laissé une trace, fine, presque entièrement effacée, mais visible aux yeux du jeune homme, du magicien. Il tenta un mince sourire et se pencha vers la jeune femme pour voir sur quelle histoire elle avait mit le doigt. Ses yeux parcoururent rapidement la page, Florent connaissait bien cette histoire, il l’aimait beaucoup, même. Son regard se porta ensuite lentement sur le visage de la gitane. Son sourire en était à présent un vrai, quoique discret, il la regarda ainsi en silence un court moment, puis se redressa comme avant.

"Très bon choix…" affirma en un murmure Florent.

Doucement ses mains se posèrent sur celles de Zora et il glissa le livre hors de sa poigne, le prit entre ses mains à lui et posa le gros livre sur ses genoux. D’une voix douce, d’un ton simple, Florent raconta l’histoire, comme il se les racontait, petit, le soir venu, installé contre le rebord de la fenêtre de sa chambre, au clair de lune.

"Le pays des fées.

Il fut un temps, racontait la vieille femme dont les cheveux avaient la couleur de la neige et dont les yeux rappelaient la couleur du ciel d’hiver, où les fées côtoyaient les hommes comme les étoiles côtoient la lune. En cette époque, nos amis les fées s’étaient faites grandes afin de pouvoir regarder leurs compères humains dans les yeux et leur parler en égal, en frère, en sœur, en ami. C’était dans les forêts, que l’on les retrouvait, là-haut dans les arbres elles construisaient leurs jolies maisons faites de tissus si doux qu’on aurait dit de géants pétales de fleurs. Les forêts, en ce temps de paix, étaient magnifiquement colorées. Les fées visitaient les hommes dans leurs villages, les hommes visitaient les fées dans leurs forêts.

Hélas, le jour vint où les villages devinrent de plus en plus nombreux et se transformèrent bien vite en cités, car les hommes, avides de pouvoir, s’appropriaient les terres, les champs et un jour, les forêts, brisant du coup l’entente qui régnait entre les fées et eux-mêmes, celle qui assurait un juste échange entre les deux peuples. Les fées, en échange du portion des récoltes des hommes, leur donnait du bois pour construire leurs maisons et, le jour où l’entente fut brisée, des arbres furent coupés, des centaines et des centaines d’arbres déracinés, traînés sur les routes bâties par les hommes qui, apportant ces centenaires dans leurs cités, volaient une portion de l’âme de la forêt, tuaient la forêt.
Les fées parlaient aux hommes, ils étaient sourds. Les fées suppliaient les hommes, ils étaient de glace. Les fées rapetissèrent, car invisibles aux yeux de leurs frères humains, et elles rapetissèrent de plus en plus, jusqu’à se retrouver toutes petites, si petites que les hommes les oublièrent complètement.
Perchées au haut des arbres épargnés, elles observaient les hommes, tristes de les voir ainsi aveuglés, perdus dans une forêt maléfique qu’ils agrandissaient constamment avec leurs grandes maisons et leurs bâtiments d’or et de diamants.

Puis, un jour, les fées eurent une idée. Puisque les hommes ne savaient plus les reconnaître, elles disparaîtraient de leur réalité, sans pourtant véritablement disparaître… Elles deviendraient des fleurs, de toutes les couleurs, de toutes les formes, de toutes les odeurs, elles porteraient sur leurs petites têtes les pétales des fleurs et leurs ailes, translucides, n’apparaîtraient plus qu’à travers les premiers rayons du soleil, ainsi l’on croirait à quelques gouttes laissées par la pluie sur les herbes et les fleurs et les feuilles, mais en vérité, ce serait les fées, là, tout près et pourtant si loin. Et lorsque le soleil se lèverait haut dans le ciel, alors on ne les verrait plus.

Ainsi parlait la vielle dame en se berçant dans sa chaise, ainsi disait-elle que le pays des fées, était et serait toujours le pays des hommes, mais que seul les cœurs purs sauraient marcher sur les terres des fées, et les voir, elles qui, curieuses, nous observent constamment. Perchées sur les branches des arbres, assises sur une tige d’herbe, étendues dans les pétales d’une fleur, elles sont tout près, et en prêtant l’oreille, les bonnes âmes perçoivent encore aujourd’hui, si bien attentives, leurs rires portés par les vents."


Florent garda le silence un moment, songeant à ces fées qu’en sa jeunesse il avait jadis crut entendre murmurer, lorsque étendu dans les champs, sur le point de s’endormir. Il n’avait jamais sut s’il avait rêvé ou pas… Et pourtant, malgré son sens de la réalité bien sérieux et terre-à-terre, il lui arrivait encore aujourd’hui de prêter l’oreille, espérant attraper au vol l’un de ces ricanements féériques…

"Hi hi hi!"

Il écarquilla les yeux, regarda Zora, avait-elle entendu!? Il prêta l’oreille, le rire était venu de la forêt derrière eux.

"Hi hi!"

Était-ce possible qu’il s’agisse de… de fées? Absorbé, Florent se pencha vers la forêt assombrie par la nuit, son livre reposé parterre, approchant son visage des arbres, se rapprochant du sol, comme s’il allait ramper puis, soudainement, deux grands yeux lui apparurent en plein visage, à quelques centimètres de lui à peine! De grands yeux pétillants de malice, remplis de rire, puis d’autres encore apparurent. Du coup, Florent recula vite fait, prit par surprise.
Des enfants. Ils lui avaient fait peur et en semblaient bien amusés. Le jeune homme avait reprit son livre et l’avait plaqué contre lui d’une main sur le coup. À présent, il paraissait embarrassé. Il y avait vraiment crut… Il eut un timide regard en coin vers Zora.

"Je croyais que…Enfin que…qu’il y avait… peut-être bien… des fées… peut-être…"

Alors qu’il marmonnait de façon à peine audible, un enfant le coupa. Un gamin aux cheveux dressés sur sa tête, aussi noirs que ses yeux. Les bras croisés, il prit la parole, ignorant Florent, s’adressant à Zora. Il lui manquait l’une de ses dents à l’avant, mais ca ne l’empêchait en rien d’afficher un fier sourire.

"L’était pas mal, l’histoire de vot’ ami, mam’zelle Zora! Vous y croyez vous? En tous cas, lui, il y croit hein! Hahahahahaha… Fit joyeusement le gamin en semant le rire chez ses compagnons. Il s’interrompit et bailla bruyamment. Le dernier arrivé au feu sent le camus!"

Sur ce il partit à courir, sautant par-dessus le mulet endormi et passant entre Zora et Florent, qui s’écarta sur son passage, ainsi que sur celui des deux autres qui suivirent leur ami au pas de course. Florent, encore un peu sous le choc de cette subite apparition, avait les yeux rivés à la forêt, son livre toujours serré contre lui.

"J’avais vraiment cru… entendre… Il secoua légèrement sa tête, comme pour chasser ces idées de sa tête. Enfin, ce n’était que des gamins..."
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MessageSujet: Re: tête de mule et impromptue   tête de mule et impromptue Icon_minitimeMar 13 Nov - 22:22

[J'AI HONTE... [size=9:8343]deux petits minuscules, ridicules, méchants, rapides mois[/size]...Les excuses sont recommandées dans ces moments.]

Ressortir. Aucune sortie. Ce gouffre infini qui vous emporte dans les ténèbres. Nonobstant les affres qui accaparaient son esprit, la rendant absente, inexistante a ses propres yeux, tentant en vain de trouver la clé qui la délivrerait de cette prison de lait. En effet qu'elle douce ironie, ses yeux, aveugles, d'une pureté indescente, pour elle, n'était qu'une prison dorée, qui peu à peu, l'éloignait de toutes pensées cohérentes...et pire....de Florent. Elle se sentait partir, et songea que cela devait faire le même effet aux morts. Disparaissaient-ils comme elle? Elle se sentait légère, comme une bulle, une bulle de savon, que sitôt qu'elle se serait éloignée, aurait éclaté. Éclaterait-elle? Sans doute, mais seulement son esprit. Elle imaginait parfaitement bien les fragments de ses pensées s'éparpiller, tels des oiseaux affolés. Florent ne l'aidait pas, inconscient des tourments qui rongeaient sa compagne, il semblait avoir disparu, plus aucun bruit, les sens de Zora ne la servait plus. Etait-il toujours auprès d'elle? Du moins physiquement...
Elle, cherchait. Qu'est ce qui provoquait ce malaise en elle. Si blessant et pourtant ne paraissant être qu'imaginaire. Sa jalousie pour Florent l'avait elle rendu folle? Ce sentiment ne pouvait pas aller aussi loin, ce qui la rassura légèrement. Pour revenir auprès des simples humains, elle trouva un point, une idée qui parvint a l'arracher de sa prison. Elle venait de trouver la clé. Elle désirait entre la voix de Florent, grave, chaleureuse malgré lui et douce. Une voix rassurante en somme. Une voix qui devait bercer. Peu à peu elle revint a elle, avec l'espoir fou d'entendre cette voix, raconter une histoire ancestrale, qu'elle écouterait avec la plus grande attention. Ses sens revinrent. Sa bouche s'entrouvrit comme si pendant cette emmurement elle avait manqué d'air. Elle respira longtemps, a plein poumon, tache qu'il y a quelques minutes elle aurait été incapable d'effectuer. Elle se rendit compte a quel point sa cécité lui avait fait mal. Elle ne s'en était jamais vraiment aperçue auparavant, essayant de vivre avec, comme tous les problèmes qui viennent bousculer notre existence, mais des choses indispensables lui avaient manqué, et a présent, alors qu'elle s'en rendait compte, elle souffrait, doutant de connaître un jour véritablement la paix qu'une simple lecture lui avait donné dans sa vie passée.

Un très bon choix. Florent la rassura. Elle n'était pas revenue dans le monde des vivants pour rien, sinon il aurait eu mille tourments, foi de tzigane! Elle attendit avec impatience le début, les oreilles grandes ouvertes, les yeux fermés, comme pour mieux se concentrer bien que cela ne servait a rien, le visage légèrement tendu vers l'orateur, laissant Florent prendre le livre, bien qu'elle adorait le tenir tout contre elle. L'histoire a la fois, belle et triste, plongea Zora dans un ancien temps. Jadis, lorsque les fées existaient, comment ne pas en douter. Et ne pas croire en elles, était un crime! Elle retint ses larmes, et se jura de ne jamais oublier les fées, ni cette histoire. Comme une promesse non faite a elle même mais au monde entier, elle ouvrit les yeux et les posa sur le conteur. Elle aurait aimé déchiffrer ses pensées et savoir ce qu'il faisait. Reflechissait-il a l'histoire? Ou peut-être a son envie de partir. Elle soupira mais fut immédiatement couper par des rires légers, enfantins, comme l'auraient été ceux d'une fée...

Zora entendit un bref mouvement, légé, elle l'identifia comme étant la chevelure de Florent qui suivait le rythme de de sa tête, trop rapide pour une personne "anormale".

"Hi hi hi!"

...

"Hi hi!"

Zora retint un rire, laissant Florent dans son rêve. Elle était sur qu'a présent il recherchait les fées, cachées dans une de ses poches ou dans les herbes qui les entouraient. Il n'était pas ridicule mais enfantin. Comment pouvait-il bien croire que ces rires venaient de ses histoires. Cela aurait été merveilleux, mais irréel...Ne dit-on pas que rien est impossible a Ingary? Zora s'en voulut d'en douter. Bien entendu elle avait reconnu ces rires, ceux des enfants. Mais tous le monde sait que les enfants sont les fils et les filles des fées...Florent apparemment ne connaissait pas cette légende là, venue des gitans, fier peuple qui considérait les leurs comme le plus précieux des biens. Les enfants s'étaient joués de Florent et en beauté qui semblait recherchait toujours autour d'eux ces rires. Cette fois lorsqu'elle sentit leur présence elle ne peut retenir un véritable éclat de rire, convenant plutôt bien avec la situation: après les rires cristallins des enfants, voila le sien qui aurait complété les rires de la légende.

"Je croyais que…Enfin que…qu’il y avait… peut-être bien… des fées… peut-être…"

"L’était pas mal, l’histoire de vot’ ami, mam’zelle Zora! Vous y croyez vous? En tous cas, lui, il y croit hein! Hahahahahaha… "

"N'oublie pas nos légende petit monstre...Allez vous coucher, je protegerais notre invité de ces jolies fées, il risque d'être véritablement ensorcelé!"

"Le dernier arrivé au feu sent le camus!"

"J’avais vraiment cru… entendre… Enfin, ce n’était que des gamins..."

"Les gamins en question chez nous...sont les enfants des fées...En quelque sorte vous ne vous étiez pas vraiment trompé...Si ça peut vous rassurez... venez je vais vous montrer un petit truc..."

S'il avait eu son mot a dire, il n'aurait pu avoir le temps de s'exprimer, Zora se revela, chancela légèrement, trouva son équilibre, récupéra d'une mère autoritaire celle de son ami, l'aide a se relever et le conduisit d'un pas ferme vers sa tante, qu'elle avait entendu quelques instants plus tôt hurler contre Zed. Pas étonnant. Soudain, se rappelant de ce qui aurait pu sembler etre une bricole, elle se tourna vers Florent et murmura:

"Au fait merci pour l'histoire, elle était pas mal."

Comment exprimer ses faiblesse? Elle était humaine, et aussi fière que pouvait l'être une personne de sa condition. Elle fit un rictus, agacée par son propre comportement, grimace, que ne vit pas l'herboriste. Cette l'histoire l'avait trop touchée, faisant ressurgir des moments qu'elle n'aurait pas dû oublier. Il était mal habile de d'être ainsi vis à vis du jeune homme, et elle espéra etre bonne comédienne, le tromper. Elle se moquait d'elle, au fond, les autres se confiait elle, elle les aidait, mais ses problèmes a elle ne concernait qu'elle. Comment lui expliquer qu'elle aurait voulu voir ces fées, voir tout ce qu'il pouvait voir, lire ce qu'il apprenait. Lorsqu'elle fut devant sa tante et son ami qu'elle devinait a ses cotés, elle s'exclama:

"Zed. Se tournant vers lui, lorsqu'elle entendit un crissement de gravier signe qu'il se trouvait a sa droite. Ou se trouve mes outils?"

"Pourquoi, tu veux faire quoi? Silence...Un ange passe....Un second...Dans le chapiteau...On a instalé le matériel ce matin. Tu veux que je t'aide?"

Sans une parole de plus, elle accessit d'un bref mouvement de tête, et reprit sa route, dirigeant Florent loin du bruit des chants des gitans. lorsque le chapiteau apparu, majestueux, déployant autant de magnificence que de pittoresque, elle ne dit mot, laissant Florent admirer ce qu'elle avait si souvent contempler. Le guidant vers l'entrée, elle s'imagina ce qui se présentait aux yeux de son ami. Des gradins de bois, un sol sableux, des fils, des cordes, des balles de jonglages, des nez de clowns éparpillés un peu partout sur les lieux.

"Voilà mon jardin secret...J'avoue qu'il est particulier...."

Au milieux, légèrement éclairé par la lune, vu que le chapiteau était ouvert au centre, une toute poutre les attendait. Lâchant la main de Florent, elle s'approcha et chercha a taton, l'objet sur lequel elle avait passé sans doute le plus de temps durant sa courte vie. Elle la prit des deux mains, poussa sur ses bras qui semblaient de pouvoir porter aucun poids, même le sien, aussi peu élevé soit-il. Pourtant, elle s'éleva légère, se tournant elle s'assit dessus et tapota le cuire, signalant a FLorent qu'il était le bienvenue dans son entre. Elle sourit:

"Apprendre a voler...Vous aimeriez?"

Sa voix résonna dans le cirque, comme une envolé d'oiseaux
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